Question de M. VALLET André (Bouches-du-Rhône - R.D.E.) publiée le 23/12/1993

M. André Vallet appelle l'attention de M. le ministre de l'environnement sur la situation de l'environnement au Tibet. En effet, depuis 1959, le système tibétain traditionnel de protection de l'environnement a cédé la place à de graves atteintes à l'écosystème. Ses effets sont particulièrement notables dans les régions de prairies, les régions de récoltes, les forêts, les ressources en eau et la vie sauvage. C'est ainsi que la reconversion des terres marginales à l'agriculture pour nourrir les colons chinois est devenue la plus grande menace pour les prairies du Tibet. Elle a conduit à une désertification étendue, rendant les terre inutilisables à la fois pour l'agriculture et le pâturage, notamment dans l'Amdo. Cette situation est d'autant plus critique que le clôturage des prairies a désorganisé la pratique traditionnelle de migrations au sein d'une économie agricole dominée à l'origine par l'élevage. En ce qui concerne les forêts, elles sont passées entre 1949 et 1985 de 221 000 kilomètres carrés à 134 000 kilomètre carrés, 60 p. 100 des ressources ayant ainsi été exploitées contribuant à la désertification, parfois de façon irréversible. Avec la destruction de leur habitat, beaucoup d'animaux sauvages ont disparu, ils ont fait l'objet de chasses aveugles. Une trentaine d'espèces menacées risquent, aujourd'hui, une disparition totale, ce que les autorités chinoises reconnaissent elles-mêmes. Pour ce qui est de la situation hydrographique, les fleuves du Tibet ont accumulé des couches de sédiments extrêmement élevées et semblent connaître une pollution importante. De nombreux projets chinois sont en outre conçus pour capter l'énorme potentiel hydraulique du Tibet dont les coûts sur l'environnement, ainsi que culturels et humains, sont supportés par les seules populations locales. Enfin, des quantités inconnues de déchets radioactifs ont été déchargées au Tibet, de façon souvent négligente, et de nombreuses ogives nucléaires y sont stockées. Le Tibet possédant parmi les plus grandes réserves d'uranium du monde, ainsi que des gisements de 126 minéraux différents, on peut craindre que leur exploitation incontrôlée ne continue d'aggraver une situation déjà inquiétante. Il lui rappelle que le plateau tibétain, unique au monde, constitue la région de haute altitude la plus étendue de la planète et que cette région exerce une influence sur la circulation atmosphérique et les tendances des courants aériens au-dessus de l'Asie et peut, selon les scientifiques, contribuer à la déstabilisation des tendances du climat sur tout l'hémisphère Nord. Il lui rappelle également que le Tibet est le principal bassin hydrographique de l'Asie, que quatre grands fleuves parmi les plus importants, y prennent leur source (le fleuve Jaune, le Yangzi jiang, le Brahmapoutre et l'Indus) et donc que presque la moitié de la population mondiale dépend des fleuves du Tibet. En conséquence, il lui demande ce que la France compte faire concrètement au sein des organisations internationales dans lesquelles elle est partie, d'abord pour obtenir des autorités responsables une information précise sur la situation de l'environnement au Tibet et, ensuite, pour que ces atteintes graves puissent cesser dans les délais les meilleurs.

- page 2439


Réponse du ministère : Environnement publiée le 12/05/1994

Réponse. - Le ministre de l'environnement est bien conscient des problèmes qui affectent le Tibet, notamment celui que soulève l'honorable parlementaire. La France, dans l'esprit des conventions de Rio touchant aux équilibres climatiques et à la biodiversité, a une préoccupation globale pour la protection de l'environnement et se soucie notamment de la préservation de celui-ci en Chine, vaste pays de plus de 9,5 millions de kilomètres carrés où un développement économique rapide a des conséquences sur l'environnement. Des initiatives en ce sens peuvent être prises, en particulier l'encouragement au rapprochement des experts ; comme le sait l'honorable parlementaire, un colloque international s'est tenu à l'Assemblée nationale les 30 septembre et 1er octobre 1993 sur les problèmes de l'environnement au Tibet. Par ailleurs, le ministre de l'environnement a évoqué cette question avec le Dalaï Lama, chef spirituel des Tibétains, en exil en Inde, lors de la dernière visite pastorale en France de ce dernier, en novembre 1993, dans le cadre d'entretiens privés.

- page 1164

Page mise à jour le