Question de M. MASSERET Jean-Pierre (Moselle - SOC) publiée le 25/06/1987

M. Jean-Pierre Masseret appelle l'attention de M. le Premier ministre sur l'accueil et les craintes que suscite le plan proposé par M. Tchuruk en particulier s'agissant des orientations concernant les sites de Saint-Avold, Carling, Marienau et Dieuze en Moselle. Il lui rappelle, à cet égard, les questions écrites n° 5304 du 26 mars 1986, n° 5305 du 26 mars 1986, n° 3500 du 20 novembre 1986, n° 3579 du 27 novembre 1986 qui ont été adressées à M. le ministre de l'industrie et qui, à ce jour, sont demeurées sans réponse. En conséquence, le problème du devenir de la chimie en Moselle a été posé à maintes reprises. Aujourd'hui, le plan Tchuruk prévoit des mesures sévères, la disparition pure et simple de certaines activités, et cela pourrait se traduire par plus de 1 000 suppressions d'emplois. Ce bilan sera lourd de conséquences pour le département de la Moselle, déjà durement touché. Il est vrai que certaines nécessités imposées par des impératifs mondiaux peuvent conduire C.D.F. Chimie à renoncer à l'exploitation de certains sites mais cela ne saurait être fait sans que des mesures de reclassement des personnels concernés par ces licenciements ne soient prises. C'est pourquoi M. le Premier ministre voudra bien entendre ces inquiétudes et user de son autorité afin que, dans le cas de suppressions d'emplois sur les sites concernés, des mesures suffisantes et efficaces soient prises. Il attire par ailleurs son attention sur le devenir des entreprises sous-traitantes et demande à ce que le problème de la chimie en Moselle soit examiné dans son intégralité.

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Réponse du ministère : Industrie publiée le 17/09/1987

Réponse. -Avant d'aborder les problèmes actuels de la chimie lorraine et les conséquences du plan de redressement de C.D.F.-Chimie présenté par M. Tchuruk et approuvé par le Gouvernement, il apparaît avant toute chose indispensable de rappeler le passé récent de cette entreprise. Ces dernières années, le groupe C.D.F.-Chimie a connu des exercices très lourdement déficitaires (pertes cumulées de 3,5 milliards de francs sur les deux derniers exercices) qui compromettaient son avenir et nécessitaient des décisions urgentes des pouvoirs publics. Dans cet esprit, un certain nombre d'initiatives ont été prises au cours des derniers mois. En novembre dernier, un dirigeant de très haut niveau, bénéficiant d'une large expérience de la chimie, tant en France qu'à l'étranger, M. Tchuruk, a été nommé à la tête de l'entreprise. Dans un souci de clarification, l'Etat est devenu actionnaire direct de C.D.F.-Chimie ; il ne l'était jusque-là qu'au travers de Charbonnages de France, alors même que les deux sociétés se caractérisaient par une absence quasi totale de synergie. Après un large examen des forces et faiblesses de l'entreprise, M. Tchuruk a présenté aux pouvoirs publics les grands axes de son plan de redressement. Celui-ci écarte toute solution de démantèlement et vise au recentrage du groupe sur ses points forts et à leur redéploiement. Les pouvoirs publics ont approuvé ces orientations qui permettront à l'entreprise de développer ses atouts et revaloriser ses actifs. En conséquence, ils ont décidé de consentir un effort exceptionnel en faveur de cette entreprise, en lui apportant les moyens nécessaires à la réalisation de ce plan. Ainsi, après les 970 millions de francs qui ont permis la libération du capital de l'entreprise en février 1987, 3,1 milliards de francs seront à nouveau apportés par l'actionnaire d'ici à la fin de l'année et au cours des premiers mois de 1988. Cet engagement clair de l'Etat va de pair avec l'engagement des dirigeants du groupe de conduire de façon désormais autonome son redressement et de parvenir à des résultats équilibrés dès la fin de 1988. Pour la première fois, l'entreprise C.D.F.-Chimie est en mesure de préparer son avenir, puisque ses dirigeants ont obtenu les moyens qu'ils jugeaient indispensables. Pour la première fois, l'Etat a joué pleinement vis-à-vis de ce groupe le rôle d'un actionnaire déterminé et responsable. La mise en oeuvre de ce plan de redressement exige maintenant un effort vigoureux de C.D.F.-Chimie pour que ce groupe s'adapte aux évolutions et aux exigences de la concurrence internationale ; elle relève des dirigeants de l'entreprise, qui devront en préciser les modalités en y associant tous les partenaires intéressés. C'est dans cet esprit que M. Tchuruk a d'ores et déjà annoncé diverses dispositions avant d'autres à intervenir dans les prochains mois. En ce qui concerne les sites lorrains, M. Tchuruk a confirmé que chaque site ferait, si ce n'était déjà fait, l'objet d'une analyse très complète avant que ne soient arrêtées des décisions. Pour ce qui est de Dieuze, il est vrai que cette unité souffre d'une faiblesse relative de compétitivité en polystyrène et en chimie minérale. Il est vraisemblable également que C.D.F.-Chimie ne pourra maintenir, à terme de trois ans, ses actuels trois sites producteurs de polystyrène que sont Dieuze et Carling, en Lorraine, et Ribécourt dans l'Oise. M. Tchuruk a déjà engagé les consultations avec les partenaires sociaux et les responsables élus locaux et il a précisé qu'une décision serait prise avant la fin de l'année. Dans le cas où un accroissement de capacités serait programmé en faveur soit de Carling, soit de Ribécourt, le président de C.D.F.-Chimie a pris l'engagement, compte tenu du poids important de cette activité dans l'équilibre du canton de Dieuze, d'aider à l'implantation d'activités de remplacement. Concernant l'avenir de la plate-forme de Carling, il peut être confirmé que, malgré un vapocraquage ancien et enclavé, car non relié aux grands réseaux pétrochimiques européens, et des retards importants dans sa modernisation, ce site devrait se voir affecter une place prépondérante dans le dispositif industriel de production de spécialités de plus grande valeur ajoutée. Cette orientation stratégique, globalement très favorable à ce site, s'accompagnera très probablement néanmoins de l'arrêt de productions ou d'outils non compétitifs et d'une nécessaire amélioration de la productivité. En revanche, elle conduira au renforcement important de la recherche sur Carling en même temps qu'à la réalisation de très lourds investissements. ; cas où un accroissement de capacités serait programmé en faveur soit de Carling, soit de Ribécourt, le président de C.D.F.-Chimie a pris l'engagement, compte tenu du poids important de cette activité dans l'équilibre du canton de Dieuze, d'aider à l'implantation d'activités de remplacement. Concernant l'avenir de la plate-forme de Carling, il peut être confirmé que, malgré un vapocraquage ancien et enclavé, car non relié aux grands réseaux pétrochimiques européens, et des retards importants dans sa modernisation, ce site devrait se voir affecter une place prépondérante dans le dispositif industriel de production de spécialités de plus grande valeur ajoutée. Cette orientation stratégique, globalement très favorable à ce site, s'accompagnera très probablement néanmoins de l'arrêt de productions ou d'outils non compétitifs et d'une nécessaire amélioration de la productivité. En revanche, elle conduira au renforcement important de la recherche sur Carling en même temps qu'à la réalisation de très lourds investissements.

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