Question de M. CAMOIN Jean-Pierre (Bouches-du-Rhône - RPR) publiée le 14/07/1994
M. Jean-Pierre Camoin attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la francophonie sur la dégradation de nos archives et de nos livres brûlés par acidification. Notre mémoire collective disparaît notamment pour les livres imprimés à partir de 1860. Ainsi, près de 25 millions de volumes imprimés seraient menacés. Un procédé de désacidification ayant été mis au point, ainsi qu'un papier permanent, il lui demande quelles mesures il envisage de prendre pour le traitement des ouvrages et s'il entend généraliser l'emploi du papier non acide.
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Réponse du ministère : Culture publiée le 25/08/1994
Réponse. - Le problème de la conservation des documents imprimés sur papier acide fait l'objet d'un ensemble de dispositions et de moyens qui répondent au triple souci de contribuer à l'élaboration de nouveaux procédés, d'évaluer et d'utiliser les innovations techniques mises au point par ailleurs et de mettre en oeuvre des traitements adaptés à chaque type de document. En premier lieu, la Bibliothèque nationale de France dispose, dans son annexe de Sablé, d'une unité de traitement opérationnelle capable de désacidifier et de renforcer jusqu'à 35 000 volumes par an. Grâce aux nouveaux ateliers que l'établissement public installera à Marne-la-Vallée, cette capacité de traitement sera considérablement renforcée. Par ailleurs, et selon les termes d'un accord de recherche-développement passé avec d'importants groupes industriels français, les techniciens de la Bibliothèque nationale de France travaillent à l'élaboration d'un nouveau procédé de désacidification-renforcement dont l'effet sur les papiers anciens soit pleinement probant. Le traitement des papiers anciens constitue en effet l'un des principaux points faibles des systèmes de désacidification mis au point outre-Atlantique, et qui ont subi en France des tests comparatifs très précis. Ce premier train de mesures est de nature à résoudre progressivement la question de la conservation des documents imprimés sur papier acide, produits sans souci particulier de leur comportement dans le temps. En ce qui concerne le papier utilisé de nos jours pour la tenue de certains documents d'archives destinés à une conservation illimitée, la fixation de norme de qualité constitue une préoccupation du ministère depuis plusieurs années. Des contacts ont été pris avec les ministères concernés en vue de déterminer les catégories de documents qui devraient être obligatoirement établis sur papier permanent. Pourraient être notamment concernés par cette réglementation l'état civil, les minutes des arrêts et jugements des cours et tribunaux, les minutes des notaires et les délibérations des collectivités territoriales. Après travaux en relation avec l'Afnor et les instances internationales de normalisation, une norme internationale pour la définition du papier permanent a été récemment publiée. Les discussions entre les différents ministères intéressés vont pouvoir reprendre en vue de l'élaboration des textes réglementaires rendant l'usage du papier permanent obligatoire pour certaines catégories d'actes. Pour sa part, depuis 1989, le Centre national du livre s'efforce de promouvoir auprès des éditeurs l'utilisation du papier neutre. Il a notamment fait réaliser et publier en 1990, au Cercle de la librairie, une étude intitulée Du papier pour l'éternité. Cette étude abordait en outre la question des qualités d'encres d'impression les plus favorables à la conservation des documents, question approfondie dans une deuxième étude, la Stabilité des encres d'imprimerie, achevée fin 1992. Si elles ne peuvent évidemment résoudre à court terme un problème dont chacun mesure l'ampleur, ces dispositions ont déjà produit des effets positifs ; leur mise en oeuvre sera poursuivie et renforcée pour permettre, dans les meilleures conditions possibles, la conservation et la transmission de notre patrimoine écrit.
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