Question de M. RUFIN Michel (Meuse - RPR) publiée le 10/07/1986
M. Michel Rufin attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur l'importance de l'enseignement des langues vivantes à l'école primaire. Cet apprentissage peut être en effet bénéfique, tant du point de vue de la maturation des enfants que du développement de leurs capacités intellectuelles, de leur raisonnement et de leur pouvoir d'abstraction. La compréhension de plusieurs langues vivantes est, dans le contexte actuel, un atout certain pour l'éducation et l'avenir d'un enfant. Il semblerait donc souhaitable de favoriser en ce domaine l'enseignement au niveau du primaire en proposant notamment des formules d'initiation à l'étude des langues vivantes. C'est la raison pour laquelle il aimerait être renseigné sur l'état actuel des expériences en la matière et sur les initiatives qui sont susceptibles d'être prises par le Gouvernement.
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Réponse du ministère : Éducation publiée le 28/08/1986
Réponse. -La plupart des expériences d'enseignement précoce des langues vivantes dans l'enseignement élémentaire et pré-élémentaire a débuté entre 1973 et 1977, le nombre d'écoles concernées allant croissant au cours de ces années. Les résultats de la dernière enquête, effectuée en 1980 montrent cependant un ralentissement dans la mise en place d'expériences nouvelles, bien que la majorité des directeurs d'école intéressés aient entendu poursuivre cette action en mettant toutefois l'accent sur les classes de C.M. 1 et C.M. 2, l'une des conditions principales de l'utilité et de l'efficacité d'un tel enseignement étant en effet d'assurer aux élèves le suivi avec les collèges et les lycées. Mis à part l'enseignement de l'allemand en Alsace-Lorraine qui constitue un cas très particulier étant donné le contexte général et la situation géographique des usagers, on ne peut ignorer les difficultés auxquelles se heurterait une large extension ou une généralisation de cesexpériences. Il s'agit notamment de problèmes touchant au choix de la langue, aux horaires d'enseignement et à la formation des maîtres. On peut également se demander, s'il est souhaitable de généraliser ou d'étendre largement un tel enseignement : d'une part, les évaluations partielles effectuées n'ont pas prouvé de manière irréfutable que les enfants ayant bénéficié à l'école élémentaire d'un enseignement en langue étrangère, aient été finalement meilleurs élèves dans le cours ultérieur de leurs études (lycées ou collèges) que ceux qui avaient commencé en classe de sixième ; d'autre part, on a observé généralement qu'une différence sensible s'installait à cette occasion entre les enfants en fonction du niveau socio-culturel des familles (ceux qui appartiennent à des milieux favorisés obtenant de meilleurs résultats). On note également qu'après une première période favorable, les enfants qui éprouvent des difficultés dans l'ensemble des activités scolaires neprogressent plus que malaisément dans cet apprentissage précoce et l'on peut s'interroger sur l'utilité d'ajouter une difficulté supplémentaire à celles qu'ils rencontrent en parcourant normalement le cursus scolaire. S'il est certain que cet enseignement précoce des langues vivantes est bénéfique sous certaines conditions, il subsiste cependant de tels problèmes que le ministère de l'éducation nationale se préoccupe actuellement de préciser à nouveau les conditions d'organisation et les méthodes pédagogiques adaptées, propres à donner à cette enseignement, là où il existe, le fonctionnement le plus favorable.
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