Question de M. HABERT Jacques (Français établis hors de France - NI) publiée le 09/11/1989
M. Jacques Habert demande à M. le Premier ministre si le Gouvernement ne pourrait pas, avant que l'année 1989 ne se termine, marquer de façon significative, par un geste symbolique, le tricentenaire de la naissance de Montesquieu. Personne ne conteste que l'illustre philosophe a largement inspiré les penseurs de la Révolution française (comme d'ailleurs de la révolution américaine). L'idée de séparation des pouvoirs, qui se trouve notamment dans L'Esprit des lois, a donné le fondement de plusieurs constitutions et de doctrines démocratiques universellement admises aujourd'hui ; " cette idée a inspiré les auteurs de la Déclaration des droits de 1789 et de la Constitution de 1791 ", a pu dire le secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences morales et politiques lors de l'assemblée solennelle des cinq académies de l'Institut de France réunies le 24 octobre dernier en hommage à " Montesquieu, les Lumières et la Révolution ". Pourtant, ce génial précurseur n'a été l'objet d'aucune attention officielle particulière lors de la célébration du Bicentenaire, qui s'achève. N'y a-t-il pas là un oubli à réparer ? Le 12 décembre prochain, les cendres de Monge et de l'abbé Grégoire seront transférées au Panthéon, et une plaque y sera apposée en souvenir de Condorcet, dont les restes mortels ont été perdus. Montesquieu se trouve dans le même cas : sa dépouille a disparu dans les bouleversements de la nécropole de Saint-Sulpice, à Paris, pendant la Terreur. C'est la raison pour laquelle les honneurs du Panthéon, qui lui avaient été conférés par le conseil des Anciens le 12 Ventôse an IV (2 mars 1796) n'ont pu lui être accordés. La procédure adoptée pour Condorcet permet aujourd'hui d'accomplir le voeu des législateurs de la Ire République et, en même temps, de répondre à une attente qui s'est plusieurs fois manifestée cette année. Montesquieu, Voltaire et Rousseau sont reconnus comme les trois écrivains ayant eu la plus grande influence sur l'éclosion des idées nouvelles au XVIIIe siècle. Voltaire et Rousseau sont au Panthéon ; ne serait-il pas juste qu'auprès d'eux, dans la même crypte, une plaque rappelle le souvenir de Montesquieu ?
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Réponse du ministère : Premier ministre publiée le 30/11/1989
Réponse. - En réponse à la question de l'honorable parlementaire, le Premier ministre lui indique qu'à deux reprises au moins, à l'Unesco le 19 mai 1989 et à l'Assemblée nationale le 6 juin, il a l'occasion d'évoquer lui-même le tricentenaire de la naissance de Montesquieu. Il tenait ainsi à rappeler non seulement cet événement, mais surtout la mémoire du grand penseur auquel la démocratie est redevable du principe de la séparation des pouvoirs. Toutefois, sans diminuer en rien le mérite de celui auquel la France n'a cessé de rendre un hommage légitime, on est en droit de penser que la célébration simultanée du tricentenaire de Montesquieu et du bicentenaire de la Révolution aurait pu être source de confusion plus que de pédagogie. Une même année est insuffisante en effet pour commémorer à la fois des événements aussi considérables que ceux de la Révolution française et une oeuvre aussi dense et subtile que celle de l'auteur de l'Esprit des lois.
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