Question de M. RALITE Jack (Seine-Saint-Denis - CRC) publiée le 07/02/1997
Question posée en séance publique le 06/02/1997
M. le président. La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
A Toulon, un maire Front national s'acharne à détruire trente-deux ans d'histoire culturelle sur la danse et la pensée que
symbolisent le centre de Châteauvallon et son directeur-fondateur, Gérard Paquet, licencié honteusement ces derniers
jours.
Face à cette attaque insolente et dominatrice, il faut animer une insurrection pluraliste de la liberté.
Beaucoup en sont déjà, à Toulon et dans le Var. Des artistes y sont engagés. Lors du tour de France des états généraux
de la culture, 4 000 d'entre eux se sont associés à ce sursaut éthique. Le ministre de la culture est présent et agissant. Les
présidents du conseil général et du conseil régional aussi.
Le 13 février, à huit heures trente, un rassemblement de colère solidaire aura lieu devant le tribunal de Toulon, où le maire
veut obtenir la dissolution du centre et effacer ainsi la trace culturelle d'un lieu magnifique, original et créateur.
Je devrais être satisfait de ce mouvement, qui grandit avec l'option intraitable de Châteauvallon.
Pourtant, une évidence éclate, qui a encouragé, et jour après jour conforte le maire de Toulon, le préfet du Var participe à
la déstabilisation destructive de Châteauvallon, intervenant en justice et au conseil d'administration du centre, en
contradiction avec le ministre de la culture. Le 13 février, par exemple, au tribunal de Toulon, il agira côte à côte avec le
maire.
Alors, je pose la question : où est l'Etat ? Avec les libertés, Châteauvallon, le ministre de la culture, ou avec la destruction
de Châteauvallon et le maire de Toulon ?
Monsieur le Premier ministre, vous avez fait des déclarations claires sur le Front national. Comment se peut-il qu'un préfet
fasse l'inverse et que vous soyez habité - permettez-moi l'expression - par une sorte d'« impuissance démissionnaire » ?
Le préfet du Var, qui a par ailleurs du travail, dans lequel il excelle, m'a-t-on dit, doit être démis. Ce ne serait pas la
première fois, mais ce serait l'affirmation de l'autorité de la République.
Pour ma part, je demeure au côté du veilleur de Châteauvallon, Gérard Paquet, et du centre, parce que j'ai droit et
devoir, avec le monde de la culture et des arts, et plus généralement avec les citoyens, de secouer ce lieu de France d'un
acte de malfaisance perpétré par un maire Front national et, malheureusement, par un préfet.
Nous sommes, le ministre de la culture est et le Gouvernement doit être, selon la belle image de René Char, « à l'heure
exacte de la conscience ».(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, sur les
travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Mme Hélène Luc. Très bien !
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Réponse du ministère : Culture publiée le 07/02/1997
Réponse apportée en séance publique le 06/02/1997
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Philippe Douste-Blazy, ministre de la culture. Monsieur le sénateur, depuis plus de trente ans, le Théâtre national
de la danse et de l'image et son directeur-fondateur, M. Gérard Paquet, ont fait de Châteauvallon un des pôles
d'excellence de la culture de ce pays.
J'ai rencontré hier après-midi M. Jean-Claude Gaudin, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et M. Hubert
Falco, président du conseil général du Var, et nous nous sommes engagés à maintenir la tradition culturelle de
Châteauvallon, conformément aux valeurs qui nous inspirent. Nous n'accepterons aucun projet culturel qui ne soit
conforme à l'esprit qui anime le Théâtre national de la danse et de l'image de Châteauvallon.
Dans l'hypothèse d'une dissolution de l'association, que vous avez évoquée, MM. Jean-Claude Gaudin, Hubert Falco et
René Arnoux, maire d'Ollioules, que je voudrais saluer ici, se sont associés à moi pour confirmer que le domaine de
Châteauvallon ne saurait être utilisé à une autre fin que celle à laquelle il a été destiné depuis l'origine.
S'il le faut, monsieur Ralite, nous sommes prêts à mettre sur pied une nouvelle structure, dont la destination sera similaire à
celle de l'association actuelle et dont la situation permettra d'affirmer notre volonté commune d'assurer et de promouvoir
une culture libre, ouverte et rayonnante. Ce lieu pourra être sis dans le département du Var, et même sur le territoire de la
ville de Toulon. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et du
RPR, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
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