Question de M. RENAR Ivan (Nord - C) publiée le 06/05/1993

M. Ivan Renar attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la francophonie sur les conséquences de la création d'hyper-complexes cinématographiques. La métropole lilloise va se voir dotée à Lomme d'un des plus grands complexes cinématographiques du monde : un kinépolis de vingt-quatre salles sur le modèle de ceux qui existent à Bruxelles. La constitution de ces hyper-complexes cinématographiques aux seuls objectifs commerciaux n'est pas sans conséquence pour les autres salles dites de proximité, existant dans les autres communes. Le président-directeur général d'U.G.C. reconnaissait récemment que la rentabilité de ce complexe exigeait la disparition de toute activité cinématographique à soixante-dix kilomètres à la ronde. Le rapport du groupe " création culturelle, compétitivité et cohésion sociale " du commissariat général du Plan incite lui-même à une certaine prudence et insiste sur le rôle essentiel des lieux culturels de proximité. C'est ainsi un aspect de l'exceptionnalité française, avec ses quelque 4 400 salles réparties sur notre territoire, qui risque d'être remis en cause. Alors que le Premier ministre vient d'exprimer son souhait de geler les grandes surfaces commerciales, il lui demande s'il ne serait pas opportun de s'opposer à de tels projets et de développer l'aide à la création de salles municipales de proximité ?

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Réponse du ministère : Culture publiée le 29/07/1993

Réponse. - La politique d'aménagement du territoire en matière d'implantation de salles de cinéma répond, depuis une dizaine d'année, à la nécessité de maintenir en France des salles de proximité. Les aides sélectives destinées à permettre la création et la rénovation de salles dans les zones insuffisamment desservies sont destinées à répondre à cet impératif et à éviter que l'exploitation cinématographique ne subsiste que dans les seules zones fortement urbanisées. Cette politique qui a préservé un parc de salles dense et bien réparti sur tout le territoire sera poursuivie mais elle ne s'oppose pas à la mise en oeuvre par les grandes sociétés cinématographiques d'une stratégie d'investissement autonome visant à la reconquête des publics. Cette stratégie peut se traduire selon les cas soit par la rénovation totale des salles de cinéma implantées en centre ville, comme UGC à Lille, soit par la création de complexes de dix à quinze salles, en pépiphérie des grands centres urbains, en fonction des données particulières à chaque site. Le premier d'entre eux, réalisé par la société Pathé s'est ouvert à Toulon le 7 juin. Depuis le succès commercial remporté par le Kinépolis de Bruxelles, qui constitue un méga-complexe de plus de vingt salles, plusieurs projets de complexes de grande dimension ont été étudiées sur les sites français. Le projet de ce type, prévu à Lomme a fait l'objet d'une annonce dans la presse mais aucune information précise n'a été fournie à ce jour sur les partenaires et le montage financier de cet équipement. Si la réalisation devait se confirmer, la réglementation actuellement en vigueur ne permettrait pas à l'Etat de s'y opposer, dès lors que seraient respectées les normes techniques et de sécurité. Seule la commune concernée pourrait y faire obstacle, en refusant le permis de construire. Rien ne permet par ailleurs, jusqu'à présent, d'affirmer que cette création aura pour effet d'imposer la fermeture des salles dans un rayon de soixante-dix kilomètres aux alentours. S'il devait s'avérer que ce type de complexe ait une telle conséquence, il va de soi que le gouvernement étudierait toutes les mesures susceptibles d'enrayer un tel phénomène. En tout état de cause, le Centre national de la cinématographie sera très attentif dans l'observation des effets de l'ouverture de ces complexes.

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