Question de M. CHARASSE Michel (Puy-de-Dôme - SOC) publiée le 07/08/1986
M.Michel Charasse appelle l'attention de M. le ministre de l'industrie, des P. et T. et du tourisme sur le projet mis en oeuvre par l'administration des télécommunications de supprimer, d'ici à la fin de 1987, plusieurs milliers de cabines publiques de téléphone installées dans les zones urbaines et rurales. Il lui fait observer que si rien n'interdit de réviser la carte d'implantation de ces cabines, et d'en tirer les conséquences quant au coût de leur maintenance au regard du trafic dont elles font l'objet, nul ne peut ignorer que ces cabines, même lorsque leur rentabilité peut être discutée, jouent un rôle essentiel en matière de sécurité publique prise dans son sens le plus large. Ainsi, certaines cabines considérées comme peu rentables installées en bordure d'une voie à grande circulation sont utilisées pour prévenir en cas d'accident grave, et pas seulement dans les secteurs classés " point noir " qui sont ceux où le nombre d'accidents graves est le plus élevé. Ainsi, dans certains quartiers urbains ou dans certaines zones rurales qui sont, la nuit, totalement désertés par la population, les cabines téléphoniques peuvent être utilisées en cas d'urgence, de maladie, d'accident, de vol ou d'agression, et pas seulement par les personnes qui n'ont pas le téléphone à leur domicile. Il lui précise, à cet égard, que la psychose de l'insécurité conduit aujourd'hui les particuliers à ne plus répondre aux appels au secours la nuit, à ne pas ouvrir leur porte la nuit à des inconnus, lorsqu'ils ne leur suggèrent pas, parfois avec un fusil à l'appui, notamment dans les zones rurales les moins peuplées, de passer leur chemin sans prendre la peine d'écouter les motifs de leur appel au secours. Dès lors, s'il n'existe pas, à distance raisonnable, une cabine téléphonique susceptible d'être utilisée en cas d'urgence, la sécurité des citoyens se trouvera réduite du fait de la politique engagée par l'administration des télécommunications, qui suscite de ce fait les plus vives protestations de la part des élus locaux. Certes, l'administration a indiqué que des postes d'appel publics seraient installés chez les commerçants. C'est certainement une bonne chose, mais on peut se demander ce qui va se passer la nuit, et si les commerçants seront tenus d'ouvrir leur boutique pour permettre à un particulier en détresse de téléphoner, en supposant d'ailleurs que le commerçant habite dans sa boutique, ce qui est de plus en plus rare. Dans ces conditions, il lui demande quelles mesures il compte prendre pour que l'administration des télécommunications procède, en matière de suppression des cabines téléphoniques, d'une manière conforme à l'intérêt public et qui ne soit pas directement contraire aux nécessités de la sécurité des citoyens . - Question transmise à M. le ministre délégué auprès du ministre de l'industrie, des P. et T. et du tourisme, chargé des P. et T.
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Transmise au ministère : Postes et télécommunications
Réponse du ministère : Postes et télécommunications publiée le 23/10/1986
Réponse. -En dix ans, le parc français des cabines téléphoniques a décuplé ; certes un rattrapage était nécessaire, mais désormais, s'agissant des cabines implantées sur la voie publique, le parc français est de 120 000, soit davantage que dans les pays voisins pourtant légèrement plus peuplés (République fédérale d'Allemagne 110 000, Royaume-Uni 75 000, Italie 60 000). Dans le même temps, le taux d'équipement des ménages en téléphone a dépassé 90 p. 100. L'équipement du pays en cabines téléphoniques sur la voie publique apparaît donc comme convenable, et le service des télécommunications a désormais le souci d'installer les publiphones aux endroits où la demande de trafic est la plus importante. Le lancement récent du " point-phone ", poste mis à la disposition du public par le titulaire d'un abonnement téléphonique, permet d'ailleurs de laisser une large place à l'initiative privée dans ce souci de sans cesse mieux satisfaire la demande téléphonique des Français hors de leur domicile ou de leur lieu de travail. Il n'en reste pas moins que, comme le souligne l'honorable parlementaire, les problèmes de sécurité ont déjà conduit à l'installation le long des autoroutes, des routes ou des rues de lignes téléphoniques permettant d'appeler les services chargés de l'ordre public. Mais à l'évidence la programmation de tels équipements ne relève pas du département chargé des postes et télécommunications.
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