Question de Mme BIDARD-REYDET Danielle (Seine-Saint-Denis - CRC) publiée le 28/11/1996

Mme Danielle Bidard-Reydet attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation extrêmement préoccupante du Soudan. La guerre civile qui sévit au Soudan a déjà fait des milliers de morts, près de 4 millions et demi de personnes déplacées ou réfugiées. Des dizaines de milliers de femmes et d'enfants ont été réduits à l'esclavage. La France a voté au sein de l'Union européenne et de la commission paritaire UE/ACP l'exclusion du Soudan des accords de Lomé et l'embargo sur les armes. Elle a voté à plusieurs reprises la condamnation du régime soudanais à la commission des Nations Unies pour les droits de l'homme. Elle a également voté au Conseil de sécurité des Nations Unies des sanctions contre le Soudan pour son action terroriste. Or un avis du 23 mai 1996 émanant de la Commission nationale consultative des droits de l'homme a ému l'opinion publique. Celle-ci révèle en effet que la France soutiendrait la politique du gouvernement soudanais par des aides militaires, policières et diplomatiques. Elle lui demande qu'il fasse toute la lumière sur la position de la France vis-à-vis du Soudan, qui ne pourrait être un soutien, quel qu'il soit, à un régime intégriste bafouant les libertés fondamentales.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 26/12/1996

Réponse. - La politique de la France à l'égard du Soudan a toujours fait l'objet d'une attention soutenue. Dès le coup d'Etat militaire de juin 1989 qui a confirmé l'orientation islamiste du pouvoir, la France a suspendu son aide publique au développement. Elle ne dispense aujourd'hui qu'une assistance humanitaire en faveur des populations civiles durement éprouvées par la guerre qui sévit entre le Nord arabo-musulman et le Sud peuplé de populations chrétiennes ou animistes. Cette politique s'inscrit notamment dans le cadre des décisions prises par l'Union européenne. La déclaration commune du 21 février 1994 a posé ainsi le principe de l'établissement d'un dialogue " franc " avec les autorités soudanaises sur " tous les points politiques et humanitaires " préoccupant la communauté internationale, et a décidé parallèlement la poursuite des contacts " avec les factions du Sud ". L'action menée dans ce cadre, notamment en ce qui concerne les droits de l'homme, a permis d'obtenir que soit levée l'interdiction de séjour au Soudan du rapporteur spécial de la commission des Nations unies pour les droits de l'homme. M. Gaspar Biro s'est ainsi rendu dans ce pays fin juillet 1996. Par ailleurs, la délégation française coparraine chaque année la résolution condamnant les violations des droits de l'homme au Soudan. De même, la France respecte strictement la décision d'embargo sur l'exportation d'armes à destination du Soudan que le Conseil de l'Union européenne a prise le 15 mars 1994 alors que les populations civiles étaient victimes de combats qui avaient redoublé d'ampleur. La France a voté en janvier, avril et août 1996 les résolutions du conseil de sécurité qui ont enjoint au Soudan de livrer trois des auteurs présumés de l'attentat commis le 29 juin 1995 à Addis Abeba contre le président Moubarak. Elle a mis en oeuvre les sanctions qui ont été adoptées en conséquence à l'encontre du Soudan. Dans ces conditions, l'on ne peut qu'être surpris de voir que, sous couvert d'une " campagne européenne de solidarité avec le peuple soudanais ", des allégations sont répandues sur un prétendu soutien militaire, policier et diplomatique de la France au régime de Khartoum, dont la Commission nationale consultative des droits de l'homme se serait émue dans son avis du 23 mai 1996. Le texte en question ne critique nullement le gouvernement français ; il se borne à appeler son attention sur un certain nombre de points qui constituent déjà les grandes lignes de l'attitude de la France et de ses partenaires européens au regard du Soudan.

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