Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 05/12/1991

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, sur la nécessité de préciser la position française à l'égard des tentations irrédentistes en Somalie du Nord et en Erythrée. En effet, on constate dans ces deux Etats une situation de désordre persistant. Il se demande si, compte tenu de la présence de la France dans la corne de l'Afrique comme peuvent l'attester les excellentes relations de coopération avec la République de Djibouti, il ne serait pas souhaitable de mieux affirmer notre action diplomatique et humanitaire dans la région.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 12/03/1992

Réponse. - La France est attentive à la situation qui prévaut dans la corne de l'Afrique. Elle entretient avec les Etats de la région des relations anciennes d'amitié et de coopération (chemin de fer Djibouti - Addis-Abeba, construit à la fin du siècle dernier ; lycée français d'Addis-Abeba, le plus grand d'Afrique). Elle est aujourd'hui le seul pays occidental militairement présent dans la zone, grâce à sa base de Djibouti. La chute en 1991 des régimes des présidents Syad Barré et Menguistu en Somalie et en Ethiopie a largement modifié la situation. En Ethiopie, l'arrivée d'un nouveau pouvoir a permis au pays de retrouver une certaine stabilité, et de commencer à mettre en place des institutions plus démocratiques. La France a montré l'intérêt qu'elle portait à l'évolution de ce pays en participant, à titre d'observateur, à la conférence nationale de juillet 1991. M. Bernard Kouchner a été le premier ministre d'un gouvernement occidental à rencontrer les nouvellesautorités éthiopiennes, ainsi que les autorités provisoires d'Erythrée. L'Erythrée a acquis, en plein accord avec les nouvelles autorités d'Addis-Abeba, un statut d'autonomie qui devrait conduire la région à organiser, d'ici à deux ans, un référendum d'autodétermination. La France se félicite de la fin de la guerre dans cette partie de la corne de l'Afrique. La France respectera les décisions de la population de l'Erythrée si elles s'expriment dans les règles du droit international, et espère qu'en tout état de cause l'Erythrée conservera des liens étroits avec l'Ethiopie. La Somalie du Nord a proclamé unilatéralement son indépendance, qui, pour le moment, n'a été reconnue par aucun Etat. La France appelle de ses voeux le rétablissement de l'unité somalienne. Cependant, celle-ci ne pourra être réalisée que lorsque le pays aura retrouvé la paix. Aussi la Franceappuie-t-elle toutes les initiatives visant à régler les conflits internes somaliens et s'inquiète de la poursuite de la guerre entre fractions rivales à Mogadiscio. La fermeture des ambassades à Mogadiscio limite les possibilités d'action en Somalie. Toutefois, sur le plan humanitaire, la France fera son possible pour aider ce pays sinistré. Déjà en mars 1991, le secrétaire d'Etat à l'action humanitaire s'est rendu en Somalie du Nord et à Mogadiscio afin d'y apporter une aide d'urgence. Djibouti a également été touché par les bouleversements que connaît la corne de l'Afrique. Le Front pour la reconstruction de l'unité de Djibouti, en majorité afar, a pris le contrôle du nord du pays en novembre dernier. La France a, notamment dans le cadre de plusieurs missions sur place, engagé une action visant à l'ouverture du régime politique et à la réconciliation nationale.

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