Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 23/07/1992

M. Emmanuel Hamel signale à l'attention de M. le ministre de la défense que deux soldats français " Casques bleus " de la force de l'Organisation des Nations Unies sur le territoire de l'ancienne Yougoslavie ont été tués par l'explosion d'une mine le vendredi 17 juillet. Il lui demande quel hommage public sera rendu à ces deux militaires et comment va se manifester à l'égard de leur famille la solidarité de la nation. Il lui demande, d'autre part, quelles vont être les conséquences militaires et diplomatiques de cette agression de deux militaires français accomplissant une mission de protection de populations civiles.

- page 1650


Réponse du ministère : Défense publiée le 27/08/1992

Réponse. - Le 21 juillet 1992, au camp d'Auvours, le ministre de la défense a rendu hommage au cours d'une cérémonie militaire aux deux officiers français de la force de protection des Nations Unies (Forpronu) tués en Croatie. Cette cérémonie a permis de témoigner aux familles de ces deux officiers la solidarité de la nation. Comme pour les autres générations de feu, cette solidarité va bien au-delà de la mise en oeuvre du dispositif juridique et financier complet applicable en pareilles circonstances. L'occasion a également été donnée de rappeler le rôle essentiel de la force de l'ONU tout en insistant sur la nécessité de renforcer en permanence les mesures de sécurité au cours de ces opérations à risques. Avant de décorer à titre posthume ces deux officiers de la croix de la valeur militaire avec palme et de les faire chevalier de la Légion d'honneur, le ministre de la défense a prononcé l'éloge suivant : " Capitaine Jean-Pierre Llinares, lieutenant Philippe Capo. La France ressent aujourd'hui une profonde tristesse et une très grande émotion. Elle partage la douleur infinie de vos épouses, de vos enfants, de vos parents. L'armée tout entière partage cette peine, elle s'associe au chagrin des vôtres, à celui de votre formation, le 2e régiment d'infanterie de marine. Au-delà de nos frontières, on connaît votre deuil. Les ministres des affaires étrangères des douze pays de la Communauté, réunis hier à Bruxelles, m'ont chargé du message que je vous lis : " La Communauté et ses Etats membres expriment leur tristesse suite à la récente mort en mission de deux membres français de la Forpronu. Ils présentent leurs condoléances aux familles, au Gouvernement et au peuple français. " Les témoignages reçus de la communauté internationale, représentée au sein de la Force de protection des Nations Unies par plus de vingt pays, font part de l'intense émotion ressentie par tous vos frères d'armes. Avec eux vous oeuvriez, dans des conditions extrêmement difficiles, pour le retour de la paix et la protection de populations qui connaissent des souffrances indicibles, parmi lesquelles, par milliers et par milliers, des femmes et des enfants que vous êtes allés aider, secourir, protéger. Vous avez fait le sacrifice de vos vies dans l'accomplissement de vos devoirs d'officier et de soldat. C'est avec la plus grande émotion et une profonde tristesse que je m'incline devant vous, que je cite en exemple votre dévouement et votre courage, vous qui avez donné votre vie dans l'accomplissement de votre devoir. A travers vous, je rends également hommage au rôle essentiel tenu par tous nos officiers, sous-officiers, soldats, engagés ou appelés du service national qui servent dans les rangs des Nations Unies en Krajina du sud, à Sarajevo, au Cambodge, mais également dans bien d'autres pays où l'ONU est présente. Sous l'égide des Nations Unies, au nom de la France, les militaires français s'efforcent de protéger, derassurer, de soigner, de nourrir, de sauver, souvent dans des conditions très dangereuses, les victimes innocentes de la guerre civile. Rien qu'en Yougoslavie, plus d'un million et demi de personnes déplacées sont aujourd'hui dans la détresse, l'angoisse, souvent exposées à la famine, souvent aussi aux canonnades aveugles. C'est en allant à leur secours que vous êtes tombés, au champ d'honneur, comme on le dit en temps de guerre, pour saluer la bravoure et le sacrifice. Vous, capitaine Jean-Pierre Llinares, pendant votre service national effectué comme officier de réserve au 4e régiment d'infanterie de marine, vous avez choisi de poursuivre dans le métier des armes en souscrivant un contrat d'officier de réserve en situation d'activité. Ce métier de soldat, vous l'aurez exercé souvent à l'extérieur du territoire national que ce soit en Nouvelle-Calédonie, en République Centrafricaine, au Tchad, et depuis le 4 avril 1992 dans cette Krajina du sud déchirée par la guerre civile. A Zadar puis à Zemunik vous nous avez constamment donné l'exemple magnifique de votre attachement au métier des armes, de votre sens du devoir et de vos exceptionnelles qualités professionnelles et humaines. Dans l'accomplissement de votre difficile mission de maintien de la paix dans la poche de Zemunik, vous avez donné votre vie pour remplir votre devoir de soldat de la paix, donner aux hommes et aux femmes de cette région des raisons de rester dans leurs maisons et d'espérer. Vous, lieutenant Philippe Capo, officier de réserve, vous avez suivi le même cheminement de carrière que votre capitaine jusqu'au sacrifice de votre vie. Après avoir servi pendant deux années au 2e RIMA, où vous avez participé à une mission de renfort dans l'île de la Réunion, vous réussissez très brillamment le concours de l'école militaire interarmes. A l'issue de votre stage de qualification, votre classement vous permet de retrouver votre régiment. Brillant chef de section de mortiers lourds, vous avez rapidement su transformer votre section en unité d'infanterie efficace puis, pendant plus de trois mois, contribuer avec foi, abnégation et opiniâtreté aux mêmes opérations de rétablissement de la paix. Jeune officier plein de fougue et d'avenir, uni dans l'action et dans votre sacrifice à votre capitaine, vous disparaissez trop tôt, fauché par l'explosion d'une mine à Zemunik. Lorsque votre régiment fut désigné au printemps pour rejoindre la Krajina, tous les deux vous vous êtes attelés, ici même à Auvours où nous sommes réunis aujourd'hui, à préparer cette très difficile mission, et entraîner vos hommes, puis là-bas dans cette région désolée et dévastée par la guerre, apportant tout votre coeur et votre enthousiasme au service de la plus belle cause qu'un militaire puisse défendre, celle de la paix. L'action de votre bataillon en Krajina, celle du bataillon logistique ou celle du bataillon qui se constitue en ce moment à Sarajevo font l'admiration de tous. Nos soldats, professionnels ou appelés volontaires, s'imposent partout par leur calme, leur sérénité et leur dévouement. Fidèles à l'idéal qui vous a toujours animés, les armées poursuivent leurs missions partout dans le monde en suivant votre exemple et animées par la même foi. C'est le plus bel hommage qu'elles puissent rendre à votre mémoire et à l'exemple de courage et d'abnégation que vous nous laissez. Je m'incline avec un profond respect et une très grande sollicitude devant vos familles. Je partage leur souffrance. Mme Llinares, Mme Capo, vos maris sont tombés au champ d'honneur en faisant leur métier de soldats qu'ils aimaient passionnément. Vos enfants, Christopher, Julie-Cécile et Florence pourront être fiers de leur père. Ils garderont, à travers vous, le souvenir de héros morts pour la paix. Nous veillerons à ce que vous-mêmes et vos enfants trouviez en l'armée le réconfort et les appuis dont vous pourriez avoir besoin. Ces appuis vous les trouverez également auprès de vos parents, qui vous entourent et qui sauront donner à leurs petits-enfants l'amour et le dévouement qu'ils avaient déjà manifestés à leur fils. Capitaine Jean-Pierre Llinares, lieutenant Philippe Capo, au nom du Président de la République, au nom du Gouvernement, au nom de l'armée, je vous exprime la ; souscrivant un contrat d'officier de réserve en situation d'activité. Ce métier de soldat, vous l'aurez exercé souvent à l'extérieur du territoire national que ce soit en Nouvelle-Calédonie, en République Centrafricaine, au Tchad, et depuis le 4 avril 1992 dans cette Krajina du sud déchirée par la guerre civile. A Zadar puis à Zemunik vous nous avez constamment donné l'exemple magnifique de votre attachement au métier des armes, de votre sens du devoir et de vos exceptionnelles qualités professionnelles et humaines. Dans l'accomplissement de votre difficile mission de maintien de la paix dans la poche de Zemunik, vous avez donné votre vie pour remplir votre devoir de soldat de la paix, donner aux hommes et aux femmes de cette région des raisons de rester dans leurs maisons et d'espérer. Vous, lieutenant Philippe Capo, officier de réserve, vous avez suivi le même cheminement de carrière que votre capitaine jusqu'au sacrifice de votre vie. Après avoir servi pendant deux années au 2e RIMA, où vous avez participé à une mission de renfort dans l'île de la Réunion, vous réussissez très brillamment le concours de l'école militaire interarmes. A l'issue de votre stage de qualification, votre classement vous permet de retrouver votre régiment. Brillant chef de section de mortiers lourds, vous avez rapidement su transformer votre section en unité d'infanterie efficace puis, pendant plus de trois mois, contribuer avec foi, abnégation et opiniâtreté aux mêmes opérations de rétablissement de la paix. Jeune officier plein de fougue et d'avenir, uni dans l'action et dans votre sacrifice à votre capitaine, vous disparaissez trop tôt, fauché par l'explosion d'une mine à Zemunik. Lorsque votre régiment fut désigné au printemps pour rejoindre la Krajina, tous les deux vous vous êtes attelés, ici même à Auvours où nous sommes réunis aujourd'hui, à préparer cette très difficile mission, et entraîner vos hommes, puis là-bas dans cette région désolée et dévastée par la guerre, apportant tout votre coeur et votre enthousiasme au service de la plus belle cause qu'un militaire puisse défendre, celle de la paix. L'action de votre bataillon en Krajina, celle du bataillon logistique ou celle du bataillon qui se constitue en ce moment à Sarajevo font l'admiration de tous. Nos soldats, professionnels ou appelés volontaires, s'imposent partout par leur calme, leur sérénité et leur dévouement. Fidèles à l'idéal qui vous a toujours animés, les armées poursuivent leurs missions partout dans le monde en suivant votre exemple et animées par la même foi. C'est le plus bel hommage qu'elles puissent rendre à votre mémoire et à l'exemple de courage et d'abnégation que vous nous laissez. Je m'incline avec un profond respect et une très grande sollicitude devant vos familles. Je partage leur souffrance. Mme Llinares, Mme Capo, vos maris sont tombés au champ d'honneur en faisant leur métier de soldats qu'ils aimaient passionnément. Vos enfants, Christopher, Julie-Cécile et Florence pourront être fiers de leur père. Ils garderont, à travers vous, le souvenir de héros morts pour la paix. Nous veillerons à ce que vous-mêmes et vos enfants trouviez en l'armée le réconfort et les appuis dont vous pourriez avoir besoin. Ces appuis vous les trouverez également auprès de vos parents, qui vous entourent et qui sauront donner à leurs petits-enfants l'amour et le dévouement qu'ils avaient déjà manifestés à leur fils. Capitaine Jean-Pierre Llinares, lieutenant Philippe Capo, au nom du Président de la République, au nom du Gouvernement, au nom de l'armée, je vous exprime la reconnaissance et l'admiration de la France. " ; reconnaissance et l'admiration de la France. "

- page 1959

Page mise à jour le