Question de M. ROCCA SERRA Jacques (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 02/06/1994
M. Jacques Rocca Serra appelle l'attention de M. le ministre de l'environnement sur les conséquences sur le milieu naturel de l'exploitation de l'aérodrome de la base française Dumont-d'Urville en Terre-Adélie. En effet, en 1983, la France a engagé la construction d'une piste d'atterrissage pour la base Dumont-d'Urville sans tenir le moindre compte des impacts écologiques de ces travaux. La piste a donc été tracée à travers l'une des plus rares colonies animales naturelles d'Antarctique où huit des neuf espèces d'oiseaux continentaux de cette région, dont les manchots empereurs, étaient représentées. Des milliers d'oiseaux ont été tués ou déplacés tandis que les accès aux passages vers les sites de reproduction ont été coupés lorsqu'il a fallu réaliser une ligne droite de plus d'un kilomètre au travers de ce site composé de cinq îlots. Ce projet a été condamné par toutes les associations de défense de la nature, au niveau national et international, ainsi que par l'académie des sciences et le comité des sages. Une mission d'observation des organisations non gouvernementales de défense de l'environnement (WWF, fondation Cousteau, Ligue française pour la protection des oiseaux...), invitée par le Gouvernement français en 1991, a réaffirmé l'opposition des ONG à la construction de cet aérodrome. Elle a conçu que " cet aérodrome ne doit pas être mis en service, car l'impact de son exploitation et le développement des activités qu'il va engendrer risquent d'avoir sur la nature des incidences plus néfastes que la construction de la piste elle-même ". Dans un autre rapport, l'association Greenpeace a conclu de même qu'en dépit des dommages déjà causés par la construction de la piste, les vols ne devraient pas être autorisés. Malgré tout la France a poursuivi et achevé, en 1993, les travaux de construction. Or, le 16 février 1994, cette piste a été gravement endommagée par une tempête suite à un raz-de-marée provenant du glacier Astrolabe. Cet accident semble accréditer l'idée que la construction a été engagée sans qu'aucune étude sérieuse ait été préalablement réalisée et que cette infrastructure est inadaptée aux conditions climatiques naturelles. Il lui demande en conséquence, avant que tout investissement financier ou toute atteinte écologique supplémentaires soient décidés, de vouloir bien lui faire connaître l'ensemble des données de ce dossier ainsi que ses intentions à son sujet. La France ayant une responsabilité de protection de l'Antarctique, il lui demande s'il ne serait pas préférable d'abandonner définitivement ce projet dont tout démontre qu'il nuit gravement à l'environnement du dernier continent sauvage.
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Réponse du ministère : Environnement publiée le 17/11/1994
Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu faire part au ministre de l'environnement de sa préoccupation quant aux conséquences sur le milieu naturel de l'exploitaiton de l'aérodrome de la base Dumont-d'Urville en Terre-Adélie. Le ministre de l'environnement a mis en place en avril dernier le Comité de l'environnement polaire, chargé de donner des avis au Gouvernement sur la compatibilité des activités humaines relevant des autorités françaises avec la préservation de l'environnement dans les zones polaires. Saisi du dossier de la piste d'atterrissage de Terre-Adélie, le Comité de l'environnement polaire a recommandé de ne pas entreprendre de travaux de consolidation ou de restauration des parties de la piste endommagées par une tempête en janvier dernier. Le Gouvernement a, le 21 septembre 1994, pris acte de cet avis et a décidé l'abandon de la piste d'atterrissage de Terre-Adélie, compte tenu de la difficulté d'en assurer une remise en état pérenne et de la volonté de la France de mieux prendre en compte la protection de l'environnement dans l'Antarctique. Le Gouvernement a pris par ailleurs de nouvelles mesures pour protéger les colonies exceptionnelles d'oiseaux présentes en Terre-Adélie et pour renforcer la compatibilité des activités humaines en Terre-Adélie avec la préservation de l'environnement.
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