Question de M. VIGOUROUX Robert-Paul (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 11/07/1991

M. Robert-Paul Vigouroux appelle l'attention de M. le ministre de la recherche et de la technologie sur la recherche médicale en matière de vieillissement cérébral. En effet, ce domaine est encore méconnu. Aussi, il souhaiterait connaître la part du budget que la France consacre à cette recherche, l'état d'avancement des travaux en matière de lutte contre le vieillissement cérébral et, enfin, les programmes communautaires existants. Par ailleurs, s'interrogeant sur les implications qu'aurait, sur les relations Nord-Sud, la découverte d'un moyen de ralentir le vieillissement cérébral, il le remercie de lui faire connaître si des études ont été déjà menées en ce sens et si les organismes de contrôle éthique ont déjà communiqué leur position sur le sujet.

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Réponse du ministère : Recherche publiée le 30/04/1992

Réponse. - Les recherches en matière de lutte contre le vieillissement cérébral sont actuellement les suivantes : A. Recherches neuropathologiques. - 1. Neurochimiques : ces recherches tentent de mettre en évidence les dysfonctionnements puis les altérations organiques des systèmes neuronaux qui seraient responsables de l'expression et de l'évolution de la maladie. Pendant longtemps, les recherches se sont calquées sur la physiopathologie de la maladie de Parkinson qui est caractérisée par la dégénérescence des cellules productrices de dopamine avec pour conséquence un traitement par dopathérapie. L'hypothèse la plus sérieuse pour les démences de type Alzheimer (D.T.A.) a été celle d'un trouble des systèmes cholinergiques, même si les retombées thérapeutiques sont restées très incertaines. Une limite à ce type d'approche est due vraisemblablement au fait que plusieurs systèmes de neuromédiateurs sont impliqués au décours des différentes phases des processus cognitifs et amnésiques. Une autre limite de ces hypothèses, est l'absence de prise en compte de l'aspect évolutif dégénératif des D.T.A. Actuellement, l'étude des mécanismes neurochimiques des processus dégénératifs aboutit à des hypothèses qui offrent de nouvelles perspectives thérapeutiques. Ces hypothèses décrivent la production par l'organisme lui-même de substances neurotoxiques, pour des raisons non identifiées : autoimmunes, environnementales, infectieuses, etc. L'hypothèse est celle d'un déséquilibre entre production de neurotoxines et activité des systèmes de détoxication, ce déséquilibre pouvant être accentué par la sénescence elle-même. Parmi les neurotoxines impliquées dans ces phénomènes, on privilégie actuellement les acides aminés excitateurs, l'excès de calcium neuronal, les radicaux libres (stress oxydatif), voire la protéine b amyloïde, marqueur des D.T.A., qui pourrait elle-même se comporter comme une neurotoxine conduisant ainsi à un cercle vicieux d'agression neuronale. Bien que par définition les D.T.A. ne soient pas d'origine exogène, certaines hypothèses testent l'association du rôle toxique de certains métaux (aluminium, fer, cuivre, etc.) et d'une sensibilité particulière sans doute d'origine génétique. L'utilisation de la biologie moléculaire peut apporter et apportera certainement une aide précieuse en permettant l'expression, dans des cellules ou chez des animaux, des marqueurs des D.T.A. : cette approche peut conduire à une meilleure connaissance de ces marqueurs et faciliter la mise au point des moyens de lutte contre leur production. 2. Génétiques : il est généralement admis qu'il existe des cas familiaux de D.T.A. Cependant, les modes de transission restent problématiques à élucider, notamment du fait de certaines formes de D.T.A. d'apparition tardive et donc n'ayant pas le temps de s'exprimer. La recherche actuelle s'oriente notamment vers l'identification de gènes " marqueurs " de la maladie. L'hypothèse du chromosome 21 et du gène de la protéine amyloïde, malgré son manque de spécificité (la b amyloïde étant augmentée dans les D.T.A., la trisomie 21 et le vieillissement normal), reste une hypothèse très étudiée. 3. Virales : cette voie de recherche fait suite aux travaux ayant montré l'origine virale de la démence de Creutzfeld-Jacob. Bien que l'éventualité d'une transmission virale des D.T.A. ait été réfutée, le rôle éventuel d'une infection sur un terrain génétiquement prédisposé ne peut être exclu. B. - Recherches psychopathologiques : cette recherche a eu un essor particulièrement important ces dernières années. Elle a eu pour objet, dans un premier temps, de construire des outils (test) de quantification des processus cognitifs et mnésiques. Ceci a abouti à la proposition de différentes modélisations qui permettent une description de ces processus et de leurs désordres. Les modélisations les plus complexes faisant appel à l'informatique et plus précisément à l'intelligence artificielle, offrent des perspectives théoriques non négligeables. C. - Recherches thérapeutiques. - 1. Thérapeutiques médicamenteuses : actuellement, parmi la quarantaine de produits testés en clinique, deux sont plus avancés et objet de controverse quant à leur réelle efficacité. Il s'agit de deux produits, s'appuyant sur l'hypothèse classique de déficit en acétylcholine, la Tacrine et la Velnacrine. Parmi les autres produits en développement, un bon nombre sont issus des hypothèses neurotoxiques, il s'agit de produits régulant le glutamate (amino acide excitateur), deproduits anti-stress oxydatif, ou encore anti-calciques. Cependant, cette recherche se heurte à une difficulté majeure que représente l'absence de méthodologie validée pour la démonstration de l'efficacité d'un produit. Il est à remarquer que seule la F.D.A. (Food and Drug Administration) a proposé en 1990 un avant-projet de recommandation pour l'évaluation clinique de médicaments " anti-démence ". 2. Thérapeutiques cognitives : les thérapeutiques font appel aux connaissances de la neuropsychologie. Elles proposent des prises en charge individuelles ayant pour but de préserver l'autonomie de fonctionnement des individus. Ainsi des tentatives de rééducation et d'entretien de certaines capacités mnésiques ont été proposées. C'est notamment grâce aux connaissances de la neuropsychologie que l'utilisation de contrastes architecturaux et décoratifs a été proposée dans l'agencement des lieux de prise en charge des personnes âgées. Ceci faisait suite à la mise en évidencedu rôle favorable d'indices contextuels dans les tâches d'apprentissage verbal chez les patients atteints de D.T.A. débutante. En conclusion, si la grande majorité des travaux de recherche clinique sur le vieillissement cérébral prennent pour cible le vieillissement pathologique, c'est-à-dire les démences séniles, il est évident que les " retombées " de ces travaux seront également profitables au " vieillissement non pathologique ". La connaissance du rôle des facteurs environnementaux, sociaux e affectifs dans la rapidité d'évolution des D.T.A. a été tout autant favorable à ces patients qu'aux personnes " simplement âgées " du troisième et du quatrième âge. Il en sera vraisemblablement de même des thérapeutiques médicamenteuses, non pas dans l'idée " d'enrayer " le vieilissement (ce qui est un non-sens physiologique), mais dans la perspective d'en prévenir ou corriger les désagréments. Pour ce qui est précisément des thérapeutiques des D.T.A., que celles-ci soientsymptomatiques (palliatives) ou qu'elles visent la correction ou le ralentissement des processus neurodégénératifs (préventives), un des facteurs clés sera celui de la précocité de la prise en charge et donc celui de l'identification du trouble. Les travaux actuels neuropsychologiques aussi bien que neurobiologiques à la recherche de " marqueurs " cliniques et biologiques doivent donc permettre d'atteindre cette précocité d'intervention en séparant le plus tôt possible le vieillissement normal du vieillissement pathologique. Quand aux moyens engagés, il convient d'indiquer que les travaux mentionnés ci-dessus concernant vingt unités de recherche du Centre ; important ces dernières années. Elle a eu pour objet, dans un premier temps, de construire des outils (test) de quantification des processus cognitifs et mnésiques. Ceci a abouti à la proposition de différentes modélisations qui permettent une description de ces processus et de leurs désordres. Les modélisations les plus complexes faisant appel à l'informatique et plus précisément à l'intelligence artificielle, offrent des perspectives théoriques non négligeables. C. - Recherches thérapeutiques. - 1. Thérapeutiques médicamenteuses : actuellement, parmi la quarantaine de produits testés en clinique, deux sont plus avancés et objet de controverse quant à leur réelle efficacité. Il s'agit de deux produits, s'appuyant sur l'hypothèse classique de déficit en acétylcholine, la Tacrine et la Velnacrine. Parmi les autres produits en développement, un bon nombre sont issus des hypothèses neurotoxiques, il s'agit de produits régulant le glutamate (amino acide excitateur), deproduits anti-stress oxydatif, ou encore anti-calciques. Cependant, cette recherche se heurte à une difficulté majeure que représente l'absence de méthodologie validée pour la démonstration de l'efficacité d'un produit. Il est à remarquer que seule la F.D.A. (Food and Drug Administration) a proposé en 1990 un avant-projet de recommandation pour l'évaluation clinique de médicaments " anti-démence ". 2. Thérapeutiques cognitives : les thérapeutiques font appel aux connaissances de la neuropsychologie. Elles proposent des prises en charge individuelles ayant pour but de préserver l'autonomie de fonctionnement des individus. Ainsi des tentatives de rééducation et d'entretien de certaines capacités mnésiques ont été proposées. C'est notamment grâce aux connaissances de la neuropsychologie que l'utilisation de contrastes architecturaux et décoratifs a été proposée dans l'agencement des lieux de prise en charge des personnes âgées. Ceci faisait suite à la mise en évidencedu rôle favorable d'indices contextuels dans les tâches d'apprentissage verbal chez les patients atteints de D.T.A. débutante. En conclusion, si la grande majorité des travaux de recherche clinique sur le vieillissement cérébral prennent pour cible le vieillissement pathologique, c'est-à-dire les démences séniles, il est évident que les " retombées " de ces travaux seront également profitables au " vieillissement non pathologique ". La connaissance du rôle des facteurs environnementaux, sociaux e affectifs dans la rapidité d'évolution des D.T.A. a été tout autant favorable à ces patients qu'aux personnes " simplement âgées " du troisième et du quatrième âge. Il en sera vraisemblablement de même des thérapeutiques médicamenteuses, non pas dans l'idée " d'enrayer " le vieilissement (ce qui est un non-sens physiologique), mais dans la perspective d'en prévenir ou corriger les désagréments. Pour ce qui est précisément des thérapeutiques des D.T.A., que celles-ci soientsymptomatiques (palliatives) ou qu'elles visent la correction ou le ralentissement des processus neurodégénératifs (préventives), un des facteurs clés sera celui de la précocité de la prise en charge et donc celui de l'identification du trouble. Les travaux actuels neuropsychologiques aussi bien que neurobiologiques à la recherche de " marqueurs " cliniques et biologiques doivent donc permettre d'atteindre cette précocité d'intervention en séparant le plus tôt possible le vieillissement normal du vieillissement pathologique. Quand aux moyens engagés, il convient d'indiquer que les travaux mentionnés ci-dessus concernant vingt unités de recherche du Centre national de la recherche scientifique ainsi que vingt-neuf unités de recherche de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale ; ce dernier y consacre 61 MF cette année. Pour sa part, le ministère de la recherche et de l'espace a, pendant six ans, conduit une action incitative dans le domaine du vieillissement cérébral, dont le budget global a été de 40 MF. Au niveau de la C.E.E., le vieillissement est un des axes prioritaires du programme Biomed 1. Concernant les pays du " Sud ", la signification du ralentissement du vieillissement cérébral n'est pas la même, puisque c'est avant tout la lutte contre les maladies parasitaires et de malnutrition qui est aujourd'hui prioritaire pour que ces pays puissent être " confrontés " au vieillissement. Le ministère de la recherche et de l'espace n'a pas engagé de réflexion éthique sur le sujet, dans la mesure où il ne conçoit aucune concurrence entre le développement des programmes qui visent à ralentir le vieillissement cérébral et ceux qui ont pour objectif de lutter contre les causes de morbidité et de mortalité dans les pays pauvres. ; national de la recherche scientifique ainsi que vingt-neuf unités de recherche de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale ; ce dernier y consacre 61 MF cette année. Pour sa part, le ministère de la recherche et de l'espace a, pendant six ans, conduit une action incitative dans le domaine du vieillissement cérébral, dont le budget global a été de 40 MF. Au niveau de la C.E.E., le vieillissement est un des axes prioritaires du programme Biomed 1. Concernant les pays du " Sud ", la signification du ralentissement du vieillissement cérébral n'est pas la même, puisque c'est avant tout la lutte contre les maladies parasitaires et de malnutrition qui est aujourd'hui prioritaire pour que ces pays puissent être " confrontés " au vieillissement. Le ministère de la recherche et de l'espace n'a pas engagé de réflexion éthique sur le sujet, dans la mesure où il ne conçoit aucune concurrence entre le développement des programmes qui visent à ralentir le vieillissement cérébral et ceux qui ont pour objectif de lutter contre les causes de morbidité et de mortalité dans les pays pauvres.

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