Question de M. ROUJAS Gérard (Haute-Garonne - SOC) publiée le 11/04/1996
M. Gérard Roujas tient à attirer l'attention de M. le ministre de l'industrie, de la poste et des télécommunications sur l'instabilité chronique que connaît l'industrie de la pâte à papier depuis ces dernières années. Cette instabilité est actuellement renforcée par une forte pression des Scandinaves, qui souhaitent rester les maîtres du jeu dans ce domaine. Cette nouvelle crise entraîne non seulement l'arrêt de certaines usines de pâte à papier, et notamment celle de Saint-Gaudens, mais encore met en péril bon nombre de sous-traitants fragilisés par la crise de 1992. Le Gouvernement entend-il prendre des mesures permettant, d'une part, d'aider les professionnels concernés à traverser la crise et, d'autre part, de réunir toutes les dispositions qui conforteront de façon durable l'ensemble de la filière bois ?
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Réponse du ministère : Industrie publiée le 06/06/1996
Réponse. - L'évolution du marché de la pâte à papier est marquée par des phénomènes cycliques importants. Traditionnellement, lorsque les cours de la pâte sont élevés et les profits des sociétés suffisants, les industriels investissent dans de nouvelles unités dont les capacités de production saturent brutalement le marché, entraînant une chute des cours jusqu'à ce qu'un nouvel équilibre entre l'offre et la demande s'établisse. Ce phénomène est à l'origine de la crise qu'a connue l'industrie de la pâte à papier en 1992 et 1993 et dont les effets ont été amplifiés, en France, par les dévaluations des monnaies finlandaises et suédoises, pays dont les productions sont les plus importantes en Europe, et par la faiblesse du dollar, monnaie dans laquelle sont effectuées les transactions. Après deux années de crise, le marché s'est assaini et les cours de la pâte se sont vivement appréciés depuis la fin de l'année 1993 pour atteindre, début novembre 1995, des sommets à 1 000 dollars la tonne. Pour beaucoup, cette envolée des cours était considérée comme trop rapide voire excessive mais nul ne pouvait prévoir qu'elle serait suivie, en quelques mois, d'un effrondrement brutal du marché. En moins de cinq mois, les cours officiels ont chuté de 40 à 50 p. 100. Cette nouvelle crise semble d'une nature différente des phénomènes cycliques traditionnels, les principaux producteurs américains ou scandinaves qui assurent respectivement quelque 55 p. 100 et 12 p. 100 des livraisons mondiales de pâtes n'ayant pas augmenté de façon significative leur capacité de production. En réalité, il semblerait que le marché ait été temporairement perturbé par la constitution, au début de l'année 1995, de stocks importants par les papetiers qui avaient craint de nouvelles hausses et anticipé une croissance de la consommation de papier. Cette tendance ne s'étant pas confirmée, un important mouvement de déstockage s'est ensuivi, entraînant une chute des commandes et des prix. Par ailleurs, de nouveaux intervenants sur le marché mondial, comme les Indonésiens en Asie du Sud-Est, se sont livrés à une véritable guerre commerciale avec les producteurs nord-américains ; les prix extrêmement bas offerts par ces nouveaux producteurs, bien que portant sur des quantités assez faibles, ont accéléré l'effondrement du marché. De l'avis général, la dépression actuelle devrait être de courte durée : les principaux intervenants ont considérablement réduit leur production, la plupart ont même refusé de livrer à des prix jugés trop bas. Si la fin de la crise est prévisible, une incertitude demeure quant au moment précis du retournement et au rythme auquel le redressement s'opérera. Le Gouvernement poursuit le programme de modernisation et d'amélioration de la compétitivité des industriels du bois qu'il a initiés à la suite de la crise de 1992-1993, avec en particulier un programme, intitulé " Compétitivité Plus ", mis en oeuvre à la fin de l'année 1994 par le ministère de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation en application d'une décision du comité interministériel de développement et d'aménagement rural.
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