Question de M. VOILQUIN Albert (Vosges - RI) publiée le 31/03/1994
M. Albert Voilquin attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la francophonie sur les deux points suivants : assurer au maximum la participation des personnels de la radio et de la télévision au respect et à la défense de la langue française ; faire en sorte qu'une personne invitée pour un entretien à la télévision ne voit pas toujours son temps minutieusement compté (sauf entente préalable) et que cessent ou diminuent les interruptions imposées ou opposées par de nombreux présentateurs à celui ou à celle auxquels ils s'adressent.
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Réponse du ministère : Culture publiée le 16/06/1994
Réponse. - La loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication a confié au Conseil supérieur de l'audiovisuel le soin de veiller à " la défense et à l'illustration de la langue et de la culture françaises ". L'observation linguistique des programmes audiovisuels effectuée par le Conseil fait ressortir deux tendances contradictoires : d'une part, un mauvais usage de notre langue avec l'utilisation d'un vocabulaire assez pauvre, d'autre part, la volonté chez de nombreux journalistes d'employer une langue de qualité. La simplification excessive du langage dans certaines émissions aboutit à la répétition soit de termes à la mode qui se vident de leur sens et prennent diverses acceptions approximatives, soit d'anglicismes que rien ne justifie et qui supplantent des mots français plus appropriés. Si certains termes étrangers employés dans notre langue depuis une cinquantaine d'années sont compris de tous, les mots nouvellement introduits dans le langage commun n'ont pas toujours un sens précis. La situation se complique d'autant que ces prétendus angliscismes ont un sens dérivé par rapport à la langue à laquelle ils sont présumés appartenir. Ce n'est alors ni de l'anglais, ni de l'américain, ni du français. Le Conseil a également dénoncé le parti pris par certains animateurs de privilégier un langage d'une affligeante vulgarité, qui heurte la majorité des téléspectateurs. Il apparaît toutefois chez les professionnels des médias une véritable prise de conscience de leurs responsabilités en matière de langage. Certains pratiquent volontiers l'autocorrection, manifestent leur intérêt pour les différents aspects de notre langue en évoquant à l'antenne des points de syntaxe, de vocabulaire ou de prononciation. Ils dénoncent les incorrections, privilégient l'emploi de mots français, même lorsque la mode tend à imposer une traduction anglo-saxonne, et font connaître au grand public les termes recommandés par les différentes commissions ministérielles de terminologie. Cette prise de conscience devrait être partagée par l'ensemble des professionnels, afin que les médias audiovisuels jouent un rôle essentiel pour la défense et la promotion de notre langue. S'agissant du deuxième point évoqué par l'honorable parlementaire, le Conseil est intervenu auprès de TF 1 et de France 2 sur ce sujet, en leur rappelant que les animateurs devaient veiller à ce que les émissions, les débats, les entretiens conservent une certaine tenue. Les responsables de l'antenne doivent s'assurer, pour leur part, que les coupures d'antenne, qui interviennent notamment pour la diffusion des écrans publicitaires, n'interrompent pas brutalement et inopinément le cours de l'émission. Le Conseil a insisté sur la nécessité de respecter à la fois les intervenants invités à s'exprimer et l'intérêt du téléspectateur. Le Conseil a déploré en particulier les brutales interruptions qui ont mis fin à l'émission Direct avec Mme Simone Veil, diffusée sur France 2 le 22 avril 1992, et au journal télévisé de 20 heures de TF 1, qui recevait en duplex, le 14 octobre 1992, les deux physiciens français prix Nobel en 1991 et 1992. Dans les deux cas, les chaînes ont, par la suite, présenté des excuses, mais il est nécessaire que celles-ci s'assurent désormais que de tels événements ne puissent se reproduire.
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