Question de M. MARINI Philippe (Oise - RPR) publiée le 09/03/1995
M. Philippe Marini appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur les multiples violations des droits de l'homme perpétrées au Timor Oriental. En effet, selon un récent rapport international, il apparaît que, depuis l'invasion de ce pays en 1975, 200 000 personnes, soit un tiers de la population, ont été tuées ou sont mortes de faim. Nombre de Timorais de l'Est ont été victimes de torture, d'emprisonnement politique, d'arrestation arbitraire, etc. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui indiquer les actions diplomatiques que la France a déjà menées pour prendre en compte cette situation, et les perspectives de son action future, notamment en vue d'encourager le gouvernement indonésien à adhérer à la convention des Nations Unies contre la torture.
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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 23/03/1995
Réponse. - Le gouvernement français reste préoccupé par la situation des Droits de l'homme en Indonésie et au Timor oriental. La France, comme la plus grande partie de la communauté internationale, n'a jamais reconnu l'annexion par l'Indonésie du Timor oriental. Elle soutient les négociations qui ont repris depuis mai 1992 entre le Portugal et l'Indonésie sous l'égide du secrétaire général des Nations Unies pour aboutir à un règlement juste, global et internationalement acceptable du statut du territoire. Le gouvernement français se félicite que le Portugal et l'Indonésie se soient mis d'accord sur certaines mesures qui visent à amoindrir les tensions dans le territoire lors de la dernière session des discussions à Genève, le 9 janvier 1995. Sous la pression de la communauté internationale et, plus particulièrement, de l'Union européenne, qui est à l'origine des résolutions adoptées par la commission des Droits de l'homme de l'ONU à Genève, le gouvernement indonésien a pris un certain nombre de mesures pour améliorer la situation : suppression du commandement militaire spécial ; droit de visite de la Croix-Rouge aux prisonniers timorais ; réduction à vingt ans de la peine à perpétuité qui avait été infligée au leader timorais indépendantiste, M. Gusmao, arrêté après les événements de Dili de novembre 1991 ; ouverture accrue du territoire aux journalistes. Ces mesures ont le mérite d'aller dans le sens recommandé par l'Union européenne. Force est pourtant de constater que les dernières manifestations à Dili et Jakarta au moment du sommet de l'APEC, et les affrontements à Baucau au début de cette année montrent que les tensions demeurent vives et que des progrès restent à faire. C'est pourquoi la France continue d'inciter le gouvernement indonésien à oeuvrer en faveur de l'ouverture du territoire. Le gouvernement indonésien a pris des mesures ces dernières années en vue d'améliorer le respect des Droits de l'homme, en particulier par la création de la commission nationale des Droits de l'homme. Le gouvernement français reconnaît d'ailleurs que la liberté de religion et la tolérance religieuse y sont largement respectées et que la politique économique du gouvernement indonésien a assuré un développement économique remarquable ainsi qu'une réduction importante de la pauvreté dans l'archipel. Néanmoins, l'interdiction en juin 1994 de trois journaux et la condamnation, le 7 novembre 1994, à trois ans de réclusion du dirigeant syndicaliste, M. Muchtar Pakpahan, à la suite d'un procès où les droits de défense n'ont guère été respectés, sont autant de sources d'inquiétudes. C'est pourquoi la France a souhaité que l'Union européenne rende publique une déclaration, le 22 novembre 1994, sur la condamnation de M. Pakpahan. Le gouvernement français estime que l'un des moyens d'encourager les autorités indonésiennes à respecter leurs engagements internationaux en matière de droits de l'homme est de pou rsuivre et d'approfondir le dialogue politique bilatéral. Le ministre délégué aux affaires européennes avait, dans cet esprit, saisi l'occasion de sa visite en Indonésie en juillet dernier pour les rappeler à leurs obligations. L'honorable parlementaire peut être assuré que la France continuera à rappeler, à titre bilatéral et multilatéral, leurs obligations aux autorités indonésiennes et à oeuvrer en faveur du respect des droits fondamentaux de la population de Timor et de l'amélioration de la condition de tous les habitants de l'archipel indonésien.
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