La commission des affaires économiques salue l’abandon du projet de cession des Chantiers de l’Atlantique au groupe italien Fincantieri, annoncé hier au soir par les gouvernements français et italien. Elle se félicite que le Gouvernement ait enfin pris cette décision de bon sens, en faveur de laquelle la commission plaidait depuis près d’un an dans le cadre de ses travaux sur le rachat du constructeur naval.
Cette décision protège le capital industriel des Chantiers de l’Atlantique et les intérêts économiques du pays, face aux craintes portant sur les transferts de savoir-faire clefs détenus par le constructeur, sur l’emploi direct à Saint‑Nazaire, mais aussi sur l’activité de centaines de sous‑traitants régionaux et nationaux. Elle conserve à la France un actif industriel stratégique tant pour sa capacité de projection militaire que pour le développement d’acteurs industriels de premier plan en matière de transition énergétique.
Avec l’abandon du projet s’ouvre maintenant une nouvelle page : celle de la concertation avec les salariés, les élus locaux, les partenaires industriels et toutes les volontés qui pourraient jouer un rôle dans la construction de l’avenir des Chantiers. Une telle concertation animée par l’État a trop souvent fait défaut dans l’histoire récente du groupe et lors des derniers changements d’actionnariat. Depuis octobre dernier et la publication de son rapport, anticipant l’enlisement du projet de cession à Fincantieri, la commission appelle le Gouvernement à travailler sur un "plan B". Elle espère donc que les derniers mois ont été mis à profit pour préparer l’avenir.
Ce dialogue pourra désormais intervenir dans un contexte plus serein, en l’absence de tout couperet ou délai limite. Le capital des Chantiers est aujourd’hui en majorité public, et pourra le rester le temps nécessaire pour permettre à une consultation large, transparente et ouverte de prendre place. Il n’y a pas d’urgence : le carnet de commandes du constructeur reste plein, même au cœur de la crise économique liée à la covid-19.
Les collectivités territoriales seront un partenaire indispensable des Chantiers et du Gouvernement dans la mise en œuvre de tout projet alternatif : en tant qu’incarnation du territoire, d’abord ; comme partenaires, ensuite ; et peut-être même comme actionnaires, dans un esprit de "capitalisme territorial" défendu par la commission.
Le rapport "Le projet de cession des Chantiers de l’Atlantique : Éviter l’erreur stratégique, construire l’avenir" de la commission des affaires économiques, la synthèse et l’infographie sont disponibles en ligne à l’adresse suivante : http://www.senat.fr/notice-rapport/2020/r20-084-notice.html
La commission des affaires économiques est présidée par Mme Sophie Primas (Les Républicains - Yvelines). |
Philippe PÉJO
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