Question de M. BONY Marcel (Puy-de-Dôme - SOC) publiée le 01/02/1996

M. Marcel Bony attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la disparition d'un jeune enfant tibétain de six ans reconnu comme étant le Panchen Lama et sur les atteintes de plus en plus graves au droit du peuple tibétain à disposer de lui-même, y compris dans le libre exercice de sa culture et de sa religion. En effet, au terme des rituels religieux traditionnels du bouddhisme tibétain ; Sa Sainteté le Dalaï Lama avait reconnu, en mai dernier, le jeune enfant Gendhun Choekyi Nyima comme étant le successeur du Xe Panchen Lama, seconde autorité spirituelle du Tibet, décédé en 1989. L'enfant et sa famille avaient alors aussitôt disparu tandis que les autorités chinoises mettaient en oeuvre une procédure de désignation d'un autre candidat. Le 29 novembre dernier, un deuxième enfant de six ans vient d'être désigné par tirage au sort comme le successeur officiellement reconnu par les Chinois du Xe Panchen Lama. On peut penser que la communauté tibétaine dans son entier ne pourra jamais accepter sincèrement le candidat des Chinois. Ainsi au-delà de l'intervention de l'Etat chinois dans une procédure purement spirituelle, c'est tout l'avenir politique du Tibet qui est en jeu. Comme il le sait sans doute, au nom des 200 députés et sénateurs qui les composent, le groupe d'études parlementaires sur les problèmes du Tibet de l'Assemblée nationale et l'association des amitiés parlementaires pour le Tibet du Sénat ont décidé de parrainer l'enfant Gendhun Choekyi Nyima qui est devenu de facto le plus jeune prisonnier politique du monde. Des appels ont été adressés en conséquence aux plus hautes autorités de la République populaire de Chine afin que la sécurité et la liberté de mouvement de cet enfant et de sa famille soient garanties. Sans qu'il s'agisse de prendre partie dans un processus exclusivement religieux, il lui demande bien vouloir lui faire connaître les actions que le gouvernement français pourrait néanmoins entreprendre auprès des autorités chinoises et des instances internationales compétentes afin que la sécurité et la liberté de l'enfant Gendhun Choekyi Nyima et de sa famille soient assurées et que le peuple tibétain puisse bénéficier enfin du respect de ses droits fondamentaux et de la liberté religieuse.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 21/03/1996

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu attirer l'attention du ministre sur la situation de Gedhun Choekyi Nyima, que le dalaï-lama avait reconnu en mai dernier comme le successeur du Xe panchen-lama. Il a été pris bonne note de la décision de parrainage de ce jeune garçon tibétain, par le groupe d'études parlementaires sur les problèmes du Tibet et l'association des amitiés parlementaires pour le Tibet du Sénat. La France suit avec attention la situation des droits de l'homme en Chine, y compris au Tibet et souhaite que la liberté religieuse et la spécificité culturelle de cette région soient respectées par le gouverment chinois. La France agit également en concertation avec ses partenaires de l'Union européenne. Dans le cadre d'un dialogue spécifique sur les droits de l'homme que l'Union européenne entretient avec la Chine, le problème du Tibet a été abordé lors d'une session qui s'est tenue en janvier dernier à Pékin et les représentants de l'Union ont exprimé leur préoccupation sur le sort de ce jeune enfant tibétain. La France souhaite que s'établisse un dialogue constructif entre les autorités chinoises et le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains et prix Nobel de la paix, internationalement reconnu comme un interlocuteur pacifique et modéré.

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