Question de M. MÉLENCHON Jean-Luc (Essonne - SOC) publiée le 05/07/1990

M. Jean-Luc Mélenchon attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de l'environnement et de la prévention des risques technologiques et naturels majeurs, sur la forêt de Fontainebleau. En effet, cette forêt est un " patrimoine national " classé au titre de la loi du 2 mai 1930, depuis 1965, à cause de ses richesses floristiques et faunistiques, de sa diversité et de son intérêt touristique et scientifique. Ce site classé est soumis depuis 1970 par l'O.N.F., organisme industriel et commercial, à un type de sylviculture commerciale. Ce mode d'exploitation uniformise des peuplements forestiers autrefois très diversifiés (plus de 60 espèces recensées avant 1970 et actuellement deux essences principales : chêne rouvre et pin sylvestre), augmente l'enrésinement, détruit ses richesses et entraîne la disparition de son intérêt scientifique et touristique. Or, cette forêt périurbaine, très fréquentée, mérite plus que toutes les autres d'être " sauvegardée " et conservée. De façon à assurer la sauvegarde de l'intégrité territoriale et des richesses de ce patrimoine, il serait souhaitable qu'un statut spécial permettant en particulier l'application d'une sylviculture diversifiée et naturelle soit mis en place. Il souhaiterait connaître son avis afin que ce statut basé sur des textes de lois permette une gestion efficace par l'O.N.F.

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Transmise au ministère : Agriculture


Réponse du ministère : Agriculture publiée le 12/12/1991

Réponse. - Les services de l'office national des forêts ont vu se développer, depuis 1988, des critiques dirigées contre leur gestion de ce massif domanial et, notamment, leur sylviculture, considérée comme exclusivement " commerciale ". Selon ces critiques, dans cette forêt, seraient ignorées les directives nationales données par mes prédécesseurs à l'office national des forêts et qui n'ont cessé d'affirmer que la gestion de la forêt domaniale devait assurer la sauvegarde de toutes les potentialités et de toutes les richesses des milieux forestiers. L'examen des critiques, exprimées parfois de manière excessive, a montré qu'elles reposaient essentiellement sur des impressions visuelles et une connaissance insuffisante des réalités forestières. Pourtant, les forestiers n'ont pas ménagé leurs efforts pour étendre le dialogue avec l'ensemble des partenaires intéressés, mais le climat passionnel qui entourait souvent ces débats a conduit le directeur général de l'office national des forêts à demander l'avis d'une commission regroupant, sous l'autorité du professeur Jean Dorst, quelques scientifiques, professeurs au Muséum national d'histoire naturelle, reconnus pour leur compétence et leur impartialité. Le professeur Dorst lui a remis son avis le 3 avril 1990. Ce dernier relève une convergence d'objectifs entre le ministère de l'agriculture et de la forêt et son gestionnaire et les associations regroupant les usagers de la forêt. Il ne remet pas en cause, fondamentalement, la gestion du massif. Il propose quelques voies à explorer pour accroître la diversité biologique de la forêt et rendre sa gestion patrimoniale encore plus exemplaire. Dès maintenant, un ensemble de décisions ont été prises dans le sens de ce rapport : - d'une part, j'ai demandé au préfet de la Seine-et-Marne de constituer le dossier de classement en forêt de protection du massif de Fontainebleau et de me soumettre, ainsi qu'au ministre de l'équipement, un projet d'instruction relative à la conception et à la gestion du réseau routier à l'intérieur et autour du massif forestier car le développement rapide de la circulation, notamment de poids lourds, est en passe de déstructurer ce massif forestier ; - d'autre part, j'ai demandé, dans le cadre d'une directive particulière approuvée le 21 mars 1991 et rédigée en tenant le plus grand compte du rapport Dorst, au directeur général de l'office national des forêts de me proposer une révision anticipée du document d'aménagement qui régit la gestion de la forêt de Fontainebleau jusqu'en 2000. Pour tenir compte de l'évolution des demandes et des progrès des connaissances et des techniques, un nouvel aménagement prendra effet en 1995. Il sera appuyé sur des analyses approfondies auxquelles les spécialistes scientifiques compétents seront étroitement associés. Sans renoncer au rajeunissement indispensable de la forêt, les traitements sylvicoles tiendront le plus grand compte des paysages qu'ils chercheront à préserver dans toute leur richesse et leur diversité ; en particulier, l'impact visuel des coupes de régénération sera limité. L'élaboration de cet aménagement constituera une excellente opportunité pour développer le dialogue entretenu tant par les services du ministère de l'agriculture et de la forêt que par ceux de l'office national des forêts avec l'ensemble des partenaires et usagers intéressés par l'avenir de la forêt domaniale de Fontainebleau et, généralement, du massif forestier.

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