Question de M. DELEVOYE Jean-Paul (Pas-de-Calais - RPR) publiée le 22/07/1993
M. Jean-Paul Delevoye s'émeut auprès de M. le ministre de l'industrie, des postes et télécommunications et du commerce extérieur des menaces qui pèsent sur le site de Saint-Laurent-Blangy de l'entreprise Rhône-Poulenc fibres. Spécialisée dans la fabrication de fils polyamide 6,6, cette unité est frappée par la mévente des bas et collants en Europe (chute de 10 à 15 p. 100 en Europe en 1992-1993) et par le phénomène, récemment dénoncé par le rapport sénatorial sur les délocalisations. Les accords multifibres ne semblent pas complètement respectés, plusieurs concurrents (turcs et italiens notamment) seraient largement subventionnés et produiraient plus que les quotas prévus. L'arrivée des pays de l'Est sur ce marché risque encore d'aggraver la surcapacité mondiale et de mettre en difficulté les produits haut de gamme fabriqués dans le Pas-de-Calais (le certificat 150 9001 de l'AFAQ (Association française pour l'assurance de la qualité) atteste de leur qualité). Au 31 décembre 1991, Rhône-Poulenc fibres employait 1 015 personnes. Demain, certains évoquent une réduction des effectifs à hauteur de 650 employés. Il lui demande donc quelles garanties il peut lui apporter concernant ce site, essentiel pour l'économie régionale. Cette réponse sera d'autant plus importante que Rhône-Poulenc est citée comme l'une des premières entreprises " privatisables ".
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Réponse du ministère : Industrie publiée le 04/11/1993
Réponse. - L'usine de Saint-Laurent-Blangy, qui fait partie du groupe Rhône-Poulenc produit des fils polyamide (nylon) utilisés en aval par l'industrie du tapis et celle de l'habillement. Or, comme le souligne l'honorable parlementaire, le marché des fils polyamide s'est fortement contracté au cours des dernières années (de l'ordre de 30 p 100 en Europe depuis 1990). En effet, la fabrication des bas et collants inclut une proportion croissante de lycra (de l'ordre de 10 p. 100), qui vient diminuer d'autant la consommation de polyamide. En outre, la mode a promu l'usage des collants opaques qui incluent des fils beaucoup plus gros, et qui durent en moyenne quatre fois plus longtemps. En outre, la production de fils plus gros est technologiquement plus facile que celle des fils fins, ce qui ouvre le marché à de nouveaux producteurs. Enfin, la concurrence croissante du polyester restreint également les débouchés du polyamide. Cette contraction du marché a contraint Rhône-Poulenc fibres à entreprendre la restructuration de son appareil productif, en vue de le rendre plus performant, et de mieux adapter sa production aux besoins de la clientèle. C'est ainsi qu'à l'usine de Saint-Laurent-Blangy, le procédé de fabrication actuel (en deux étapes) va être partiellement remplacé par un procédé plus performant (en une étape) qui permet en outre de livrer le fil en bobines plus grosses (20 kilos), correspondant mieux aux désirs des clients utilisateurs. Il n'y a donc pas de la part de Rhône-Poulenc de volonté de désengagement puisque de nouveaux investissements sont en cours à l'usine de Saint-Laurent-Blangy. Sur le plan social, sur les 255 postes de travail supprimés, 57 personnes sont encore en cours de reclassement par les soins de la cellule créée à cet effet par Rhône-Poulenc Fibres, les autres ayant bénéficié de mesures d'âge ou ayant été déjà reclassées. Grâce à la restructuration en cours, et grâce à son alliance avec le groupe italien SNIA, Rhône-Poulenc Fibres entend maintenir sa position sur un marché européen très concurrentiel, tant du fait des importations à bas prix de certains pays que du rapprochement intervenu entre le groupe britannique ICI et le groupe américain Dupont de Nemours.
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