Question de M. CARLE Jean-Claude (Haute-Savoie - RI) publiée le 08/11/1996

Question posée en séance publique le 07/11/1996

M. le président. La parole et à M. Carle.
M. Jean-Claude Carle. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.
Monsieur le ministre, notre pays est parmi ceux qui font le plus d'efforts pour l'éducation et la formation des jeunes,
puisque nous y consacrons 9 700 francs par an et par habitant. Nous disposons, d'ailleurs, du meilleur système éducatif
au monde.
Cela étant, les résultats ne sont pas à la mesure des efforts conjugués de la communauté éducative, de l'Etat, des
collectivités et des professions. C'est, en effet, en France que les étudiants prolongent le plus leurs études, que l'on
compte le plus grand nombre de grandes écoles, mais c'est aussi en France que le chômage des jeunes est le plus élevé.
Cette situation n'est pas seulement conjoncturelle, elle est aussi structurelle ; nous sommes dans une logique fondée
essentiellement sur l'offre de formation. Elle est aussi et surtout un véritable problème de société.
En effet, un jeune sur trois veut aujourd'hui faire carrière dans l'enseignement ou la fonction publique. Cela montre la
bonne image que nos jeunes ont de ces secteurs. En revanche, cet engouement très important pour la fonction publique
nous préoccupe car, dans le même temps, seulement un jeune sur quinze souhaite faire carrière dans le monde industriel et
un sur vingt créer son entreprise.
Or, monsieur le ministre, existe-t-il une grande nation sans un secteur productif développé ? Il nous faut donc passer d'une
logique de moyens à une logique de besoins, et répondre simultanément tant aux besoins du jeune qu'à ceux de
l'économie.
Répondre seulement à la demande du jeune nous conduit aujourd'hui, à cause des effets de mode, à remplir les filières des
STAPS - sciences et techniques des activités physiques et sportives. Répondre seulement aux besoins immédiats et
totalement adéquationnistes des entreprises serait tout aussi dangereux.
La sélection n'est pas, il est vrai, notre culture. Mais n'est-il pas souhaitable d'aller vers une orientation sélective ? Je me
réjouis, monsieur le ministre, de votre volonté de faire de l'orientation une priorité nationale. L'orientation, l'information,
plus qu'un problème de logiciels, de documentation, c'est surtout un problème de relations humaines. Elle est d'abord le
rôle de la famille, puis celui de l'école, des professeurs, en particulier le professeur principal, des CIO - centres
d'information et d'orientation - du monde professionnel et des chambres consulaires.
La situation économique et budgétaire nous interdit toute inflation du nombre de postes et nous incite à développer des
actions de partenariat ou de proximité.
Monsieur le ministre, quelles sont donc les actions que vous comptez mettre en place ? Etes-vous prêt à soutenir et à
encourager des expériences locales autour des partenaires que je viens d'évoquer ? (Applaudissements sur les travées
des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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Réponse du ministère : Recherche publiée le 08/11/1996

Réponse apportée en séance publique le 07/11/1996

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François d'Aubert, secrétaire d'Etat à la recherche. Monsieur le sénateur, vous avez raison de souligner - vous
l'avez fait au début de votre propos - que notre système éducatif est le meilleur au monde, et que l'orientation doit être et
est une priorité nationale : c'est la décision du Gouvernement.
Mieux expliquer les filières scolaires, rapprocher l'école et l'université des besoins véritables de l'économie, ce sont là les
objectifs du ministre de l'éducation nationale. Il faut être honnête par rapport à ce que l'on entend parfois : le chômage des
jeunes, ce n'est pas l'éducation nationale qui le fabrique, c'est la crise économique, avec les difficultés que rencontrent les
entreprises.
Il faut rappeler - vous l'avez fait également, monsieur le sénateur - que le Gouvernement est opposé à l'instauration d'une
sélection à l'entrée de l'université. En effet, chaque bachelier a le droit de tenter sa chance. Tout en préservant la liberté
des choix de l'adolescent, notre politique d'orientation s'efforce toutefois de lui donner une vision concrète, réaliste et
positive des possibilités qui s'offrent à lui.
C'est pourquoi le ministre de l'éducation nationale a mis en place, dès cette année, une nouvelle politique d'orientation
scolaire. L'école a naturellement son rôle à jouer dans ce domaine, mais aussi, comme vous l'avez souligné, la famille et le
milieu social.
En ce qui concerne l'école, une familiarisation en une heure par semaine sera mise en place dès la classe de cinquième,
pour faire connaître aux enfants les métiers et les diverses formations ; en classe de seconde, cette démarche prendra un
tour nouveau, avec la mise en oeuvre d'une véitable formation à l'orientation. Pendant trois ans, jusqu'en terminale, les
lycéens s'interrogeront ainsi sur leurs choix universitaires ou leurs projets en matière de formation professionnelle.
Pour éviter les impasses, comme il s'en produit parfois - vous en avez cité quelques-unes, monsieur le sénateur - il faut
informer le mieux possible. Afin que les lycéens de terminale disposent tous d'une information claire et pratique, M.
François Bayrou a décidé, en 1996, la publication annuelle à 770 000 exemplaires et la diffusion à tous les lycéens d'un
document intitulé Après le bac, mais qui est à lire avant le bac. (Sourires.)
Dans le cadre de la réforme de l'université, l'année universitaire sera désormais organisée en semestres. A l'issue du
semestre initial, qui est un temps d'initiation à l'université et à ses méthodes, l'étudiant pourra se réorienter. L'orientation
doit être, en fait, l'interrogation première des jeunes lorsqu'ils choisissent un parcours en fonction des études et non des
débouchés qui les intéressent.
M. le président. Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous signale que vous intervenez déjà depuis trois minutes.
Pourriez-vous conclure ?
M. François d'Aubert, secrétaire d'Etat. Je termine, monsieur le président.
Il faut montrer aux jeunes que leurs aspirations ont la même dignité. Le ministre de l'éducation nationale souhaite que les
jeunes découvrent le plus tôt possible - et j'ai cru percevoir cette préoccupation à travers votre question, monsieur Carle -
la vie de l'entreprise. J'en ai terminé, monsieur le président. (Applaudissements sur les travées des Républicains et
Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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