Question de M. PERCHERON Daniel (Pas-de-Calais - SOC) publiée le 06/06/1991
M. Daniel Percheron attire l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication concernant la baisse importante de la lecture au cours de ces vingt dernières années. D'après l'I.N.S.E.E., au cours de ces vingt dernières années, la baisse de la lecture a été particulièrement forte pour ceux qui sont encore dans le système scolaire (élèves et étudiants). Tous les étudiants de 1967 lisaient au moins un livre par mois, ils ne sont plus que les deux tiers aujourd'hui. Parmi ceux qui ont quitté le système scolaire, la lecture a beaucoup diminué chez les diplômés moyens et les bacheliers. La démocratisation de l'enseignement, l'affaiblissement de l'exemple parental, la concurrence de la télévision ou d'autres activités de loisirs n'expliquent pas à eux seuls l'ampleur du phénomène. D'ailleurs, cette baisse de la lecture s'inscrit dans un contexte général de baisse des pratiques culturelles " légitimes ". Ainsi la fréquentation des théâtres et des salles de concert a connu une évolution analogue. En conséquence, il lui demande de bien vouloir examiner ce problème afin d'envisager des solutions susceptibles d'améliorer cette situation.
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Réponse du ministère : Culture publiée le 01/08/1991
Réponse. - Si l'enquête sur les loisirs de l'I.N.S.E.E., aussi bien que la récente enquête du ministre de la culture et de la communication sur " les pratiques culturelles des Français " révèlent une tendance à la baisse de la lecture chez les jeunes, il convient néanmoins de nuancer ce constat. Cette baisse de la lecture n'est pas systématique et elle est d'ampleur très diverse : on constate notamment la diminution du pourcentage des Français qui ne lisent jamais (30 p. 100 en 1973 et 25 p. 100 en 1988). Le fléchissement de la lecture chez les jeunes est surtout sensible chez les forts lecteurs. D'autre part il semble qu'on assiste à une évolution dans les manières de lire. La lecture de magazines, qui selon ces mêmes enquêtes a spectaculairement progressé, aurait tendance à se substituer à la lecture traditionnelle de livres. L'enquête I.N.S.E.E. indique par ailleurs que " là où la baisse de la lecture a été forte, celle-ci a été beaucoup moins prononcée parmi les personnes inscrites à une bibliothèque que parmi les autres. En ce sens la multiplication des bibliothèques a été un frein à la chute de la lecture ". Le ministère de la culture et de la communication entend donc poursuivre la politique engagée en faveur des bibliothèques depuis 1981. Le ministère tient à rappeler que l'effort de l'Etat pour les bibliothèques municipales a déjà produit des résultats encourageants : aujourd'hui, on compte 16 p. 100 de la population inscrite dans les bibliothèques municipales contre 10 p. 100 en 1981. La mise en oeuvre de la bibliothèque de France devra être l'occasion de conforter et redynamiser les initiatives en faveur de la lecture. Pour assurer la présence du livre sur tous les lieux de proximité et permettre une rapidité d'intervention les moyens mis à la disposition des régions augmentent régulièrement : plus de 55 p. 100 des crédits consacrés au développement de la lecture ont été déconcentrés en 1991. Enfin la procédure desconventions de développement culturel doit favoriser la mise en oeuvre de plans départementaux de lecture publique et l'émergence de projets " villes - lecture ".
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