Question de M. COLLET François (Paris - RPR) publiée le 18/11/1993
M. François Collet expose à M. le ministre de la culture et de la francophonie que, d'après les informations dont il dispose, et qui résultent d'un entretien d'un dirigeant de Renault SA avec la presse, l'accord de fusion de la société nationale signé avec Volvo instituerait l'anglais comme langue officielle de travail dans l'entreprise. Certes, cet accord reste à ratifier, mais il semble bien qu'il ait recueilli l'agrément des ministères de tutelle, notamment industrie et affaires économiques. D'ores et déjà des documents internes auraient été diffusés en anglais, et des réunions auraient eu lieu au siège de l'entreprise exigeant la présence d'interprètes anglais, sans doute pour permettre à une majorité de cadres français de mieux se comprendre entre eux. Il est vrai que la langue de Volvo n'est guère pratiquée en dehors de la Suède et que les jeunes Suédois apprennent en priorité l'anglais à l'école. Cela ne justifie pas que dans une fusion consentie dans les proportions un tiers deux tiers et qui doit pourtant réunir des constructeurs automobiles dont la production est dans le rapport de un à dix, une concession aussi défavorable à la langue française ait été consentie. Quelles mesures compte prendre le ministre responsable du respect et de la diffusion de notre langue pour mettre un terme à de pareilles dérives.
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Réponse du ministère : Culture publiée le 24/02/1994
Réponse. - L'entreprise Renault a confirmé que dans la perspective de la fusion Renault-Volvo la langue de travail commune au niveau des états-majors devait être l'anglais, choix résultant d'une demande de Volvo, qui travaille en anglais depuis plus de vingt ans. Mais elle a précisé que cette décision ne concernait que les équipes dirigeantes. S'agissant des autres personnels, et notamment des cadres, une politique de formation linguistique et d'échanges a été organisée par les deux entreprises : un apprentissage du français a été mis en oeuvre pour les cadres suédois installés en France et leur famille, de même des actions d'apprentissage du suédois ont été organisées pour les cadres français installés en Suède. L'annulation de la fusion Renault-Volvo n'a pas entraîné l'interruption de ce programme, d'autres formes de coopération étant en cours ou en projet. Renault a indiqué que, de façon générale, l'entreprise est attentive à la nécessité, pour ses personnels, de connaître des langues étrangères et veille à ce que ses cadres, dans les différents pays où elle est implantée, connaissent le français. Elle dispose, à cet effet, depuis plus de quinze ans, d'un important dispositif de formation au français langue étrangère, comportant des séjours en France, pour les salariés de ses établissements situés à l'étranger. L'apprentissage de la langue française y est lié à l'initiation à la civilisation et au mode de vie français, et à l'imprégnation de la culture de l'entreprise. Le Gouvernement est très attentif aux effets que peut avoir sur l'emploi de la langue française le développement de la coopération internationale. Le projet de loi, qui sera prochainement déposé au Parlement, sera consacré pour partie à l'usage du français dans le monde du travail. Dans un souci de respect de notre langue et de protection des salariés, il aura notamment pour objet de rendre l'emploi du français obligatoire dans les documents qui s'imposent aux salariés, documents pouvant, au besoin, être accompagnés de traductions en langues étrangères.
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