Résolution sur la proposition d'acte communautaire relative à la réforme des Fonds structurels (n° E-1061
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal
de la séance du 1
er
décembre 1998.
RÉSOLUTION
ADOPTÉE
par la commission des Affaires économiques et du Plan (1) en application de l'article 73 bis , alinéa 8, du Règlement,
sur la proposition d'acte communautaire relative à la réforme des Fonds structurels (n° E-1061).
(1) Cette commission est composée de :
MM. Jean
François-Poncet,
président
; Philippe François,
Jean Huchon, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc
Pastor, Pierre Lefebvre,
vice-présidents
; Georges Berchet,
Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis Althapé, Pierre André,
Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot,
Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme
Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Gérard César, Marcel-Pierre
Cleach, Gérard Cornu, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Gérard Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel
Doublet, Xavier Dugoin, Bernard Dussaut
,
Jean-Paul Emin, André
Ferrand, Hilaire Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles
Ginésy, Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot,
Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard
Joly, Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret,
Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber
Malécot, Louis Mercier, Bernard Murat, Paul Natali, Jean Pépin,
Daniel Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski,
Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet,
Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme
Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
Voir les numéros :
Sénat
:
517 rect.
(1997-1998),
88
et
93
(1998-1999).
Union européenne. |
RÉSOLUTION
Le Sénat,
Vu l'article 88-4 de la Constitution,
Vu la proposition d'acte communautaire n° E 1061,
1- Politique communautaire d'aménagement du territoire
Considérant que la prise en compte d'une véritable
politique européenne d'aménagement du territoire portant à
la fois sur la cohésion régionale et sur les infrastructures est
souhaitable ;
Constatant le développement vers l'Est des
solidarités communautaires ;
Considérant que cette
évolution doit s'accompagner de la reconnaissance de nouvelles
périphéricités pour les actuels Etats-membres :
- demande la reconnaissance d'un critère
d'accessibilité pour renforcer l'action en faveur des zones
périphériques et fragiles.
2- Principes et
objectifs de la réforme
Considérant que l'action
structurelle de l'Union est un élément essentiel de sa politique
de cohésion économique et sociale ; que la perspective de
l'élargissement à de nouveaux pays justifie qu'une nouvelle
réflexion soit engagée en la matière ; qu'une
simplification des procédures et un meilleur partage des
responsabilités entre les intervenants permettront une plus grande
efficacité dans l'utilisation des fonds disponibles :
- se déclare favorable au principe d'une
réforme de la politique structurelle de l'Union, soutient la
réduction du nombre de ses objectifs, sous réserve que soit
préservé le financement du développement rural, et
approuve les nouvelles dispositions destinées à rendre moins
complexe sa mise en oeuvre par les Etats membres.
3- Répartition des fonds disponibles
Considérant toutefois qu'il est proposé d'affecter
à la réalisation de l'objectif 1 les deux tiers des
crédits des Fonds structurels, soit une augmentation en valeur d'environ
20 % par rapport à l'actuelle période de programmation ; que,
dans le même temps, la diminution des zonages conduira à
réduire d'environ vingt millions le nombre d'habitants couverts par cet
objectif ; qu'il convient par ailleurs de tenir compte de la capacité
d'absorption de financements extérieurs dans les régions
bénéficiaires, notamment au regard du principe
d'additionnalité ;
Considérant qu'il est essentiel
d'établir une politique durable d'action structurelle dans une Europe
destinée à l'élargissement ; que cette politique doit
être conduite dans le souci de contenir les dépenses
budgétaires ; que les nouveaux adhérents pourraient
légitimement prétendre, dans l'avenir, à un niveau d'aide
équivalent à celui accordé aux actuels membres de l'Union
:
- souhaite qu'un rééquilibrage des
dotations entre l'objectif 1 d'une part, et les objectifs 2 et 3, d'autre part,
soit effectué au profit de ces derniers.
4- Articulation avec le Fonds de cohésion
Considérant en outre que, dans l'hypothèse d'un maintien
du bénéfice du Fonds de cohésion aux pays accédant
à la troisième phase de l'Union économique et
monétaire, cette dotation se cumulera avec les fonds distribués
au titre de l'objectif 1 :
- souhaite que soit d'ores et
déjà clarifiée l'articulation envisagée entre ces
deux types d'aides structurelles ;
- demande que soit
étudiée la possibilité de déterminer un plafond
global d'aide par habitant ou en pourcentage du PIB afin d'éviter, d'une
part, des distorsions de traitement trop importantes entre les Etats membres
qui nuiraient à l'impératif de cohésion, d'autre part, une
impossibilité pratique d'absorption des fonds disponibles.
5- Définition de l'objectif 1
Considérant
qu'il est proposé une stricte application du critère
d'éligibilité à l'objectif 1 ; que, s'il semble naturel
d'y inclure les régions ultrapériphériques en raison du
traitement particulier qui leur est reconnu par le traité d'Amsterdam,
il ne répond à aucune logique d'y assimiler l'ensemble des
régions de l'actuel objectif 6 :
- demande la
suppression de l'assimilation des régions de l'objectif 6 au futur
objectif 1, si elles ne répondent pas au critère de PIB
inférieur à 75 % de la moyenne communautaire ;
- estime que le rééquilibrage des dotations entre
les objectifs 1 et 2 permettrait une prise en compte justifiée de ces
régions au titre de l'objectif 2.
6- Définition de l'objectif 2
Considérant
les conditions dans lesquelles sera appréciée
l'éligibilité à l'objectif 2 et notamment la grande
hétérogénéité des critères
proposés par la Commission, qui résulte du caractère
multiple des missions assignées à cet objectif ;
Considérant que, au sein de l'objectif 2, les plafonds de
populations européennes éligibles par type d'action, tels que
proposés par la Commission, ne sont conformes ni à l'application
du principe de subsidiarité, ni au simple bon sens ;
Considérant que, s'il est pertinent de rechercher une
cohérence de zonage entre l'action communautaire et l'action nationale,
la référence à la politique de concurrence pour
apprécier cette dernière semble artificielle ;
Considérant qu'il importe de garantir une certaine souplesse
dans la définition des zones éligibles, notamment pour une
meilleure prise en compte des positions des collectivités territoriales
:
- affirme que la définition de l'objectif 2 doit
être précédée d'un dialogue
Europe-Etats-régions afin d'éviter toute tentative de
renationalisation de la politique structurelle européenne ;
- demande au Gouvernement d'obtenir la définition de
critères clairs et cohérents ;
- souhaite que pour
l'attribution des aides, l'appréciation des projets se fonde notamment
sur la qualité des productions et des savoir-faire locaux ainsi que sur
l'esprit d'innovation mis en oeuvre pour les développer ;
- souhaite la suppression des plafonds indicatifs de population
éligible proposés par la Commission ;
- demande la
suppression de l'obligation d'alignement entre le zonage communautaire de
l'objectif 2 et celui des aides nationales à caractère
régional de l'article 92-3-c du traité ;
- se
demande si l'instauration d'un filet de sécurité pour l'objectif
2 n'est pas contraire à la volonté de concentrer les aides en vue
d'une meilleure efficacité ;
- demande que jusqu'à
un certain plafond les aides puissent être attribuées avec un
délai d'instruction réduit par une instance de niveau
régional.
7- Définition de l'objectif 3
Considérant que, par l'adoption d'un nouveau titre sur l'emploi
dans le Traité d'Amsterdam, le Conseil a reconnu que celui-ci
constituait désormais un problème d'intérêt commun ;
que le Conseil européen extraordinaire sur l'emploi de Luxembourg a
confirmé cette priorité ;
Considérant le
caractère résiduel de l'objectif 3, tant en termes d'application
géographique qu'en volume financier ;
Considérant
que l'application du principe de subsidiarité devrait laisser aux Etats
membres une plus grande liberté dans l'utilisation de ces fonds
dès lors qu'elle s'inscrit dans le cadre des lignes directrices pour
l'emploi :
- estime qu'une meilleure efficacité
résulterait, en termes d'emplois, de l'autorisation d'utiliser les fonds
disponibles au titre de l'objectif 3 dans les zones classées en objectif
2, afin d'assurer la complémentarité des actions.
8- Dispositif transitoire
Considérant que les
mesures prévues au titre du dispositif transitoire ne sont pas
suffisamment claires, alors même qu'il s'agit d'un élément
essentiel de la réforme envisagée :
- demande au Gouvernement d'obtenir une estimation
chiffrée des fonds disponibles au seul titre du dispositif transitoire
de sortie ;
- souhaite une clarification de la nature des
opérations qui seront envisageables en période transitoire ;
- demande l'uniformisation à six ans des durées des
dispositifs transitoires.
9- Réserve de
performance
Considérant que la Commission a maintenu le principe
de la constitution d'une réserve de performance, correspondant à
10 % des Fonds structurels disponibles, et attribuée à
mi-parcours de la période de programmation en fonction des
résultats obtenus par les programmes mis en oeuvre ; que cette mesure
n'est pas conforme au principe de subsidiarité ; que
l'appréciation, par la Commission, de la performance des programmes ne
semble pas répondre à des critères objectifs ; que cette
disposition pourrait avoir pour effet, contraire à celui
recherché, d'inciter à la dépense par surprogrammation en
début de période ; mais considérant que la Commission doit
mener aussi des évaluations incitatives :
- demande
au Gouvernement d'obtenir une réduction à 5%, contre 10% dans la
proposition de réglement, du montant des fonds attribués dans le
cadre de la " réserve de performance " .
10- Programmes d'initiative communautaires
Considérant l'apport substantiel qu'apportent les programmes
d'initiative communautaires à la politique de cohésion
économique et sociale ;
Considérant
l'intérêt des programmes interrégionaux :
- soutient la proposition de maintien des trois programmes
d'initiative communautaires prévue par le projet de
règlement.
Délibéré, en
Commission des Affaires économiques et du Plan, à Paris, le 1er
décembre 1998.
Le Président,
Signé : Jean
François-Poncet