Question de M. COLLIN Yvon (Tarn-et-Garonne - R.D.E.) publiée le 19/01/1995
M. Yvon Collin appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur le problème de la violation permanente des droits de l'homme en Indonésie. En effet, depuis trente ans et dans la plus grande impunité, le pouvoir en place bafoue régulièrement les libertés individuelles dans l'archipel indonésien et dans le Timor oriental. Le Gouvernement de l'ordre nouveau, qui jouit d'un pouvoir quasi absolu, emprisonne, torture, assassine tous ceux qui manifestent la moindre opposition à l'égard de l'idéologie officielle. En conséquence, il lui demande quand et comment le Gouvernement français va intervenir afin que cessent les atrocités commises dans cette région du monde.
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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 02/03/1995
Réponse. - Le Gouvernement français reste préoccupé par la situation des droits de l'homme en Indonésie et à Timor oriental. La France, comme la plupart de la communauté internationale, n'a jmais reconnu l'annexion par l'Indonésie de Timor Oriental. Elle soutient les négociations qui ont repris depuis mai 1992 entre le Portugal et l'Indonésie sous l'égide du secrétaire général des Nations Unies pour aboutir à un règlement juste, global, et internationalement acceptable du statut du territoire. Le Gouvernement français se félicite que le Portugal et l'Indonésie se sont mis d'accord sur certaines mesures qui visent à amoindrir les tensions dans le territoire lors de la dernière session des discussion à Genève, le 9 janvier 1995. Sous la pression de la communauté internationale et plus particulièrement de l'Union européenne, qui est à l'origine des résolutions adoptées par la commission des droits de l'homme de l'ONU à Genève, le gouvernement indonésien a pris un certain nombre de mesures pour améliorer la situation : suppression du commandement militaire spécial, droit de visite accordé à la Croix-Rouge aux prisonniers timorais ; réduction à vingt ans de la peine à perpétuité qui avait été infligée au leader timorais indépendantiste, M. Gusmao, arrêté après les événements de Dili de novembre 1991 ; ouverture accrue du territoire aux journalistes. Ces mesures ont le mérite d'aller dans le sens recommandé par l'Union européenne. Force est pourtant de constater que les dernières manifestations à Dili et Jakarta, au moment du sommet de l'APEC, et les affrontements à Baucau au début de cette année, montrent que les tensions demeurent vives et que des progrès restent à faire. C'est pourquoi, la France continue d'inciter le gouvernement indonésien à oeuvrer en faveur de l'ouverture du territoire. Le gouvernement indonésien a pris des mesures ces dernières années en vue d'améliorer le respect des droits de l'homme, en particulier par la création de la Commission nationale des droits de l'homme. Le Gouvernement français reconnaît d'ailleurs que la liberté de religion et la tolérance religieuse y sont largement respectées et que la politique économique du gouvernement indonésien a assuré un développement économique remarquable ainsi qu'une réduction importante de la pauvreté dans l'archipel. Néanmoins, l'interdiction en juin 1994, de trois journaux et la condamnation, le 7 novembre, à trois ans de réclusion du dirigeant syndicaliste, M. Muchtar Pakpahan, à la suite d'un procès où les droits de défense n'ont guère été respectés, sont autant de sources d'inquiétudes. C'est pourquoi, la France a souhaité que l'Union européenne rende publique une déclaration, le 22 novembre, sur la condamnation de M. Pakpahan. Le Gouvernement français estime que l'un des moyens d'encourager les autorités indonésiennes à respecter leurs engagements internationaux en matière de droits de l'homme est de poursuivre et d'approfondir le dialogue politique bilatéral. Le ministre délégué pour les affaires européennes avait, dans cet esprit, saisi l'occasion de sa visite en Indonésie en juillet dernier pour les rappeler à leurs obligations. L'honorable parlementaire peut être assuré que la France continuera à rappeler, à titre bilatéral et multilatéral, leurs obligations aux autorités indonésiennes et à oeuvrer en faveur du respect des droits fondamentaux de la population de Timor et de l'amélioration de la condition de tous les habitants de l'archipel indonésien.
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