Question de M. HABERT Jacques (Français établis hors de France - NI) publiée le 29/08/1991

M. Jacques Habert appelle l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur les concerts donnés cet été en Amérique, sous son égide, par des chanteurs de style " funk ", " reggae " et autres : le Guinéen Mory Kanté " maître du yé ké yé ké ", l'Algérien Cheb Khaled " roi du raï ", dont les paroles se sont avérées trop révolutionnaires dans son pays et le groupe gitan des " Gipsy Kings " qui allient, selon les notices de presse " leur force de percussion et leur intensité vocalique dans un mélange détonant ". Ces artistes, dont le talent n'est pas en cause, mais qui ne chantent pas en français - pas plus d'ailleurs qu'en anglais - ont été les vedettes du concert offert gratuitement à New York, à l'occasion du 14 juillet, par le Bureau français de la musique : les Gipsy Kings ont fait ensuite une tournée dans vingt et une villes américaines. Ces exhibitions sous patronage officiel français n'ont pas manqué de provoquer un certain étonnement, pour dire le moins, parmi nos amis américains et québecois et, surtout, dans les communautés françaises à qui, par une malheureuse coïncidence les consulats de France venaient d'annoncer à regret que les bourses attribuées aux enfants français de nos établissements d'enseignement seraient réduites pour la prochaine année scolaire, dans plusieurs postes des Etats-Unis et du Canada, et notamment à New York, de plusieurs millions de francs en raison de la rigueur budgétaire. Il lui demande donc, dans le cadre de ces difficultés financières, quel est le montant des dépenses affectées à ces concerts par son ministère ou tout autre organisme officiel français, et l'interroge pour savoir s'il ne lui semble pas que les crédits afférents auraient pu être mieux utilisés pour la promotion et la défense de la langue, de la musique et de la culture françaises à l'étranger.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 19/03/1992

Réponse. - Le 14 juillet dernier, à New York 35 000 spectacteurs applaudissaient les Gipsy Kings, Cheb-Khaled et Mory Kanté. Cette manifestation a connu un grand succès. Depuis, elle est citée régulièrement par les professionnels français comme un exemple à suivre. Aujourd'hui la France est pluriculturelle et cette diversité constitue une richesse et une force. Outre la chanson et les musiques françaises largement aidées à l'exportation, s'expriment sur notre sol différentes formes musicales telles que le raï de Cheb Khaled, les musiques gitanes des Gipsy Kings (de nationalité française), les musiques africaines, dont Mory Kanté est une des illustrations (le yéké yéké n'étant pas un genre musical mais le titre d'une chanson), les musiques antillaises, en français ou en créole. Certains artistes sont français, d'autres appartiennent à l'espace francophone, mais tous participent à faire de la France et de Paris en particulier, ce lieu majeur de rencontres des musiques du monde. Si certains français aux Etats-Unis ont pu s'étonner du choix fait par le ministère de la culture et de la communication, il convient de les rassurer sur le bien-fondé de cette opération ainsi que sur sa portée. En premier lieu, elle a coûté très peu cher est s'est révélée efficace. Les professionnels américains de leur côté ont investi beaucoup dans la manifestation. Trois présidents de firmes discographiques américaines étaient présents. Par ailleurs, les professionnels des médias, du disque et du spectacle vivant au Québec, ceux-ci prennent de plus en plus en considération cette dimension francophone. Cela, par voie de conséquence, signifie la reconnaissance des langues officielles nationales parlées dans les pays de l'espace francophone et parfois même leur promotion. Cette dimension constitue d'ailleurs un des programmes prioritaires de l'A.C.C.T., agence de coopération culturelle et technique francophone. La concurrence des Etats-Unis dans le domaine du marché du disque est de plus en plus rude. Il convient donc au contraire, de saluer cette démarche de solidarité francophone, car elle est aujourd'hui le moyen le plus efficace pour permettre aux artistes français de pénétrer le marché américain. Notre pays doit garder son rôle moteur et de promotion vis-à-vis des cultures du monde francophone.

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