Question de M. COURRIÈRE Raymond (Aude - SOC) publiée le 20/11/1986
M. Raymond Courrière attire l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l'équipement, du logement, de l'aménagement du territoire et des transports, chargé de l'environnement, sur les conséquences du nuage radioactif de Tchernobyl. En effet, certaines espèces animales, des oiseaux migrateurs en particulier (bécasses, canards, grives) peuvent être consommés par des chasseurs. Il lui demande si une étude a été réalisée sur ce problème et quelles garanties on peut donner aux chasseurs pour consommer ces oiseaux.
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Réponse du ministère : Environnement publiée le 19/02/1987
Réponse. -Il convient de rappeler que deux éléments radioactifs sont suceptibles d'être trouvés dans les tissus des animaux s'étant alimentés dans des zones touchées par les retombées radioactives consécutives à l'accident de Tchernobyl : l'iode 131, dont la période est de huit jours et dont la disparition est donc rapide, et le cesium 134 et surtout 137 dont la période est de trente ans. Le ministre délégué, chargé de l'environnement a demandé à l'office national de la chasse de mettre en place un dispositif de contrôle par sondage de la radioactivité des gibiers migrateurs. Le pricipe de ce dispositif est le suivant : d'une part, des techniciens, servant trois appareils à détection rapide sensibles à une radioactivité de 1000 becquerels par kilo de matière animale, procèdent, depuis septembre, à des sondages sur les tableaux de chasse. Un échantillon des oiseaux ainsi examinés est transmis aux laboratoires spécialisés pour analyse plus fine ; d'autre part, les fédérations de plusieurs départements procèdent à des collectes de gibiers qui sont directement analysés en laboratoire. A ce jour les résultats sont les suivants : concernant les anatidés et les pigeons ramiers, aucune radioactivité n'a pu être relevée au détecteur rapide. Les analyses de laboratoire n'ont fait apparaître que quelques très rares cas de présence de cesium 137, avec des taux de radioactivité variant de moins de 100 à moins de 300 becquerels par kilo, à l'exception d'une grive, pour laquelle 700 becquerels par kilo ont été mesurés. Les bécasses, dont le régime alimentaire est à base de vers susceptibles d'avoir accumulé le cesium trouvé sur le sol ont, et il fallait s'y attendre, présenté un taux de radioactivité significatif. Près de 60 p. 100 d'entre elles présentent en octobre un taux de radioactivité détectable en analyse fine. Depuis lors, ce pourcentage est en baisse. Le maximum observé est de 4900 becquerels par kilo, la presque totalité des cas se situant en dessous de 1000 becquerels. Ces résultats doivent être rapprochés des considérations suivantes : la norme C.E.E. pur la mise en marché des denrées alimentaires, excessivement sévère, est de 600 becquerels par kilo ; de surcroît, les normes sanitaires d'Euratom définissent une limite d'incorporation annuelle (L.A.I.), correspondant à la quantité maximum d'un radioélément pouvant être ingérée sans risque pendant une année. Pour le cesium cette dose est de 300 000 becquerels. Une bécasse représente au maximum 250 grammes de viande. Il apparaît donc, dans l'état des connaissances en la matière, que si une contamination consécutive à l'accident de Tchernobyl est décelable sur la faune sauvage migratrice, elle est faible et les risques découlant de la consommation sont négligeables. Tout au plus peut-on conseiller par prudence aux bécassiers de modérer la consommation de leur gibier, Des analyses sur gibier sédentaire ont été également faites en Alsace, région la plus susceptible d'avoir été contaminée directement. Les résultats (iode 31 : 0 ; cesium 137 : 0 à 170 ; cesium 134 : 0 à 70) ne donnent lieu à aucune inquiétude.
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