Question de M. LONGEQUEUE Louis (Haute-Vienne - SOC) publiée le 27/11/1986

M. Louis Longequeue demande à M. le ministre des affaires étrangères de bien vouloir faire le point sur la situation présente de la langue française à l'Organisation des Nations Unies. Des informations convergentes font état de la dégradation de l'emploi de notre langue dans cette organisation internationale : qualité médiocre des traductions en français des textes anglais, absence de traduction française de textes soumis en commission, faiblesse des effectifs des traducteurs du français en anglais, etc. Ne peut-on craindre que la langue française, qui est, avec l'anglais, l'une des deux langues de travail du secrétariat de l'O.N.U., ne risque d'être victime des restrictions budgétaires que va entraîner la crise financière de l'organisation.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 19/02/1987

Réponse. -Le Gouvernement partage les préoccupations exprimées par l'honorable parlementaire en ce qui concerne l'importance qui s'attache à la place du français dans le monde et plus particulièrement dans les organisations internationales. Cette question fait l'objet d'une vigilance constante de la part de nos représentants auprès des instances internationales. C'est grâce à une véritable mobilisation de tous les responsables, à tous les niveaux, que la langue française a pu obtenir et conserver un statut privilégié, malgré l'émergence d'autres langues véhiculaires et malgré la modicité de nos moyens financiers sur le terrain. Une telle position ne pourrait du reste se concevoir comme un effort isolé de la France : seule se révèle efficace une action groupée et concertée avec nos partenaires qui utilisent également le français comme langue de communication (sur 149 Etats qui ont pris la parole à l'assemblée générale de 1946, 26 sont intervenus en français). Les résultats obtenus par les groupes d'ambassadeurs francophones créés à New York et à Genève, agissant en groupes de pression, se sont révélés probants à cet égard. C'est ainsi que leurs démarches communes menées à plusieurs reprises auprès du secrétariat général ont abouti à la diffusion par M. Perez de Cuellar, au mois de septembre 1985, d'une circulaire par laquelle les fonctionnaires du secrétariat, dont la langue principale est le français, sont encouragés à travailler dans leur langue et à l'utiliser pour toutes leurs communications officielles. Un danger nouveau est apparu récemment, qui donne une nouvelle dimension à l'action permanente de nos représentants. La crise financière des Nations Unies, qui contraint le secrétariat à effectuer des économies draconiennes dans tous les secteurs, risquait en effet d'inciter celui-ci à tenter d'économiser également sur les dépenses d'interprétation et de traduction. Aussi a-t-il été nécessaire de veiller àce que ce secteur ne soit pas affecté par des réductions de crédits, et de rappeler avec une ferme insistance qu'aucune mesure d'économie ne doit avoir pour conséquence, même indirecte, de mettre en cause le statut de la langue française, langue officielle et l'une des deux langues de travail des Nations Unies. Parallèlement à cette action, des mesures d'accompagnement sont mises en oeuvre par le Gouvernement : en effet, s'il ne peut être question pour la France de financer des dépenses linguistiques relevant du budget de l'Organisation des Nations Unies (traduction, interprétation), par contre un effort particulier est apporté en ce qui concerne le soutien aux opérations favorisant le développement du français aux Nations Unies, en particulier par l'aide à l'enseignement (scolarisation des enfants francophones, école internationale, mise à disposition de conseillers pour des cours aux fonctionnaires de l'organisation, aide à la formation de traducteurs, etc.) ou l'animation d'associations de fonctionnaires francophones, très attachés à veiller au respect de leurs droits en matière linguistique. D'une manière générale, nos représentants mettent en oeuvre une politique de présence française active à tous les niveaux, qu'il s'agisse de participer, au niveau diplomatique ou des experts, aux principaux organes intergouvernementaux, ou de favoriser le recrutement de fonctionnaires français. Par ailleurs, il convient de signaler la concertation qui s'est établie lors de la conférence de Versailles des chefs d'Etat et de Gouvernement de pays ayant en commun l'usage du français, qui a réuni 41 pays du 17 au 19 février 1986 et qui a notamment abordé la question de l'utilisation du français dans les organisations internationales. La conférence a entériné plusieurs propositions qui se résument comme suit : rappel des instructions données à nos représentants dans les organisations internationales, meilleure information réciproque sur les postes à pourvoir ou dont la vacance est proche, accord pour ne pas faire d'économies sur les crédits de traduction ou d'interprétation, accueil des délégations francophones qui ne disposent pas d'une représentation permanente, actions de promotion de la langue française auprès des fonctionnaires des Nations Unies, stages de valorisation des connaissances en français des scientifiques et fonctionnaires internationaux non francophones, fonds international pour l'aide à la traduction et l'interprétation dans les congrés et réunions internationales organisés par des organisations non gouvernementales (O.N.G.), nouvelles interventions auprès du secrétaire général de l'O.N.U. pour que les règles en usage à l'O.N.U. soient constamment appliquées dans les institutions du système des Nations Unies et pour l'application effective de l'égalité statutaire des deux langues dans le recrutement de fonctionnaires internationaux. Enfin, la tenue d'un colloque international sur la place du français dans les organisations internationales, décidée au cours de la conférence de Versailles, s'effectuera à Paris au cours du premier semestre de cette année. ; 17 au 19 février 1986 et qui a notamment abordé la question de l'utilisation du français dans les organisations internationales. La conférence a entériné plusieurs propositions qui se résument comme suit : rappel des instructions données à nos représentants dans les organisations internationales, meilleure information réciproque sur les postes à pourvoir ou dont la vacance est proche, accord pour ne pas faire d'économies sur les crédits de traduction ou d'interprétation, accueil des délégations francophones qui ne disposent pas d'une représentation permanente, actions de promotion de la langue française auprès des fonctionnaires des Nations Unies, stages de valorisation des connaissances en français des scientifiques et fonctionnaires internationaux non francophones, fonds international pour l'aide à la traduction et l'interprétation dans les congrés et réunions internationales organisés par des organisations non gouvernementales (O.N.G.), nouvelles interventions auprès du secrétaire général de l'O.N.U. pour que les règles en usage à l'O.N.U. soient constamment appliquées dans les institutions du système des Nations Unies et pour l'application effective de l'égalité statutaire des deux langues dans le recrutement de fonctionnaires internationaux. Enfin, la tenue d'un colloque international sur la place du français dans les organisations internationales, décidée au cours de la conférence de Versailles, s'effectuera à Paris au cours du premier semestre de cette année.

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Erratum : JO du 09/04/1987 p.553

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