Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 22/06/1989

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, sur le rapatriement des Français de Chine. Il souhaiterait connaître le détail des mesures prises et les instructions données par notre ambassade à nos compatriotes. Il paraît intéressant de connaître l'expérience retirée par le Quai d'Orsay à l'occasion de ces événements. Y a-t-il eu concertation entre les différentes délégations occidentales à Pékin sur la politique à suivre ou les décisions ont-elles été prises séparément ? Le départ des Français s'est-il réalisé à leur charge ou notre pays a-t-il participé aux frais de l'évacuation des familles ? Il aimerait avoir des précisions sur les conséquences économiques des rapatriements et sur l'exécution des contrats en cours avec la Chine. Enfin, est-il envisagé prochainement un retour sur place de nos ressortissants

- page 937


Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 28/09/1989

Réponse. - Le premier souci du Gouvernement français face aux événements dramatiques qui se sont déroulés en Chine au début du mois de juin a été d'assurer la sécurité de la communauté française. Dès que la nouvelle des massacres de la nuit du 3 au 4 juin a été connue, le ministère des affaires étrangères qui suivait heure par heure le développement de la situation, a mis en place une cellule de crise et a déployé tous ses efforts pour organiser dans les délais les plus brefs un vol spécial pour le rapatriement de tous nos compatriotes qui le souhaitaient. Dans le même temps, notre ambassade qui avait déjà entrepris de rassembler dans le quartier diplomatique et dans certains grands hôtels les Français les plus exposés, en particulier les étudiants résidants dans les universités, a pris toutes les mesures pour l'acheminement de nos ressortissants vers l'aéroport. Le vol spécial d'Air France affrété par le ministère a quitté Pékin le 8 juin avec 215 passagers à bord. Le reste des ressortissants français souhaitant regagner la France a pu le faire par les vols réguliers d'Air France des 10 et 12 juin. L'évacuation de nos compatriotes qui s'est déroulée dans les meilleures conditions n'a pu être assurée que par la mobilisation totale des effectifs de notre ambassade. La mise en place d'un vol spécial, permettant de gagner 36 heures sur le vol régulier, ne signifiait pas la gratuité du transport. Les passagers de ce vol s'étaient engagés, dès leur retour en France, à régulariser leur situation auprès de notre compagnie nationale. Il va de soi cependant que les billets des Français démunis ont été pris en charge par le ministère des affaires étrangères. De même, un crédit a été mis en place auprès de notre ambassade pour venir en aide aux étudiants démunis qui avaient été, dans des conditions très difficiles, évacués du quartier des universités. Si les représentations diplomatiques occidentales à Pékin se sont, comme il est normal, principalement consacrées à assurer la sécurité et l'évacuation de leurs ressortissants, elles ont été en contact permanent. Cette concertation a permis un échange d'informations qui s'est révélé fort utile dans la situation de confusion qui régnait alors à Pékin. Un certain nombre de démarches communes ont également été effectuées auprès des autorités chinoises. Dans le domaine économique, le choix principal relève bien évidemment des entreprises elles-mêmes qui apprécient l'opportunité de maintenir les projets en cours et de poursuivre leur coopération avec la Chine. Si nombre de sociétés ont d'ores et déjà renvoyé leur personnel en Chine, elles observent cependant une attitude prudente, compte tenu de la crise financière que risque de connaître ce pays du fait de la raréfaction des sources de financement. Pour ce qui la concerne, l'administration française a suspendu l'examen des nouveaux dossiers d'assurance-crédit et l'octroi de nouveaux prêts in tergouvernementaux à la Chine. Comme vous le savez la France, a pour principe d'honorer sa signature ; le gel de nos relations avec la Chine annoncé par le Premier ministre le 6 juin dernier ne remet donc pas en cause l'exécution des contrats et accords signés précédemment avec la Chine qui seront honorés.

- page 1579

Page mise à jour le