Question de M. MAHÉAS Jacques (Seine-Saint-Denis - SOC) publiée le 18/07/1996
M. Jacques Mahéas alerte M. le ministre du travail et des affaires sociales sur la décision de la direction de l'entreprise Roussel-Uclaf d'abandonner la mise au point d'un médicament - la molécule RU 58 668 - prometteur pour le traitement du cancer au sein, et dont l'efficacité potentielle est démontrée par toutes les études. Cette décision prise au mom du critère de la rentabilité financière à court terme risque d'avoir des conséquences dramatiques pour la Seine-Saint-Denis. Non seulement la Seine-Saint-Denis est un des départements les plus touchés par le cancer au sein, mais les laboratoires Roussel-Uclaf représentent une activité vitale pour les salariés Séquano-Dionysiens puisque c'est une des grandes entreprises du département. Au nom de la santé publique et des milliers de femmes qui savent que leur vie dépend de ces progrès thérapeutiques, il lui demande d'intervenir afin que la recherche sur la molécule RU 58 668 se poursuivre, et le remercie de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'il envisage de prendre pour que la direction de Roussel-Uclaf revienne sur sa décision.
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Réponse du ministère : Travail publiée le 14/11/1996
Réponse. - Il est précisé à l'honorable parlementaire que la molécule RU 58 668 figure dans le portefeuille de l'entreprise Roussel-Uclaf, dont les premières études laissent présager une éventuelle similitude d'action thérapeutique avec d'autres produits déjà connus et disponibles sur le marché. Toutefois ces études n'en sont qu'à un stade très précoce, qui ne permet nullement de prévoir ni l'efficacité, ni a fortiori les effets secondaires de cette molécule, puisque celle-ci n'a jamais encore été administrée à l'homme, et que les études de toxicologie elles-mêmes ne semblent pas encore terminées. Le cours normal de la recherche pharmaceutique est de travailler sur un grand nombre de molécules en fonction de cibles thérapeutiques, pour finalement, après plusieurs années de recherche et de développement, aboutir parfois à un médicament, tandis que la plupart des produits sont abandonnés en cours de recherche. Dans ce cas particulier, il revient à l'entreprise de déterminer les suites à donner et les investissements à conduire sur la molécule RU 58 668. Par rapport à de telles décisions, le ministre du travail et des affaires sociales tient néanmoins à préciser que les préoccupations du Gouvernement sont de deux natures. La première est d'offrir un cadre favorable au progrès thérapeutique, de sorte que tous bénéficient des innovations dans les meilleurs délais. De ce point de vue, le cas de la molécule citée ne pose aucune difficulté, puisqu'elle nécessitera dans un premier temps plusieurs années de travaux avant confirmation de son intérêt thérapeutique. Il s'inscrira ensuite dans la stratégie de l'entreprise de diffuser simultanément son produit sur les grands marchés mondiaux, parmi lesquels figure bien entendu la France. La seconde préoccupation du Gouvernement est de préserver et développer les capacités de recherche et de développement installées en France, afin que notre pays puisse figurer dans les premiers rangs mondiaux de l'innovation thérapeutique. De ce point de vue, il importe de nous assurer, au-delà de la gestion particulière de telle ou telle molécule au cours de son développement, de la volonté des entreprises de renforcer leurs activités dans ce domaine. A cet égard, il est à noter que la stratégie mondiale de l'entreprise Roussel-Uclaf, dans le cadre des vastes restructurations en cours dans l'industrie pharmaceutique, la conduit à renforcer encore le potentiel du centre de Romainville, qui figure dans son plan stratégique comme l'un des trois sites essentiels. Aussi bien, si la molécule RU 58 668 devait être développée dans un autre site, ce sont déjà plus de vingt sujets et autant de molécules qui sont actuellement au stade des recherches précliniques au site de Romainville, dont l'avenir se présente donc sous un jour très positif.
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