Le résumé
Leader de la construction de grands paquebots, maillon incontournable de la défense nationale, moteur d'une région tournée vers l'économie bleue, les Chantiers de l'Atlantique font partie du patrimoine industriel de la France. Portés par un carnet de commande rempli et une diversification vers les énergies propres, ils pourraient jouer un rôle majeur pour la transition écologique du secteur des transports.
Pourtant, l'État - aujourd'hui actionnaire majoritaire - entend céder cet atout stratégique à son principal concurrent italien, le groupe Fincantieri, aux termes d'un accord signé il y a plus de trois ans et arrivant à échéance le 31 octobre prochain. Si cette vente se concrétise, les Chantiers changeront de propriétaire pour la cinquième fois en moins de quinze ans.
La commission des affaires économiques a étudié durant près de dix mois le projet de cession, nourrissant ses travaux d'une vingtaine d'auditions et d'un déplacement sur le site de Saint Nazaire, à la rencontre des salariés et des acteurs locaux.
Face à des risques avérés de transferts de savoir faire et de production vers Fincantieri et son partenaire, le géant chinois CSSC, et contre la tentation d'une vente au rabais, les « garanties » défendues par le Gouvernement ne semblent pas de nature à assurer l'avenir de cet actif industriel unique et innovant. À l'heure où les Français appellent à la relocalisation et défendent la souveraineté économique, l'État s'apprête t il à commettre une erreur stratégique majeure ?
Plutôt que de prolonger à nouveau un accord de cession déjà dépassé, et alors que la procédure européenne d'autorisation est au point mort, ce rapport appelle à tourner la page pour mieux écrire l'avenir. Il défend une alternative construite autour de trois lignes fortes : la participation majoritaire d'un acteur privé porteur d'un véritable projet industriel, le maintien de la présence de l'État au capital et l'association des collectivités territoriales et de l'écosystème local.