Question de M. MOREIGNE Michel (Creuse - SOC) publiée le 08/06/1995
M. Michel Moreigne attire l'attention de Mme le ministre de la santé publique et de l'assurance maladie sur le grave problème de santé publique que constitue la multiplication considérable des infections dues aux ATNC (agents transmissibles non conventionnels) dits " prions ", qui provoquent dans les organismes où ils se multiplient des maladies dégénératives du système nerveux central extrêmement invalidantes et toujours mortelles. Il s'agit, chez l'homme, de différentes entités cliniques, comme la maladie de Creutzfeldt-Jakob, le syndrome de Gerstmann-Straussler et du Kuru. Quelles mesures compte-t-elle enfin prendre face à cet agent atypique hautement contagieux dont on sait qu'il résiste à toute stérilisation ? Il est pour le moins surprenant et très inquiétant de constater, compte tenu de la genèse de ces infections, que de très nombreuses collectivités (cantines scolaires, universitaires et militaires) et services de restauration rapide, proposent des cervelles de mouton, dont on sait le très haut degré contaminant qu'elles soient crues ou cuites.
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Réponse du ministère : Santé publique publiée le 27/07/1995
Réponse. - Les encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles (ESST) existent chez l'homme comme chez les animaux et sont dues à des agents transmissibles non conventionnels (ATNC) ou prions, transmissibles d'une espèce à une autre dans des conditions expérimentales particulières. La maladie de Creutzfeldt-Jakob, la plus fréquente des ESST humaines, est très rare (1 cas pour un million d'habitants), stable depuis de nombreuses années avec une répartition homogène au niveau mondial, et présentant une incubation asymptomatique prolongée pendant laquelle il n'existe aucun moyen de dépister les futurs malades. Afin d'éviter la contamination interhumaine de la MCJ, liée à l'utilisation de tissus humains ou d'instruments contaminés, de nombreuses précautions ont été prises depuis 1992, en particulier la circulaire no 45 du 12 juillet 1994 demandant aux établissements de soins de mieux prendre en compte, dans les pratiques de stérilisation, le risque de transmission des prions par des instruments contaminés, et la circulaire no 05 du 12 janvier 1995 précisant les précautions particulières à prendre dans le cadre des prélèvements d'organes, de tissus ou de cellules en vue de greffes. Si la transmission des ESST dans la même espèce animale est bien connue et fréquente, la transmission d'ESST animales à l'homme n'a jamais été décrite et, même expérimentalement, la voie orale ne permet que difficilement la transmission interespèce de la maladie. Cependant, par précaution, de nombreuses mesures ont été prises au niveau européen, et parfois à l'intiative de la France, pour écarter les possibilités d'importation de viande de bovins pouvant être atteints par la maladie " des vaches folles ". Par ailleurs, l'incidence de la MCJ semble identique dans tous les pays, quelle que soit la consommation de viande de mouton ou le nombre d'élevages d'ovins, alors que l'ESST du mouton, la tremblante, est connue depuis plus d'un siècle. Il n'y a donc pas, à ce jour, d'argument scientifique pour étayer une interdiction de commercialiser ou de consommer des cervelles de mouton.
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