Question de M. HABERT Jacques (Français établis hors de France - NI) publiée le 20/07/1989
M. Jacques Habert fait part à M. le ministre de l'équipement, du logement, des transports et de la mer du regret qu'il a éprouvé, en même temps sans doute que des milliers de Français ayant assisté au magnifique défilé des " Voiles de la liberté " à Rouen et sur la Seine, les 14, 15 et 16 juillet, en voyant que dans cette parade notre pays n'était représenté que par des navires, certes élégants et performants, mais ne pouvant soutenir la comparaison, quant aux dimensions, avec les vaisseaux imposants envoyés par dix-sept nations d'Europe et d'Amérique. La même constatation a pu être faite au cours de récentes années dans toutes les fêtes maritimes de ce genre, dans des célébrations ayant attiré des millions de spectateurs, telles que le bicentenaire de l'indépendance des Etats-Unis (en 1976), le 450e anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier (en 1984) ou le centenaire de la statue de la Liberté à New York (en 1986) ; il en sera probablementde même dans les prochaines semaines au rassemblement prévu en mer du Nord pour le 800e anniversaire du port de Hambourg. Etant donnés l'engouement que suscitent de telles manifestations, et le prestige qu'en retirent les participants, ne conviendrait-il pas que la France puisse y figurer de façon plus marquante ? Selon certaines informations, des trois-mâts subsisteraient, plus ou moins à l'abandon, dans certains de nos ports ; l'un d'eux, le " Duchesse Anne ", se trouve actuellement en rénovation à Dunkerque sans que l'Etat, paraît-il, ne vienne en aide à la société qui tente de le restaurer. De toute façon, nos chantiers navals, ceux de Saint-Nazaire par exemple, sont tout à fait capables de construire des navires identiques à ceux qui se sont illustrés dans notre histoire maritime. Nous disposons par ailleurs d'une industrie nautique de premier ordre qui vend au monde entier ses bateaux de plaisance et de course et produit des esquifs qui se distinguentdans toutes les compétitions transocéaniques et détiennent de nombreux records. Comment expliquer, dans ces conditions, que nous ayons négligé de mettre à l'eau un seul bâtiment de la taille des vaisseaux partout admirés et qui, de plus, constituent d'excellents bateaux-écoles pour les cadets de la marine. Il lui demande en conclusion ce qui peut être fait pour que cette lacune soit comblée et que la France soit enfin dotée d'un grand voilier qui lui fasse honneur sur les mers du globe.
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Transmise au ministère : Mer
Réponse du ministère : Mer publiée le 31/08/1989
Réponse. - Le ministre délégué chargé de la mer rappelle à l'honorable parlementaire que les dispositions du décret n° 88-384 du 20 juillet 1988 excluent expressément la " construction et la réparation navales " du champ de ses attributions et en conséquence, ne lui permettent pas d'intervenir dans le sens souhaité. Sa présence au défilé des " Voiles de la liberté ", à Rouen, montre cependant tout l'intérêt qu'il porte aux grands voiliers, et à cet égard ne peut que déplorer, lui aussi, que la production de navires de ce type dans le monde ne soit plus que marginale depuis qu'ils ont perdu tout rôle strictement économique. Il ne partage cependant pas le sentiment selon lequel la France, avec des navires tels que la Belle Poule ou l'Etoile, d'une taille plus modeste il est vrai, ne ferait pas bonne figure parmi le petit nombre de pays en mesure de présenter des navires de ce type. L'idée selon laquelle les grands voiliers pourraient être utilisés dans le cadrede la formation des cadets de marine ne peut, enfin, être retenue. La formation des officiers et marins de la marine marchande repose aujourd'hui en France sur l'idée de la polyvalence " pont-machine ". Ce concept ne permet donc pas de suivre la suggestion présentée sur ce plan.
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