Question de M. TAITTINGER Pierre-Christian (Paris - U.R.E.I.) publiée le 17/01/1991
M. Pierre-Christian Taittinger demande à M. le ministre d'Etat, ministre de la Ville, si, dans sa réflexion qu'il conduit concernant le futur projet de loi anti-ghetto, il inclut une volonté d'esthétique. Trop souvent, le logement social a été assimilé à une certaine conception de laideur, de banalité et d'inconfort. Si les grands ensembles et les banlieues avaient été conçus avec une recherche de beauté et d'élégance, avec une détermination culturelle, la situation aujourd'hui serait totalement différente. Si le texte gouvernemental ne prend pas prioritairement en considération cette détermination, il ne servira à rien d'obliger les promoteurs privés à céder une partie de leurs terrains bâtis ou non à la commune et d'imposer aux contribuables des taxes supplémentaires. Il n'est pas concevable au XXe siècle de faire vivre des citadins dans des lieux désespérants.
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Réponse du ministère : Ville publiée le 24/09/1992
Réponse. - Les responsables, à tous les niveaux, de la politique urbaine, comme la plupart des citadins eux-mêmes, sont de plus en plus conscients de l'importance qui s'attache, dans chaque ville, à la valeur de l'architecture, à la qualité des espaces publics et à l'harmonie du paysage urbain. Ils récusent largement le modèle de ville éclatée des vingt ou trente dernières années, sans repères, fragmentée par les infrastructures, dépourvue d'identité et de mémoire. Ils portent un regard critique sur les barres et les tours des grands ensembles comme sur la laideur et l'anonymat des territoires de banlieue. Les maîtres d'oeuvre eux-mêmes se sont lassés de construire sans vraiment créer. Un très grand effort, vivement encouragé par les pouvoirs publics, a donc été engagé, depuis plusieurs années sur de nombreux fronts, pour promouvoir la qualité de l'architecture et l'exigence de la composition urbaine. Grâce notamment aux " programmes d'architecture nouvelle " et aux " palmarès de l'habitat ", les jeunes maîtres d'oeuvre ont trouvé des voies créatrices. Grâce à la charte " pour une architecture de la réhabilitation " des opérations exemplaires de remise en état d'immeubles anciens ont pu être réalisées et diffusées. Grâce à " Banlieues 89 ", il a pu en être de même pour plus de 150 opérations d'aménagement urbain intégré. Une véritable croisade contre la fatalité de la laideur a été engagée, qui a largement porté ses fruits. Aujourd'hui, les démarches de développement social urbain prennent systématiquement en compte le souci de qualité, tant esthétique que d'usage. Mais la beauté et l'harmonie ne se décrètent pas. En créant le " droit à la ville ", la LOV ne pouvait, sans vanité, affirmer d'exigence en ce sens. En stipulant que les pouvoirs publics " assurent à tous les habitants des villes des conditions de vie et d'habitat favorisant la cohésion sociale et de nature à éviter ou à faire disparaître les phénomènes de ségrégation ", cette loi a posé les principes et précisé les moyens permettant d'assurer l'équilibre du tissu urbain et l'insertion de chaque quartier dans la cité. Le législateur a ainsi mis en place les conditions nécessaires. Il appartient, en aval, à chaque responsable de veiller, cas par cas, à la qualité de la ville.
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