Question de M. HABERT Jacques (Français établis hors de France - NI) publiée le 31/10/1991

M. Jacques Habert fait part à Mme le ministre de la coopération et du développement de la vive émotion créée dans la communauté française d'Haïti par l'ordre donné aux coopérants techniques, suite aux changements politiques qui se sont produits récemment dans ce pays, de quitter leurs fonctions et de retourner en France. La nation haïtienne se trouve depuis plusieurs années dans une situation économique des plus difficiles. Celle-ci va s'aggraver encore si l'embargo décidé sur le plan international pour faire pression sur les nouvelles autorités politiques du pays est strictement appliqué. Dans ces conditions, le départ de coopérants français affectés à des projets tendant essentiellement à améliorer les conditions de vie du peuple haïtien est ressenti localement comme un véritable abandon, notamment par ceux de nos compatriotes installés depuis longtemps dans ce pays qui, eux, demeurent sur place et rappellent qu'en Afrique et en Haïti même, sous un régime précédent, la France a continué à coopérer, pour des raisons humanitaires, et dans le seul intérêt des populations, avec les régimes en place, même quand ceux-ci étaient critiquables sur le plan de la démocratie. Le principe d'une coopération destinée aux peuples, et non pas aux gouvernants, a toujours été proclamé par la France. Ce principe reste-t-il appliqué, aujourd'hui, dans les dispositions prises par le Gouvernement vis-à-vis d'Haïti ?

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Réponse du ministère : Coopération publiée le 02/07/1992

Réponse. - En repliant son assistance technique et en suspendant son aide d'une manière générale, la France a naturellement adopté la position de l'ensemble des donateurs bi ou multi-latéraux, visant à marquer le désaccord de la communauté internationale sur le coup d'Etat qui a interrompu l'expérience démocratique d'Haïti, et entraîné des atteintes graves et répétées aux droits de l'homme. Néanmoins, le Gouvernement, soucieux de préserver les intérêts de la communauté française, a maintenu ses professeurs expatriés et son aide en subvention au lycée Alexandre-Dumas, établissement qui est toujours reconnu par le ministère français de l'éducation nationale. Par ailleurs, l'institut français continue de fonctionner et d'accueillir étudiants et intellectuels haïtiens qui viennent chercher dans notre langue et notre culture des valeurs de liberté et de démocratie que la France ne cesse de véhiculer de par le monde. Enfin, si la coopération française a été interrompue avec les autorités de facto, elle n'en demeure pas moins attentive aux populations défavorisées. Celles-ci bénéficient de notre assistance humanitaire à travers des organisations non gouvernementales mettant en oeuvre des crédits du fonds d'aide et de coopération dans les domaines de l'eau, des intrants agricoles, de la santé et en assurant la distribution de l'aide alimentaire d'urgence.

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