Question de M. DÉSIRÉ Rodolphe (Martinique - RDSE) publiée le 24/08/1995
M. Rodolphe Désiré souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation sur la véritable guerre commerciale qui sévit sur le marché du melon et qui met dans une situation dramatique les planteurs de melons de la Martinique et de la Guadeloupe. Il lui rappelle qu'il a, à plusieurs reprises, exposé au Gouvernement, et notamment par ses questions écrites, ses vives inquiétudes quant aux risques que font courir le système de préférences généralisées (SPG) et les accords de Lomé aux marchés et la nécessaire diversification agricole des départements français d'Amérique. Ses inquiétudes se trouvent renforcées et confirmées, lorsqu'il constate les graves problèmes que rencontre aujourd'hui, face à l'importation massive en provenance de pays tiers, et notamment de Saint-Dominique, la production de melon des Antilles. En effet, en raison de cette concurrence, souvent déloyale, une forte diminution de la production de melons et une chute des cours du marché ont été enregistrés. Pour la brève saison écoulée en 1995, le prix moyen au kilo payé aux planteurs a baissé de plus de 25 p. 100, mettant en péril les unités de production dont les coûts restent encore élevés. Avec de telles conditions, la filière melons, qui emploie actuellement plus de mille personnes, risque de disparaître dès l'année prochaine. Cette situation rappelle d'ailleurs, malheureusement, la liquidation de la pêche crevettière de la Guyane. Il lui indique que la disparition de la filière melons aurait aussi des conséquences plus larges dans la mesure où elle hypothéquerait les efforts de diversification de l'agriculture des DOM, compte tenu du fait qu'elle tendrait à prouver que chaque fois qu'une production agricole, notamment fruitière et de contre-saison, se développe de manière rentable dans les DOM, elle se voit concurrencée mortellement par une production de pays sud-américains bénéficiant des accords de Lomé ou de concessions tarifaires favorables (SPG). Il lui demande les mesures qu'il compte prendre pour faire face à une telle situation, et s'il ne pense pas que devrait être envisagé, d'ores et déjà, un système de clauses de sauvegarde et d'aides compensatoires pour sauver le melon des Antilles.
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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 15/02/1996
Réponse. - Après des années durant lesquelles la commercialisation des melons antillais s'est déroulée de manière satisfaisante en période de contre-saison (de décembre à mai), cette culture subit depuis deux ans la concurrence de certains pays ACP et d'Amérique latine. Ces difficultés n'ont pas échappé aux différentes administrations intéressées et à l'ODEADOM (office de développement de l'économie agricole des DOM) qui, depuis 1994, organise des réunions de concertation avec les professionnels concernés, destinées à planifier la production et les expéditions afin de tenir compte de l'étroitesse du marché métropolitain et des capacités réduites de transport aérien. Pour élargir les débouchés, l'ODEADOM a par ailleurs engagé un programme d'actions promotionnelles dès 1994, en Italie, avec le concours de la SOPEXA, qui s'est poursuivi cette année. Lors des récentes réunions de concertation, il et cependant apparu qu'une des causes principales de la diminution des tonnages vendus en 1995, au-delà de la baisse très sensible de la qualité des fruits, due aux intempéries et aux infestations parasitaires, résidait en une concurrence créée entre les opérateurs français installés à la fois aux Antilles et à la République dominicaine, préjudiciable sur un marché aux débouchés étroits. Il a donc été demandé à ces professionnels de trouver des solutions afin d'éviter une concurrence directe sur les mêmes produits en envisageant plusieurs pistes : variétés et destinations différentes, nouveaux circuits de commercialisation, promotions adaptées. De même, il a été demandé, en avril dernier, aux professionnels d'établir un dossier de sensibilisation sur la situation de concurrence des melons antillais par les autres origines demande restée sans réponse à ce jour. Il est bon de rappeler que les pouvoirs publics, associés à la Communauté européenne, ont, au cours de ces dernières années, soutenu cette profession qui regroupe quatre entreprises (deux à la Martinique et deux en Guadeloupe) ayant des liens privilégiés avec des acheteurs métropolitains. La filière " Melons des Antilles " est la principale bénéficiaire des aides européennes, en matière de contrats de commercialisation relevant du POSEIDOM. De 1992 à 1994, 26 MF ont été ainsi versés aux importateurs, à charge pour eux d'en rétrocéder une partie aux producteurs. Si la Martinique a par ailleurs peu bénéficié des mesures liées à l'établissement du programme d'initiative, qui a pris fin en 1994, la Guadeloupe a, en revanche, largement utilisé ce dispositif qui lui a permis, en deux ans, d'obtenir le versement de plus de 1,5 MF d'aide. Les pouvoirs Publics ont ainsi toujours montré leur détermination à défendre la filière " Melon des Antilles " qui doit désormais faire preuve d'une entente professionnelle resserrée afin d'éviter toute concurrence préjudiciable. L'adaptation de cette filière à l'environnement actuel passe également par un réexamen des coûts de production, actuellement très hétérogènes entre les différents producteurs, sans diminution de la qualité des produits, mesures indispensables pour permettre le maintien de cette filière avec le soutien des pouvoirs publics.
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