Question de M. BALARELLO José (Alpes-Maritimes - U.R.E.I.) publiée le 13/04/1989
M. José Balarello demande à M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, les intentions du Gouvernement à l'égard de la Syrie et de son action au Liban. En effet, non seulement le Liban est occupé en grande partie par l'armée syrienne, mais actuellement la communauté chrétienne de ce pays, attachée à la France par une multitude de liens affectifs, culturels, économiques, linguistiques, etc., est en train de se faire massacrer par l'artillerie syrienne sous les yeux du monde libre, qui distribue les bonnes paroles et les protestations qui, à l'évidence, n'ont que peu d'effet sur l'attitude syrienne. Ne convient-il pas que tous les pays de la C.E.E., à l'initiative de la France, démontrant ainsi qu'ils commencent à avoir une politique extérieure commune, saisissent ensemble l'O.N.U., rappellent leurs ambassadeurs à Damas et, à défaut de pouvoir effectuer une action de force, aident les chrétiens du Liban à résister à cette agression par tous moyens, y compris en exerçant des représailles économiques sur la Syrie. La présence d'un Liban indépendant où toutes les religions cohabitent pacifiquement étant indispensable à la paix au Proche-Orient. La grande puissance qu'est la France se doit de défendre ses amis traditionnels sans hésitation et sans nuances. Ce faisant, que font concrètement le Gouvernement français et les autres gouvernements de la C.E.E. pour obtenir le retrait des forces syriennes qui occupent le Liban.
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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 01/06/1989
Réponse. - Comme le souligne l'honorable parlementaire, l'attitude des Etats européens face aux événements tragiques que connaît actuellement le Liban ne doit pas se limiter aux seules déclarations d'intention. La France, seule parmi les puissances, a traduit en actes l'intérêt particulier qu'elle porte à ce pays et a invité ses partenaires européens à agir dans le même sens. Depuis le début des bombardements aveugles dont a été victime la population de Beyrouth, la France a été la première à réagir. Face à l'escalade de la violence, la France a fait savoir à toutes les parties, Libanais et Syriens, qu'elle désapprouvait le recours à la force et elle leur a exprimé sa profonde inquiétude concernant l'existence même du pays. Le Gouvernement s'est adressé, sur place, au général Aoun et au docteur Hoss. Il les a invités à faire preuve de modération et à renouer le fil du dialogue afin de parvenir à un règlement politique. Il s'est aussi adressé à plusieurs reprises à la Syrie. A Paris, auprès de M. Charaa, ministre syrien des affaires étrangères, M. Roland Dumas a insisté sur la nécessité du retrait du Liban de toutes les forces non libanaises parmi lesquelles, naturellement, les forces syriennes ; il a clairement indiqué qu'une solution ne pourrait être trouvée à la crise libanaise que si les Libanais étaient laissés libres de déterminer eux-mêmes leur destin, à l'abri de toute pression extérieure. Les autorités françaises ont ensuite effectué des démarches pressantes auprès des autorités de Damas pour les exhorter à relâcher la pression militaire sur Beyrouth et à faire cesser les bombardements. Dans le même temps, la France a appelé les puissances à agir. Elle a invité les Etats-Unis et l'Union soviétique à user de leur influence sur la Syrie pour obtenir un cessez-le-feu. Elle est intervenue auprès du secrétaire général des Nations-Unies. Elle a également soutenu les efforts de conciliation déployés par le comité ad hoc de la Ligue arabe constitué le 12 janvier dernier pour trouver une solution à la crise libanaise. Pourtant, sur le terrain, la situation ne cessait d'empirer : pertes en vies humaines, arrêt de l'électricité, pénurie de carburant. Le Gouvernement a décidé de dépêcher une aide humanitaire qui a été mise en oeuvre sur place au Liban par le docteur Kouchner, secrétaire d'Etat à l'action humanitaire, avec le succès que l'on sait. La France ainsi manifestait sa solidarité envers les Libanais de toutes communautés. Ce faisant, elle prenait des risques. Mais elle a permis que de grands blessés, chrétiens et musulmans, soient sauvés et que l'alimentation en électricité soit reprise. Elle a aussi permis d'entretenir l'espoir d'une solidarité renouvelée entre Libanais. Dès le début, l'action française a eu valeur d'entraînement, en Europe et au-delà : les Douze, par leur déclaration du 20 mars, avaient affirmé leur " appui à l'unité nationale, à l'intégrité, à la pleine souveraineté et à l'indépendance du Liban, hors de la présence de toute force non libanaise ". Ils ont solennellement réitéré le 31 mars leur appel à un règlement pacifique et viennent d'adresser à la Ligue arabe un urgent message de soutien aux efforts de conciliation déployés par la Ligue. Entre-temps, la troïka européenne des directeurs politiques s'était rendue à Damas pour presser les autorités syriennes de trouver une issue pacifique à la crise. Aujourd'hui, les Douze étudient les moyens de poursuivre notre aide humanitaire, la Ligue arabe accélère ses travaux, l'opinion et les gouvernements de nombreux pays prennent mieux la mesure de la réalité du drame libanais. La France entend dès lors maintenir la communauté internationale en éveil. A son initiative, le conseil de sécurité a décidé de confier au secrétaire général des Nations-Unies une mission de paix qui, venant à l'appui des efforts de la Ligue arabe, a pour objectif le retour au calme et la réconciliation nationale sans laquelle il ne saurait y avoir de solution à la crise libanaise. La France souhaite que ces efforts contribuent à mettre un terme aux souffrances des Libanais et leur assurent la paix et la sécurité auxquelles ils aspirent. ; du drame libanais. La France entend dès lors maintenir la communauté internationale en éveil. A son initiative, le conseil de sécurité a décidé de confier au secrétaire général des Nations-Unies une mission de paix qui, venant à l'appui des efforts de la Ligue arabe, a pour objectif le retour au calme et la réconciliation nationale sans laquelle il ne saurait y avoir de solution à la crise libanaise. La France souhaite que ces efforts contribuent à mettre un terme aux souffrances des Libanais et leur assurent la paix et la sécurité auxquelles ils aspirent.
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