Question de M. MATHIEU Serge (Rhône - U.R.E.I.) publiée le 21/03/1991

M. Serge Mathieu appelle l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, sur la situation dramatique que connaissent depuis plusieurs années les populations négro-africaines de Mauritanie et qui a notamment fait l'objet d'un rapport rendu public le 2 octobre 1990 par Amnesty International faisant état de centaines d'exécutions sommaires dans le sud du pays. La France ne pouvant demeurer indifférente à de telles atteintes aux droits de l'homme, il lui demande quelles initiatives compte prendre le Gouvernement en faveur des populations ainsi menacées d'un véritable génocide.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 26/09/1991

Réponse. - L'antagonisme ancien qui oppose en Mauritanie les Maures aux groupes négro-africains a pris une tournure dramatique au cours des dernières années. Les populations mauritaniennes noires de la vallée du fleuve Sénégal ont en effet été les principales victimes de la persistance, depuis avril 1989, de la tension entre la Mauritanie et le Sénégal, en subissant notamment les exactions de l'armée mauritanienne chargée de la surveillance des frontières. Les négociations engagées entre les deux pays, que la France encourage, sont consacrées à la recherche d'un règlement aux problèmes humains engendrés par ce contentieux. Par ailleurs, l'arrestation, en novembre 1990, de militaires d'ethnies négro-africaines accusés de complot a entraîné l'exécution sans jugement ou la disparition de plusieurs centaines d'entre eux. La France n'est pas restée indifférente à ces graves atteintes aux droits de l'homme. Elle a clairement exprimé sa très vive préoccupation aux dirigeants mauritaniens et les a appelés à mettre fin à cette situation. C'est le message que M. Roland Dumas, ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, a transmis aux plus hauts responsables du pays lors de sa visite à Nouakchott, le 5 avril 1991. L'apaisement des tensions internes en Mauritanie - que la France souhaite ardemment - devrait aller de pair avec la démocratisation des institutions récemment entreprises. Le processus que le chef de l'Etat mauritanien semble vouloir mettre en oeuvre rapidement à cet effet est de nature, s'il est mené dans le respect de la pluralité des opinions et d'une représentation équitable de toutes les composantes de ce pays, à ouvrir les voies d'une réconciliation nationale. La France, amie traditionnelle de la Mauritanie, demeure attentive aux préoccupations des populations de ce pays.

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