Question de M. SIGNÉ René-Pierre (Nièvre - SOC) publiée le 08/02/1996
M. René-Pierre Signé appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation sur les inquiétudes de la Fédération française des commerçants de bestiaux de France et la Fédération nationale de l'industrie et des commerces en gros des viandes quant au devenir de la production typiquement française du veau de boucherie. Ils indiquent que le veau de boucherie à la française donne une viande tendre et claire vers l'âge de 4 à 5 mois. Ce veau constitue l'essentiel des 2 millions de têtes produites annuellement en France, fournissant environ 250 000 tonnes de viande de veau. Ce secteur d'activité représente également 20 000 emplois. En Europe, la France est de loin le premier producteur et consommateur de cette viande de veau. La conjoncture économique donne déjà un avantage aux veaux hollandais, dont le prix de revient est moins élevé et qui profitent de l'appellation veau alors qu'il s'agit plutôt d'un broutard, pour prendre petit à petit des parts de marché à la production française. A cette situation déjà difficile s'ajoutent les projets européens concernant les normes de logement et les méthodes d'alimentation : l'élevage en boxes individuels serait limité à 8 semaines, au-delà les veaux devant être élevés en cases collectives. Dans cette perspective, tous les bâtiments devront être modifiés au prix d'investissements que les producteurs éleveurs ne sont pas en mesure de supporter ; les veaux devraient, dès la deuxième semaine, recevoir des fourrages grossiers, qui en feront des ruminants donnant une viande rouge. Ces propositions, si elles devaient être adoptées, marquent la fin de la production de veau de lait à la française. La disparition de cette production, outre l'arrêt d'activité des éleveurs et des entreprises spécialisées dans cette filière, aurait pour conséquence de déséquilibrer gravement et durablement les marchés du lait et de la viande bovine au plan national et au plan européen : la poudre de lait consommée par les veaux de boucherie représente 6 points de quotas laitiers ; 2 millions de têtes de bovins supplémentaires élevés en jeunes bovins de 300 kilogrammes de carcasse représentent 600 000 tonnes de viande rouge supplémentaire. La FFCBF et la FNICGV lui ont fait part de leur souhait que le Gouvernement français défende l'élevage des veaux de boucherie auprès de la communauté européenne. Il lui demande de se pencher sur ce dossier.
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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 30/05/1996
Réponse. - Le projet de la Commission européenne de modification de la réglementation relative aux conditions d'élevage des veaux de boucherie constitue en effet une remise en cause de l'organisation économique de cette filière. En ce qui concerne l'alimentation, la fixation d'un taux minimal d'hémoglobine sanguine, liée à une complémentation en fourrages grossiers et à un abreuvement ad libitum, conduirait, d'après les premières analyses menées à modifier le type d'animal produit, ce qui ne serait pas sans conséquences sur le niveau de consommation. En ce qui concerne l'habitat, si l'on doit modifier les conditions actuelles d'élevage, il convient, pour fixer de nouveaux critères, de se fonder sur une approche scientifique incontestable réalisée par des experts de compétence internationale et reconnue. L'opinion publique est de plus en plus sensible aux argumentations développées par les organisations de protection des animaux. Dans ces conditions, il apparaît fondamental d'éviter une détérioration de l'image de la viande de veau auprès des consommateurs. Le gouvernement français a déposé un mémorandum où il interroge la Commission européenne de façon claire et précise sur l'impact économique des modifications envisagées par rapport aux conditions actuelles de production dans le secteur du veau de boucherie et maintiendra une position de fermeté sur ce dossier.
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