Question de M. MARINI Philippe (Oise - RPR) publiée le 16/09/1993
M. Philippe Marini constatant avec regret la suprématie de l'anglais dans les colloques internationaux et dans les revues spécialisées, " dans la mesure où les échanges entre les chercheurs impliquent aujourd'hui l'utilisation d'un support permettant aux savants et aux universitaires de se comprendre et d'échanger leurs connaissances ", demande à M. le ministre de la culture et de la francophonie s'il ne faudrait pas que le Gouvernement veille à réserver les aides publiques de toute nature aux seules rencontres au moins partiellement francophones, tant en ce qui concerne les débats que les publications. De plus, il souhaiterait que le ministre lui précise les perspectives d'action du groupe de travail annoncé par ses soins en juin 1993, susceptible de réfléchir au développement et à la diffusion des publications (manuels et revues) destinées à accroître le rayonnement de la langue française vers les étudiants et les professeurs. Ce groupe de travail devait, selon ses informations, être composé de " plusieurs prix Nobel, notamment scientifiques, de savants éminents, de membres du Collège de France ainsi que des éditeurs plus directement concernés par ces publications ". Il est d'autant plus favorable à cette initiative que le conseil général de l'Oise et l'université de technologie de Compiègne lui semblent avoir eu une action de précurseurs en ce domaine grâce à la remise annuelle du prix Roberval à des auteurs d'ouvrages ou de programmes audiovisuels destinés à la diffusion scientifique ou pédagogique.
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Réponse du ministère : Culture publiée le 02/12/1993
Réponse. - L'usage de la langue française dans les sciences a connu durant les dernières années un certain recul. L'opinion s'est émue à plusieurs reprises de la propension excessive des chercheurs à délaisser la langue française dans les colloques et dans leurs publications. Une analyse fine montre que ce recul tient moins à une prétendue insuffisance de la science française ou à une supposée incapacité de notre langue à exprimer la modernité scientifique qu'au mode actuel d'organisation du système international des publications scientifiques. C'est pour cette raison que le ministre de la culture et de la francophonie a décidé de mettre sur pied une commission de réflexion sur les publications scientifiques présidée par le professeur Jean-Louis Boussin, membre du Conseil supérieur de la langue française. Elle est composée de personnalités éminentes du monde scientifique et de l'édition capables de traiter des différents aspects du problème (économie des revues, solidarité francophone, modes d'évaluation des chercheurs...). En effet, il s'agit d'étudier à la fois les moyens de renforcer la diffusion des revues en français, d'éviter les effets pervers d'une évaluation imparfaite par les publications dans les revues étrangères et de déterminer les règles déontologiques concernant les publications en français. Se fondant sur les analyses générales déjà faites, la commission devra, en l'espace de quelques semaines, aboutir à des propositions très précises et pratiques susceptibles d'inverser une tendance regrettable.
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