Question de M. DOUBLET Michel (Charente-Maritime - RPR) publiée le 07/11/1991

M. Michel Doublet attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, sur la nécessité de contribuer à la préservation du patrimoine archéologique du Liban. Les années de combat, le manque d'entretien et les pillages ont gravement endommagé les trésors archéologiques et culturels de ce pays. La France semble aujourd'hui absente des opérations de remise en valeur de ce riche héritage historique. Par conséquent, il lui demande quelles mesures le Gouvernement entend mettre en oeuvre pour contribuer activement à la sauvegarde du patrimoine archéologique libanais.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 26/12/1991

Réponse. - La préservation du patrimoine archéologique libanais est une préoccupation ancienne du ministère des affaires étrangères : la France dispose, en effet, dans la région, d'un institut de recherche, l'Institut français d'archéologie du Proche-Orient (I.F.A.P.O.) qui a la particularité d'avoir une vocation régionale, sa zone de compétence concernant le Liban, la Syrie et la Jordanie. Au Liban, l'institut a ses racines, sa bibliothèque centrale riche de 40 000 volumes - et la plus importante du Proche-Orient jusqu'à l'époque byzantine -, son service comptable, son imprimerie. A l'heure actuelle, l'I.F.A.P.O. gère une vingtaine de missions archéologiques en Syrie, une dizaine en Jordanie et une au Liban. Parmi les institutions étrangères comparables, l'I.F.A.P.O. est la seule qui, pendant la guerre du Golfe, soit restée ouverte dans ces pays, et, au Liban notamment, l'institut a été le premier et seul établissement de son type à reprendre pied dès octobre 1990et le premier et le seul à reprendre les activités de terrain dès l'été 1991 sur le site de Tell Arca (thème : origine et développement des établissements de l'âge du bronze sur le littoral syro-libanais). Cette mission de Tell Arca était suspendue depuis 1982 et la concession de fouilles est arrivée à terme en 1984 : l'I.F.A.P.O. n'en a pas moins assuré le gardiennage du site depuis ces dates. Le directeur de l'I.F.A.P.O. a pu effectuer une première mission d'inspection des lieux en décembre 1990 et rendre compte au directeur général a.i. des antiquités libanaises de son résultat : le site, bien gardé, n'est pas occupé et n'a pas subi de détériorations. Dans ces conditions favorables, une mission d'évaluation et d'étude a été effectuée par le responsable français de la mission en juin-juillet 1991 en vue de la réouverture du chantier qui s'effectuera en 1992 (quatre semaines de terrain en juin 1992 et six semaines de septembre à octobre 1992). Bien que les activités de terrain de l'I.F.A.P.O. se soient, depuis une dizaine d'années et, en raison des circonstance, situées en Syrie et Jordanie, sa présence n'a jamais cessé au Liban (cf. bibliothèque), l'institut y imprimant notamment la majorité de ses publications. Des moyens financiers sont maintenant nécessaires pour le réaménagement - qui a commencé - des locaux de l'institut à Beyrouth endommagés par la guerre ainsi que des moyens humains pour la réouverture de sa bibliothèque. L'I.F.A.P.O. sera alors en mesure de jouer pleinement son rôle de centre de documentation (bibliothèque), d'accueil (missions de passage), de diffusion (publications, colloques, expositions) et de conseil auprès de la direction des antiquités libanaises. A la demande de celle-ci, le ministère des affaires étrangères est associé à la réflexion sur la reprise d'une fouille située au coeur du centre-ville - dans un secteur particulièrement touché par la guerre - et qui concerne un ensemble monumental de très grande valeur, ainsi que sur la réfection du musée de Beyrouth, aujourd'hui hors d'état de servir, mais qui devrait pouvoir rapidement remplir ses fonctions de musée national. Par ailleurs, il est à noter que le ministère des affaires étrangères a accordé en 1991 une subvention de 400 000 francs à l'association pour la sauvegarde de Tyr. On peut donc conclure que notre pays reste très présent dans le domaine de l'archéologie et du patrimoine et qu'il est prêt, si les conditions le permettent, à agir efficacement pour la sauvegarde du patrimoine libanais.

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