Question de M. RENAR Ivan (Nord - C) publiée le 03/02/1994
M. Ivan Renar attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du tourisme sur le problème de l'éclairage des autoroutes. Le récent carambolage survenu sur l'autoroute Valenciennes-Lille, impliquant soixante véhicules par temps de brouillard épais, pose une nouvelle fois avec acuité le problème de l'apport de l'éclairage à la sécurité routière. Des études ont prouvé que l'éclairage réduit sensiblement le nombre de sinistres par mauvais temps ou la nuit. Ainsi, la commission internationale de l'éclairage, la plus haute instance internationale en la matière, a rendu publiques les conclusions de soixante-deux études menées dans quinze pays ; 85 p. 100 des résultats démontrent que l'éclairage améliore sans conteste, la sécurité. Des résultats confirmés lors du colloque " Lumière et Vision " réunissant des ophtalmologistes français et étrangers. En conséquence, il lui demande quelles mesures il compte prendre afin de généraliser l'éclairage sur les autoroutes, en premier lieu sur celles posant les plus importants problèmes de sécurité.
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Réponse du ministère : Équipement publiée le 23/06/1994
Réponse. - L'analyse critique de la soixantaine d'études (ou de données de suivi) rassemblées par la commission internationale de l'éclairage (CIE) conduit aux appréciations suivantes : l'éclairage des voies urbaines, ainsi que des autoroutes urbaines ou suburbaines a un effet plutôt positif sur la sécurité de la circulation. A noter cependant que la réduction des accidents ne peut être sérieusement quantifiée, qu'elle reste très variable selon les sites concernés, l'intensité des trafics, les conditions météorologiques et demeure de toute façon très modeste ; on ne peut objectivement conclure à une amélioration de la sécurité apportée par l'éclairage des voies ordinaires ou autoroutières situées en rase campagne ni même des carrefours ; de fortes interrogations subsistent quant à un éventuel bénéfice pour les voies ordinaires périurbaines, les échangeurs sur autoroutes, les passages piétons. L'absence d'effet plus marqué de cet équipement, dont le rôle peut sembler a priori positif du fait de l'amélioration de la visibilité qu'il entraîne, est à relier probablement à des modifications de comportement. Concernant le cas de l'éclairage par temps de brouillard, il faut noter que si un certain rôle de guidage a pu être évoqué (qui pourrait être un des éléments expliquant l'augmentation des vitesses observées dans l'étude qui vient d'être citée), les conditions de perception des objets sont plutôt dégradées par un éclairage classique, qui accroît généralement la luminance du brouillard et réduit de ce fait les contrastes. On ne peut donc a priori en attendre un bénéfice en matière de sécurité. D'autres dispositions semblent à cet égard plus positives du point de vue de la perception des obstacles, tel un éclairage rasant à contre-flux ou une chaussée très claire. En conséquence, il n'est pas recommandé, en règle générale, d'éclairer les routes, autoroutes et carrefours situés en milieu rural, car il n'est pas certain que cela en améliore la sécurité. Les exceptions concernent plutôt les voies en milieu péri-urbain qui peuvent présenter à l'usager un environnement particulier : présence d'une zone éclairée à proximité immédiate de la voie, perception difficile d'un point singulier comme un carrefour ou des échangeurs très rapprochés. Par ailleurs, il est important, pour une bonne " lisibilité " des entrées d'agglomérations notamment, que l'éclairage des voies reste une caractéristique clairement associée au milieu urbain. Il faut, d'autre part, garder présent à l'esprit certains inconvénients de l'éclairage : dégradation de la sécurité secondaire due à la présence de mâts, dégradation des conditions de perception sur les voies adjacentes non éclairées, sans occulter sur un autre plan la charge financière en fonctionnement et entretien.
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