Le mercredi 16 février, la commission des affaires économiques a entendu Philippe Varin, ancien président de France Industrie et auteur d’un récent rapport relatif à la sécurisation de l’approvisionnement de la France en matières premières minérales.
Cette audition marque le début d’un cycle de travail relatif à la souveraineté économique, qui aboutira à la publication d’un rapport d’information d’ici le mois de juin prochain.
Selon la Présidente de la commission Sophie Primas, "La souveraineté économique est omniprésente dans le débat public, a fortiori depuis la pandémie de Covid‑19, mais notre commission a souhaité aller plus loin que les simples slogans et proposer des pistes concrètes pour rendre notre économie plus résiliente, plus complète et moins dépendante. Il n’est pas acceptable de découvrir de profondes vulnérabilités lors d’une crise, comme cela a été le cas en 2020 : adoptons une approche volontariste et réalisons ce travail d’anticipation".
Ces travaux, co‑rapportés par Amel Gacquerre et Franck Montaugé, embrasseront l’ensemble des grands secteurs économiques français –tels que l’agriculture ou l’industrie–, mais aussi des enjeux transverses de souveraineté tels que l’énergie ou le numérique. Pour sa première audition sur le sujet, la commission s’est tout d’abord penchée sur la dépendance des industries françaises et européennes aux matières premières minérales importées.
Rappelant que l’augmentation de la population mondiale et des niveaux de vie, mais surtout la transition énergétique, conduiront à une hausse massive des besoins en minerais rares et en métaux, Philippe Varin a souligné le retard de la France dans la constitution d’une stratégie de sécurisation de ses approvisionnements critiques. La montée des tensions géopolitiques et la concentration des ressources naturelles entraînent "ce qui s’apparente déjà à une guerre des métaux.[…] Or, force est de constater que l’Europe n’est pas aujourd’hui présente dans cette bataille" , a‑t‑il rappelé.
Les commissaires ont souligné la nécessité d’une impulsion forte de l’État en matière de politique minière, dans la lignée des apports du Sénat au sein de la loi "Climat et résilience" : l’inscription d’un objectif de souveraineté minière et la réforme du code minier ayant ouvert la porte à une relance de l’exploitation des ressources minières françaises et européennes.
Ont également été saluées les propositions du rapport de Philippe Varin défendant la constitution en France de plateformes industrielles, écosystèmes locaux de production et de recherche, construisant des chaînes de valeur nouvelles en matière de batteries et d’aimants. "Il nous reste aujourd’hui des compétences en France, car nous avions, par exemple, des usines de terres rares qui avaient été fermées", a rappelé M. Varin.
La commission poursuivra ses auditions par une table ronde dédiée à la souveraineté alimentaire de la France, puis par une série d’auditions menées par les rapporteurs et portant notamment sur les infrastructures de communication et numériques, sur les enjeux du nucléaire et du stockage de l’énergie, ou encore sur la concurrence internationale.
La commission des affaires économiques est présidée par Sophie Primas (Les Républicains – Yvelines). Sophie Primas (Les Républicains – Yvelines), Amel Gacquerre (Union Centriste – Pas‑de‑Calais) et Franck Montaugé (Socialiste, Écologiste et Républicain – Gers) sont rapporteurs des travaux de la commission relatifs à "la souveraineté économique". |
Philippe PÉJO
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