Question de M. TAITTINGER Pierre-Christian (Paris - U.R.E.I.) publiée le 08/08/1991
M. Pierre-Christian Taittinger demande à M. le ministre de l'environnement comment peut-on expliquer que les eaux du Golfe soient à nouveau navigables et débarrassées de la pollution, alors que les médias avaient annoncé qu'il faudrait attendre cinq ans pour arriver à cette solution ? Quelles techniques ont été utilisées ? Notre pays a-t-il pris part à ces opérations de remise en état et de nettoyage ?
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Réponse du ministère : Environnement publiée le 09/07/1992
Réponse. - La pollution massive qui a résulté de la guerre du Golfe a principalement touché les milieux littoraux, les nappes d'hydrocarbures ayant été pour l'essentiel drossées sur les côtes par le jeu des courants et des vents. Les nappes dérivant en mer se sont naturellement dispersées. Tous les experts envoyés sur place ont souligné la contradiction flagrante entre les chiffres officiels - volume de pétrole initialement déversé, volumes de pétrole récupérés, quantités drossées sur les côtes ou flottant sur la frange littorale - et la réalité. Selon les estimations les plus sérieuses faites par les garde-côtes des Etats-Unis, le déversement initial aurait été de 160 à 240 000 tonnes au regard des 1,280, voire 1,6 million de tonnes avancés officiellement. Ce point étant précisé et l'importance de la pollution ramenée à sa juste grandeur, la reprise de la navigation maritime dans cette région du globe relève donc de la normalité. Au regard de l'impact que cette pollution a eu sur les milieux naturels, l'expérience acquise à la faveur des nombreux accidents qui ont marqué, au cours de ces deux dernières décennies le transport maritime pétrolier a conforté le point de vue de nombreux experts selon lequel, même en l'absence de toute intervention humaine, les conséquences des pollutions s'estompent avec le temps, les milieux perturbés retrouvant un équilibre souvent proche de celui existant initialement. Selon toutes possibilités plusieurs années seront encore nécessaires pour que certains écosystèmes touchés et notamment les écosystèmes coralliens retrouvent leur état originel. Les opérations de récupération directe, confinement et récupération et nettoyage ont été menées essentiellement sur le littoral, dans les zones d'accumulation des hydrocarbures : haut des marais littoraux, mangroves, intérieur des baies. Il a été fait appel aux diverses techniques désormais classiques de récupération et de nettoyage largement diffusées depuis la catastrophe de l'Amoco-Cadiz. Les autorités françaises disposant de matériels et de moyens de lutte (Marine nationale, ministère chargé de la mer (direction des ports et de la navigation maritime), ministère de l'intérieur) n'ont pas eu à intervenir, de nombreux Etats européens, non engagés dans l'effort financier que représentait la guerre du Golfe, ayant pris l'initiative de mettre à disposition des Etats riverains du Golfe les matériels nécessaires. Par contre la France a apporté une aide non négligeable aux autorités de ces pays en dépêchant sur place des experts du Centre de documentation, recherches et expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), spécialement formés aux techniques de nettoyage en milieu de marais, notamment dans le cadre du " groupe d'intervention " (Task Force) relevant de la commission des Communautés européennes.
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