Question de M. OLIVIER Henri (Orne - U.R.E.I.) publiée le 05/06/1986
M. Henri Olivier rappelle à M. le ministre de l'agriculture que le marché de la viande de cheval est, il ne l'ignore pas, dans le plus total marasme. Il ne s'étonnera pas qu'un habitant du Perche, un Percheron, l'entretienne de ce problème et l'alerte tout à la fois sur la situation financière catastrophique des éleveurs de chevaux et sur l'avenir de la production chevaline en France, qui, si aucune mesure n'est prise, verra disparaître une production qui a porté dans le monde entier le renom des chevaux français. Un responsable agricole ou un parlementaire n'ont pas le droit de regretter la chute des cours s'ils ne tentent rien qui soit de nature à pallier cette situation. En vertu d'accords commerciaux passés depuis de nombreuses années, 80 p. 100 de la viande de cheval consommée en France provient d'importations à partir des pays de l'Est, Pologne principalement, donc extérieurs à la Communauté. Ces importations ont de surcroît introduit en France la trichinose et contribué à la chute de la consommation de cette viande. Le moindre prix de la viande importée peut sembler intéressant (de 50 p. 100 inférieur aux prix français). Il s'avère qu'en dernière analyse, et par le discrédit lui aussi importé, l'opération coûte très cher à l'économie française. La région de Basse-Normandie, où l'on élève tout à la fois le pur-sang, le demi-sang, le cob et le percheron, a mis sur pied diverses mesures propres à faciliter et encourager le travail des éleveurs : 1° service de l'échographie ; 2° primes à la conservation des pouliches. Il serait éminemment souhaitable que l'Etat prenne toutes les dispositions de nature à : 1° encourager la production nationale et la consommation de viande de cheval dont la valeur diététique est évidente ; 2° aider toute une catégorie d'éleveurs encore spécialisés dans ce genre de production, mais dont l'effectif s'amenuise dangereusement ; 3° conserver le patrimoine génétique chevalin françaisavant qu'il n'ait complètement et irrémédiablement disparu. Il lui demande ce qu'il envisage de faire à ce sujet
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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 17/07/1986
Réponse. -Contrairement aux autres espèces animales élevées pour la boucherie, pour le cheval, la consommation de viande s'est instaurée à partir des animaux de réforme provenant d'un cheptel de trait très important. La viande de ces animaux âgés se caractérise par une couleur rouge prononcée, un état d'engraissement très faible allié à une tendreté appréciée. Cette image de la viande chevaline conditionne les achats de la plupart des consommateurs. Malgré une baisse continue de la consommation (111 000 tonnes en 1964, 64 000 tonnes en 1985), la rapide décapitalisation de notre cheptel de trait, non compensée par une légère croissance des effectifs de chevaux de selle, a entraîné une progression de nos importations, notre taux annuel d'auto-approvisionnement passant pour les deux dernières decennies de 66 p. 100 en 1964 à 20 p. 100 pour les années 1984-1985. Ces importations ont permis le maintien en activité de nombreux points de vente qui sont nécessaires à l'écoulement de notre propre production, en assurant la conservation des habitudes alimentaires des consommateurs pour un produit qui ne concerne qu'une partie de la population. Le commerce international du cheval de boucherie et de la viande de cheval est soumis au respect d'un accord international du G.A.T.T. (General Agreement ou Tarifs and Trade) qui prévoit la liberté des échanges entre les Etats signataires dont font partie les principaux pays exportateurs de viande et d'animaux vivants, ce qui exclut toute mesure de limitation des importations. Pour faire face à ce déficit et préserver le patrimoine génétique unique au monde représenté par nos neufs races lourdes reconnues, qui, à de rares exceptions près, n'ont pour seul débouché que la boucherie, les pouvoirs publics ont mis en place depuis 1979 un plan de relance de la production chevaline, venant conforter les aides classiques dispensées par le service des haras. Ce plan est mis en oeuvre par le canalde conventions régionales conclues entre l'O.F.I.V.A.L. (Office national interprofessionnel des viandes, de l'élevage et de l'aviculture) et des maîtres d'oeuvre régionaux. Il rencontre un accueil très favorable, en particulier dans les zones de montagne où cet élevage peut procurer un complément de revenus appréciable pour les exploitants agricoles. Entre 1978 et 1985, l'effectif de juments saillies contrôlées par le service des haras est passé de 36 698 poulinières à 39 587, soit une croissance de 7,9 p. 100 pour la France entière, alors que, pour les circonscriptions situées en zone de montagne et défavorisées, la croissance des effectifs des juments saillies a été de 30,4 p. 100. Pour répondre aux difficultés rencontrées par les éleveurs pour la commercialisation des poulains gras provenant des races lourdes, des accords interprofessionnels sont passés dans le cadre de l'A.N.I.V.C. (Association nationale interprofessionnelle de la viande chevaline). Au niveau de l'orientation des actions de développement bénéficiant des aides de l'Etat, les services du ministère de l'agriculture encouragent les maîtres d'oeuvre régionaux à définir les programmes en étroite concertation entre tous les partenaires de la filière, de manière à favoriser les mesures qui se traduiront par la mise en marché d'animaux dont la carcasse et la qualité de la viande répondront à la demande des consommateurs. Ce plan de relance sera poursuivi. Pour l'exercice 1986-1987, les négociations des conventions régionales se dérouleront dans les deux prochains mois, dès que l'ensemble des programmes sera déposé auprès de l'O.F.I.V.A.L. ; l'O.F.I.V.A.L.
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