Question de M. MAURICE-BOKANOWSKI Michel (Hauts-de-Seine - RPR) publiée le 09/06/1988
M. Michel Maurice-Bokanowski expose à M. le ministre de la culture et de la communication la sérieuse préoccupation des musiciens professionnels qui jouent du basson. Il existe deux sortes d'instruments de ce genre : le français fabriqué et enseigné en France dans nos conservatoires de musique et l'allemand, dit " Fagott ", de facture différente, étrangère et non enseigné dans nos écoles de musique. Or, de plus en plus d'orchestres pourvoient aux postes de basson en recrutant des joueurs de basson allemand qui ont la préférence de chefs étrangers. C'est le cas aux opéras de Nice, de Lyon et, éventuellement, à celui de l'opéra de la Bastille. Si ces précédents devaient se renouveler, les bassonistes français se trouveraient mis dans l'incapacité d'exercer leur talent alors qu'ils sont nombreux à détenir des prix internationaux. Ce serait également compromettre notre industrie de la lutherie dans une fabrication spécifique l'année même de la célébration du patrimoine. Il demande quelles mesures le ministre envisage de prendre pour remédier à la situation qui se présente.
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Réponse du ministère : Culture publiée le 29/09/1988
Réponse. - Si la question de l'emploi du basson français ou du fagott dans les formations symphoniques a connu un regain d'actualité à propos du futur orchestre de l'Opéra de la Bastille, les problèmes qu'elle soulève ne sont cependant pas nouveaux. Il convient de dépassionner un débat complexe en essayant d'analyser, le plus objectivement possible, les différents éléments qui y sont impliqués, au regard notamment des évolutions de ces dernières années. Plus qu'une question d'instrument, il s'agit d'une question d'école. Les deux écoles ont chacune des lettres de noblesse et des références esthétiques indéniables. Et à ce titre tout le monde s'accorde à penser qu'il est indispensable de préserver la qualité de l'école française. Ce point fondamental étant posé, les problèmes précis qui touchent aussi bien la pratique et la facture que l'enseignement des instruments doivent être abordés avec réalisme. Une réunion qui rassemblait chefs d'orchestre, musiciens, directeurs de conservatoire et facteurs d'instruments a permis à la direction de la musique et de la danse, au printemps dernier, de faire un premier tour d'horizon des questions soulevées. En ce qui concerne l'enseignement, il apparaît que les deux directeurs des conservatoires nationaux supérieurs de musique souhaitent désormais offrir aux élèves la possibilité de pratiquer l'un ou l'autre des deux systèmes : basson ou fagott. En ce qui concerne la facture instrumentale, les luthiers français se sont souciés d'ores et déjà, par divers moyens, de répondre à une demande qui porte sur les deux types d'instrument. Il est en effet difficile de ne pas tenir compte de l'évolution de la lutherie internationale et indispensable d'assurer une insertion homogène de ces instruments dans la famille des bois. Enfin, quant au problème aigu du recrutement des instrumentistes dans les orchestres symphoniques, une règle simple doit prévaloir : la qualité de l'instrumentiste est leseul critère admissible. Le choix d'un instrument est secondaire. C'est dire qu'il n'est pas possible de refuser l'accès aux concours à des bassonistes, même si ultérieurement le chef d'orchestre leur demande d'étudier la pratique du système Hoeckel.
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