Question de M. LENGLET Charles-Edmond (Somme - R.D.E.) publiée le 11/07/1991

M. Charles-Edmond Lenglet appelle tout particulièrement l'attention de M. le ministre de l'environnement sur les graves conséquences pour la faune piscicole de la prolifération d'espèces protégées et particulièrement des hérons cendrés. Dans le département de la Somme qui compte 6 000 hectares de marais, d'étangs et de zones humides leur nombre n'a jamais été aussi important de mémoire d'homme. Avant d'être classé protégé, le héron était toujours abondant et pourtant son seul régulateur était l'homme, car le héron n'a pas de prédateur. Aujourd'hui, la situation est devenue intolérable. Ces oiseaux, éminemment nuisibles, se promènent en toute quiétude dans les frayères, tuent les reproducteurs, pillent les piscicultures, ne craignant même plus l'approche de l'homme ni le bruit des pétards. La fédération départementale des pêcheurs, les maires des communes de vallée, les pêcheurs, les propriétaires d'étangs estiment que cette situation ne peut plus durer. Il faut absolument que des mesures soient prises pour limiter la prolifération d'espèces protégées telles que les hérons, les goélands et maintenant les cormorans qui commencent à venir piller nos rivières. Il lui demande en conséquence les mesures qu'il compte prendre pour protéger les poissons en régulant les populations excédentaires de ces espèces.

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Réponse du ministère : Environnement publiée le 30/07/1992

Réponse. - Un groupe de travail chargé en 1983 de faire une mise au point objective sur la réalité du problème posé par les oiseaux piscivores a rendu ses conclusions en 1989. Il en ressort que les données permettant d'attribuer les pertes de poisson en rivière à ces oiseaux sont insuffisantes. En effet, la pollution, dont les effets sont souvent considérables, et le mauvais entretien de cours d'eau contribuent à aggraver le phénomène. De ce fait, l'utilité d'empoissonnements massifs est contestable si des mesures d'accompagnement ne sont pas prises pour entretenir les cours d'eau et lutter contre les pollutions diverses mettant en péril la survie des poissons déjà manipulés. Il semble donc que les oiseaux piscivores, dont les hérons, sont souvent injustement accusés d'une situation écologique profondément perturbée. Il résulte de l'examen des travaux d'un groupe de travail suisse, associant l'administration, les pêcheurs et les protecteurs de la nature, que la prédation du héron est très faible et contribue en fait à diminuer les grandes causes de mortalité des poissons dues à des pathologies diverses. De ce fait, le groupe a conclu à la priorité de la protection du héron cendré. Se fondant sur ces résultats, le ministère de l'environnement conclut à la nécessité de poursuivre les actions de protection des hérons d'autant qu'il existe des moyens de protection des piscicultures. Concernant d'autres oiseaux piscivores tels que les cormorans, sont actuellement mises en place à titre strictement expérimental sur les étangs de la Brenne et des Dombes, des méthodes d'effarouchement sonores, lumineuses et par tirs, ces derniers ne peuvent être mis en oeuvre que par des agents, notamment de l'Office national de la chasse, autorisés par le ministre de l'environnement. Parallèlement, dans l'attente des résultats de ces expériences, est envisagée la tenue en Brenne au printemps 1992 d'une réunion des experts des Etats membres de la Communauté économique européenne, afin que les problèmes de la pisciculture française en étang soient mieux appréhendés au sein de la Communauté. Des études de régulation des populations sur les sites de nidification au Danemark et aux Pays-Bas pourraient alors être envisagées si nos interlocuteurs sont convaincus de leur nécessité. Dans l'hypothèse où cette démarche n'aboutirait pas, seule une modification du niveau de protection du grand cormoran, à l'image de ce qui est fait pour le goéland argenté ou la mouette rieuse permettrait, sur la base de dossiers scientifiquement fondés, de tenter d'apporter la meilleure solution possible aux problèmes actuellement rencontrés.

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