Question de M. de ROHAN Josselin (Morbihan - RPR) publiée le 20/07/1989

M. Josselin de Rohan tient à manifester à M. le ministre de la culture, de la communication, des grands travaux et du Bicentenaire son étonnement et sa réprobation sur les conditions dans lesquelles deux objets appartenant au musée municipal d'Amboise ont été distraits de leur lieu d'exposition pour être donnés en cadeau par le Gouvernement à un chef d'Etat étranger. Il lui demande comment il a été possible de contrevenir à la volonté du donateur qui avait entendu expressément léguer les objets en sa possession au seul musée d'Amboise, et souhaite savoir quelles garanties peuvent être apportées aux musées municipaux et nationaux que pareils faits ne se renouvelleront pas. Il souhaite en particulier savoir, alors que les pouvoirs publics ont agi en l'occurrence avec une surprenante précipitation, si dans le cas où un transfert d'objet à l'étanger ou dans d'autres lieux d'exposition situés sur le territoire national est envisagé le respect du patrimoine n'implique pas que le ministre demande son accord au conseil d'administration ou à l'instance de gestion du musée propriétaire ou légataire de l'objet d'art.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 14/09/1989

Réponse. - Les faits qui ont ému l'honorable parlementaire doivent être replacés dans un contexte historique qui en explique largement le déroulement. Les pistolets qui viennent d'être prêtés et non pas donnés au musée de l'Ermitage à Leningrad sont ceux qui ont blessé mortellement, au cours d'un duel, le grand poète Pouchkine. Restés longtemps dans la famille de son adversaire, le baron Ernest de Barante, ils ont été acquis dans une vente aux enchères en 1950 par un antiquaire qui les légua à sa mort, en 1970, au musée de la Poste, musée municipal de la ville d'Amboise. En fait la présence de ces objets dans les collections publiques de notre pays était quasiment ignorée en France et guère mieux connue à Amboise même. Il est exact que les autorités soviétiques souhaitaient la remise de ces armes attachées au souvenir d'un écrivain particulièrement admiré en U.R.S.S. Bien évidemment, il était exclu que ces objets soient aliénés car ils appartiennent au domaine public de la commune et ni celle-ci, ni le ministère de la culture n'ont envisagé une telle solution. Il a paru possible de recourir à la formule du prêt qui est par nature temporaire et révisable. Il convient d'ailleurs d'observer que les pistolets de Pouchkine ont déjà été prêtés dans les années passées nonobstant les clauses du legs. La décision a été prise par le maire d'Amboise qui a seul juridiquement compétence et ceci dans les formes d'usage. Elle se situe d'ailleurs dans la tradition des gestes d'amitié entre les peuples, et la presse a récemment rappelé des décisions du même type prises par de précédents gouvernements. Pour ma part, je suis heureux d'y avoir contribué en garantissant à la municipalité d'Amboise le dépôt d'oeuvres destinées à renforcer significativement les collections des musées.

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