Question de M. DUROMEA André (Seine-Maritime - C) publiée le 28/04/1988
M. André Duroméa interroge M. le ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la privatisation, chargé du commerce extérieur, au sujet des causes du déficit désastreux du mois de février (5,2 milliards de francs) venant s'ajouter à celui de 1987 (31,4 milliards de francs). Il rappelle que ce chiffre est d'autant plus alarmant qu'il ne résulte en rien d'un accident et bénéficie même d'avantages, baisse du prix du pétrole et du dollar, mais est le fait d'une politique menée depuis de nombreuses années et accentuée depuis 1986. Il souligne que selon l'I.N.S.E.E. " l'état de la France se dégrade, la croissance de la part de marché externe se ralentit, tandis que la pénétration du marché intérieur s'accélère ". En bref, ces dernières années, la France a acquis une structure de commerce extérieur très comparable à celle d'un pays du tiers monde. Ainsi le solde industriel révélateur de notre capacité à produire, est pour le seul mois de février en déficit de 6,5 milliards de francs ce qui veut dire que pour produire nous sommes obligés d'importer les machines nécessaires. Il lui expose aussi que plus son gouvernement et ceux qui l'ont précédé réduisaient le pouvoir d'achat des salariés et plus le déficit se creusait. Par contre, il rappelle que plusieurs raisons expliquent ce déclin industriel : la part du P.I.B. (produit industriel brut) consacrée à la recherche-développement est plus faible qu'ailleurs ; la faiblesse de l'investissement productif qui s'explique en grande partie par des transferts de capitaux à l'étranger et par des investissements spéculatifs qui, s'ils ne contribuent en rien à la richesse de la France, permettent à quelques uns de voir grossir leur compte en banque ; les O.P.A. qui livrent nos industries aux mains de financiers étrangers qui s'empressent de les pressurer (reprise de la trésorerie, de l'immobilier, des brevets...) puis de les fermer. A cet égard le dessein de la firme italienne " Martini et Rossi " sur l'entreprise fécampoise Bénédictine inquiète grandement la population locale et régionale ; la spécialisation dans le bas de gamme, l'assemblage et l'importation de produits qui pouraient être fabriqués sur place. Ainsi, à Renault-Sandouville, alors que l'usine ne travaille qu'à 60 p. 100 de ses capacités et que près de 400 postes sont en passe d'être supprimés, les ouvriers ont arrêté deux camions transportant des carrosseries de R 21 réimportées de Belgique. Par ces quelques éléments il démontre que ce déficit n'est pas un accident mais un moyen pour certains de privilégier leurs fortunes personnelles au détriment de l'enrichissement de la France et de tous les Français. Aussi il lui demande quelles réponses il compte apporter pour qu'enfin la France prenne le chemin d'une reconquête de son marché national par un développement de la formation débouchant sur les emplois qualifiés bien rémunérés et par un recentrage des capitaux sur le développement intérieur.
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La question est caduque
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