Question de M. RENAR Ivan (Nord - C) publiée le 27/04/1989
M. Ivan Renar attire l'attention de M. le ministre de la recherche et de la technologie sur la décision prise de publier les " Annales de l'Institut Pasteur " en anglais. En effet, la décision prise de transformer les " Annales de l'institut Pasteur " en " Research in Microbiology " traduit un renforcement de la prééminence de l'anglais comme langue scientifique, donc de la domination américaine sur tout ce qui accompagne la production scientifique, et est néfaste pour le développement scientifique national tout entier et la coopération internationale. L'évolution actuelle des sciences et techniques, de la recherche, l'éveil de nombreux peuples, au plan mondial, à la production scientifique appellent à une nouvelle coopération qui, loin d'imposer comme exigence universelle l'usage d'une seule langue, nécessite un développement national dynamique de tous les pays du monde et le développement de chaque langue nationale en une culture scientifique capable d'exprimertous les concepts modernes. A cet égard, la promotion du français comme langue scientifique, loin d'être dépassée, constitue une exigence d'avant-garde pour notre pays comme pour le reste du monde. Elle est en outre inséparable d'une culture scientifique vivante pour l'ensemble des Français. En conséquence, il lui demande quelles mesures il compte prendre afin de revenir sur cette décision et développer la cause du français comme langue scientifique.
- page 660
Réponse du ministère : Recherche publiée le 20/07/1989
Réponse. - L'Institut Pasteur est une fondation de caractère privé. Le ministre de la recherche et de la technologie n'a donc aucun pouvoir hiérarchique sur ses autorités, même si l'Etat contribue de manière importante au financement des recherches qui sont effectuées au sein de cet institut. Les Annales de l'Institut Pasteur constituent un journal scientifique d'audience relativement restreinte. Cette revue a moins de 500 abonnés, soit un petit nombre de spécialistes plus nombreux au Japon qu'au Canada et dans les pays francophones. Les Annales ont été fondées en 1987. En 1985, elles ont été scindées en trois séries distinctes (annales de microbiologie, annales de virologie, annales d'immulogie) tout en demeurant publiées au sein d'une même collection, qui avait repris le titre global d'Annales de l'Institut Pasteur. La même année, à l'occasion de la cession de la licence d'exploitation aux éditions Elsevier, le titre Annales de l'Institut Pasteur a été rétabli
dans les trois séries, lesquelles se sont distinguées par des sous-titres différents : microbiologie, virologie, immunologie. En 1987, les sous-titres, imprimés en caractères plus gras, deviennent prépondérants. Le titre Annales de l'Institut Pasteur passe au rang de sous-titre et, la référence à l'institut perd quelque peu de sa force. Les titres de spécialités paraissent dès lors en anglais. Dès 1987, 90 p. 100 des articles étaient déjà rédigés en anglais et 16 p. 100 seulement des auteurs francophones proposaient leurs résultats en français. Ce taux est tombé à 13 p. 100 en 1988. Ces quelques chiffres montrent combien est difficile la gestion des revues scientifiques qui publient en français des résultats primaires de recherche, c'est-à-dire tels qu'ils sortent des laboratoires. La décision prise récemment par la direction de l'Institut Pasteur était cependant pour le moins maladroite. En accord avec le ministre délégué auprès du ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, chargé de la francophonie, le ministre de la recherche et de la technologie a souhaité que l'Institut Pasteur la corrige et prenne les mesures suivantes : insertion d'un sommaire bilingue pour chacun des articles de la revue ; distribution régulière d'une note en français aux auteurs ; acceptation des articles en français ; enfin, retour de l'effigie de Pasteur sur la couverture. Ces modifications ont été acceptées. Par ailleurs, le directeur de l'Institut Pasteur a informé le ministre de la recherche et de la technologie de la décision de l'institut de créer une nouvelle revue entièrement en français qui fera la synthèse des trois revues spécialisées mentionnées, et présenterait un rapport sur les colloques et débats dont l'institut assure l'organisation. Ce périodique permettra également la diffusion des travaux des chercheurs travaillant dans les différents instituts Pasteur, implantés à l'étranger, notamment dans les différents pays francophones. Pour sa part, le ministre de la recherche et de la technologie tient à souligner que la défense de la langue française reste un devoir qui s'inscrit dans le long terme, et auquel il s'attache personnellement. Il a subventionné une revue de synthèse en français Médecine-Sciences qui, depuis son lancement en 1985, a connu un succès certain. Si les autorités québécoises ont participé pour 30 p. 100 à cette opération, les 70 p. 100 restants, soit 7 millions de francs, ont été supportés par la France. En accord, avec le ministre délégué auprès du ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, chargé de la francophonie, il compte lancer une semblable revue de synthèse en 1989, dans un autre discipline scientifique, afin de poursuivre la politique d'aide à la rédaction d'articles et d'ouvrages scientifiques français. D'une façon générale, le ministre de la recherche et de la technologie soutient activement les publications en langue française. C'est ainsi que quarante-sept ouvrages ont été retenus, en 1988, par un comité présidé par l'un des secrétaires perpétuels de l'Académie des sciences, afin de promouvoir la rédaction et l'édition d'ouvrages de haut niveau. Il subventionne aussi la réalisation d'un dictionnaire de l'industrie, d'un dictionnaire de l'océanologie, ainsi que des travaux de sociétés industrielles lorsqu'elles publient des dictionnaires particuliers, pour exemple de génie atomique et de génie civil. Il s'intéresse également aux études de lexicographie et la banque de vocabulaire technique qu'il a réalisée comprend 30 000 mots techniques alors que le dictionnaire de l'Académie française, édité avant 1939, comprenait 31 000 mots au total pour l'ensemble de la langue. L'oeuvre poursuivie est considérable, à la fois pour la lexicographie et pour l'implantation du vocabulaire français dans les technologies où existe une forte propension à utiliser des termes anglais, peut-être parce qu'ils sont apparus les premiers dans ce type d'usage. En conclusion, l'honorable parlementaire peut être assuré que le Gouvernement se préoccupe de la défense de la langue française, y compris dans le domaine scientifique et technique. ; revue de synthèse en 1989, dans un autre discipline scientifique, afin de poursuivre la politique d'aide à la rédaction d'articles et d'ouvrages scientifiques français. D'une façon générale, le ministre de la recherche et de la technologie soutient activement les publications en langue française. C'est ainsi que quarante-sept ouvrages ont été retenus, en 1988, par un comité présidé par l'un des secrétaires perpétuels de l'Académie des sciences, afin de promouvoir la rédaction et l'édition d'ouvrages de haut niveau. Il subventionne aussi la réalisation d'un dictionnaire de l'industrie, d'un dictionnaire de l'océanologie, ainsi que des travaux de sociétés industrielles lorsqu'elles publient des dictionnaires particuliers, pour exemple de génie atomique et de génie civil. Il s'intéresse également aux études de lexicographie et la banque de vocabulaire technique qu'il a réalisée comprend 30 000 mots techniques alors que le dictionnaire de l'Académie française, édité avant 1939, comprenait 31 000 mots au total pour l'ensemble de la langue. L'oeuvre poursuivie est considérable, à la fois pour la lexicographie et pour l'implantation du vocabulaire français dans les technologies où existe une forte propension à utiliser des termes anglais, peut-être parce qu'ils sont apparus les premiers dans ce type d'usage. En conclusion, l'honorable parlementaire peut être assuré que le Gouvernement se préoccupe de la défense de la langue française, y compris dans le domaine scientifique et technique.
- page 1112
Page mise à jour le